Kenny ROGERS, le King de la country, idole des foyers américains traditionnels pétris des valeurs de la land of the free home of the brave nous a quitté il y a plus de deux ans, laissant tout un monde orphelin… alors bien entendu, il faut une dernière fois - !! - rassasier les masses de sa belle voix rocailleuse, les laisser s’extasier devant le ton tellement américain de ses chansons, symboliques de la patrie de l’oncle Sam, on se doute qu’il n’y a ici ni "The Gambler" ni "Lucille", mais la n’est pas la question ! Recueillons nous donc devant cet hommage à Kenny, il y a bien évidemment de grand noms qui traînent dans le coin ! Il s’agit de son 39eme album.

Ce posthume débute sous les traits d’un premier single carrément rock, voyez donc cette intro, on se croirait avec LYNYRD SKYNYRD ou même BLACKFOOT avec un Kenny qui ne s’en laisse pas compter... Voila, "Love Is A Drug" est un vrai petit instant de bonheur qu’on n’attendait guère. Très surprenant d’entendre cette icône de la countrypolitan se réaffirmer comme chanteur de southern rock, bah on est de Georgie ou on ne l’est pas, c’est ça les racines ! "I Wish It Would Rain" est le deuxième single de cette livraison posthume. Un titre de soul qui prend une dimension plus pop avec notre artiste country. Pas vraiment addictive mais ce petit lick d’orgue se laisse bien apprécier et le rythme lent mais conséquent remplit bien son office.

Nous avons trois duos avec la gente féminine ! Les vieux requins de la country se retrouvent sur "Tell Me That You Love Me", Dolly PARTON et Kenny sont heureux de partager cet instant et ça s’entend, le deux favoris des ricains n’y révolutionnent pas le monde mais la complicité fait plaisir a voir. Un autre duo cette fois avec l’australienne Jamie MCNEAL, "Straight Into Love" propose un rythme de piano sympa, une vibe countrysante et les grands espaces qui vont avec. Enfin, le slow larmoyant, "Am I Too Late" est le dernier, avec Kim KEYES cette fois, de l’ouvrage très classique pour faire pleurer dans les chaumières américaines.

Nous avons aussi de grands moments mais oui ! L’immense Lionel RICHIE a donné a Kenny ROGERS son plus grand succès avec "Lady" il y a une putain d’éternité. "Goodbye" Si situe dans cette même mouvance, un slow aux couleurs ambient, avec piano langoureux et une atmosphère tellement RICHIEnne que s’en est presque drole. Les notes s’égrènent et on a aucun doute sur le nom du compositeur de cette chanson. Oh mais qu’est ce donc ? "I Will Wait For You" est la version anglais du standard de Michel LEGRAND "Les parapluies de Cherbourg", Kenny s’y débrouille drolement bien, j’en aurai douté mais l’instant est beau et fait honneur au grand chanteur américain. La production est dantesque et le final extraordinaire.

Chanson de circonstance, "Say Hello To Heaven" parle de fin de vie, de regret, de croyance, j’aime l’atmosphère et même si elle est trop ricaine, il faut admettre que parfois cette foi en eux même et en leur seigneur Djizeus est tout à fait étonnante. Alors "At Last" est elle un fond de tiroir ? Glen MILLER ne serait être d’accord, la chanson a 82 ans, un de moins que notre Kenny mais qu’importe, le coté crooner ressort a merveille et le moment est de qualité. Ces deux bonus sont de belle qualité.

Il nous reste "Wonderful Tonight", une composition de Eric CLAPTON, pas franchement le genre de notre artiste à l’accoutumé. Le titre est plein de candeur et d’humanité, un hommage à Patty BOYD qui en aura vu fleurir beaucoup autour d’elle. On oscille entre country et pop sur "Catchin Grassshopers", le banjo donne une sensation de racine mais les orchestrations sont made in Nashville, sans le moindre doute. On tombe un brin dans le piège de la countrypolitan sur "That’s Love To Me" avec ses lap steel guitare d’opérette, ce n’est pas désagréable mais cela manque tout de même de consistance.

Et bien mais nous nous sommes fait avoir ! Il y a beaucoup de moments très chouettes dans cette galette, rien à voir avec les habituels fonds de tiroir du genre. Plusieurs tires sont carrément surprenants, hors de son registre habituel. On est clairement sur une note proche du quatre il ne manque pas grand-chose. L’album n’a pas de filler, et la production est maousse dantesque. A titre d’hommage, on va donc poser le 4, Kenny a bien oeuvré a l’histoire de la musique populaire.