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2021 At My Piano
 

- Style + Membre : The Beach Boys , Wilson Phillips

Brian WILSON - At My Piano (2021)
Par MARCO STIVELL le 20 Juillet 2023          Consultée 1053 fois

Si les BEACH BOYS sont d'éternels adolescents, Brian WILSON seul, lui, a tout d'un grand enfant. Par la taille et même le métabolisme, à une époque, aujourd'hui, c'est plutôt en âge. 80 ans ou presque, lorsque paraît At My Piano en 2021, sept mois avant son anniversaire respectable. Certes, d'autres ex-rockstars parvenues au même point de leur vie, malgré autant sinon plus d'excès, font davantage preuve d'une certaine flamboyance, mais le dernier encore en vie des trois frères les plus célèbres de la pop américaine a son mot à dire et n'est pas en reste. Question de classe, sans doute !

C'est peut-être l'unique album de sa carrière où, à la fois il fait simple et où il ne chante pas, accessoirement aussi son troisième album de reprises en une décennie, initiée en 2010 par un hommage à George GERSHWIN, son influence première, et dont il est resté grand fan (presque autant que de Burt BACHARACH, a-t-il pu dire). Faute d'y penser lui-même, sa maison de disques, Decca, lui aurait soufflé l'idée d'un concept en solitaire pour de vrai, avec des interprétations de titres des BEACH BOYS plus un ou deux des siens en dehors. Chacune des deux parties a fait sa sélection de titres et master Brian en a conservé le meilleur.

La pochette principale est celle où il pose, souriant, à son âge actuel, mais on peut trouver certaines éditions dont une en vinyle avec l'utilisation d'une vieille photo floutée par le soleil, durant les années 60 sans doute, où le génie musicien joue avec application alors que le seul piano visible apparaît à son côté, une idée un peu plus 'dreamy' en somme et qui convient très bien itou. Conçu entre l'Amérique et l'Angleterre, At My Piano est dédié de manière générale à tous les pianistes qui l'entourent et tous ceux qui aiment ce merveilleux instrument, mais aussi, de façon plus précise, à Don Randi, toujours vivant lui aussi. Claviériste en chef de Phil SPECTOR, il a participé à quelques titres emblématiques des BEACH BOYS, notamment "God Only Knows" et "Good Vibrations" qui, comme par hasard, respectivement, ouvrent et ferment l'ensemble ici.

Pour ceux qui espèrent entendre des variations et autres éléments virtuoses de tubes aussi incroyables qu'indémodables, passez votre chemin. Brian WILSON a eu beau jouer du piano depuis sa pré-adolescence et chaque jour de son existence, il tient ici à rester petit garçon, interprétant ses propres bijoux de musique (co-écrits ou non par son cousin Mike Love et les autres) qui ont révolutionné la 'white music' avec fidélité autant que sérénité. On n'en est pas au niveau de l'apprentissage des gammes bien sûr, mais la volonté de faire simple voire scolaire est une qualité comme un défaut, selon le point de vue que l'on a d'un tel disque. Mon mien : plutôt une qualité !

Le balancement feutré de "God Only Knows", avec son jeu de main gauche très fin (car là où il y a peu de notes, il reste quand même l'intention), tout en délicatesse, le double chant à la fin pour restituer les choeurs des BEACH BOYS, ou même le break toujours si inattendu en petits accords piqués, font honneur à l'une des plus belles ballades pop de tous les temps. Si Brian WILSON s'étonne après coup de réentendre sa musique sans les vocaux, le fantôme de Carl, son défunt frère, ne devrait qu'approuver la formule épurée, non sans magie. On trouve la même majesté avec un peu plus de rubato (liberté de tempo) sur "Wouldn't It Be Nice". Du même album-chef d'oeuvre bouleversant de 1966, on retrouve un gracieux "You Still Believe in Me" ainsi qu'un "I Just Wasn't Made for These Times" dont la mélodie retrouve sa sève 'bleue' et galante.

Pet Sounds n'est pas le seul à l'honneur, on a aussi des récitations de Surf's Up, de Friends, des galettes qui ont précédé l'ère psychédélique sans viser les plus grands tubes ("In My Room" plutôt que "Surfer Girl" du même album), et même un medley de Smile. WILSON, esprit tourmenté, même bipolaire depuis toujours, se contente de jouer tranquillement ces chansons parfois perdues en donnant du plaisir, mais en limitant la durée qui avoisine rarement quatre minutes. Dans cette veine acoustique jusqu'à l'os, il montre à quel point il a aimé et aime GERSHWIN, aussi combien même ses tubes 'de la plage', fleurons du pop-rock 60/70's international, sont empreints d'oldies et autres mélodies issues du blues/jazz aussi bien que de la vieille variété britannique. Il n'est pas incongru de se sentir parfois moins sur les rivages grand ouverts de Californie que dans un appartement proche de Hyde Park, dans une maison perdue dans le Surrey ou le New Jersey.

Élans sexy et timides à la fois, en admiration et pâmoison ou alors en dépression devant les femmes ("California Girls", "Don't Worry Baby" avec ses croches 'droites' saupoudrées de syncopes plus 'libres'), retiré dans sa chambre (la valse "In My Room" sonne comme du SCHUBERT, du CHOPIN), pour les souvenirs qu'il donne de tout cela, le génie offre ce qui lui semble évident mais qui ne l'est pas toujours, en face B notamment. Lui seul a pu aller chercher un extrait - pour une minute à peine ! - de l'E.P Mount Vernon and Fairway, conte musical plus ou moins bien accueilli par le reste des BEACH BOYS et publié en 1973. Histoire de rappeler combien le grand enfant, malgré sa noirceur et ses excès connus, garde sa part de lumière. N'a-t-il pas dédié, en 2011 et en second hommage après GERSHWIN, un album entier à DISNEY et à ses chansons-phares ?

Quoiqu'il en soit, si l'on peut trouver à redire, penser qu'un tel album s'écoute une fois par curiosité au moins, il vaut mieux prendre l'effort pour ce qu'il est, cette sorte de bilan-parenthèse, avec une autre manière (plus mûre ou bien innocente au contraire ?) d'exprimer ses humeurs, qu'elles soient d'un autre âge ou toujours bien présentes. Le temps file, jusqu'où Brian WILSON ira-t-il, lui qui a été le premier artiste musical complet (auteur-compositeur, interprète, arrangeur et producteur), lui à qui soixante années de pop blanche doivent déjà tant et mieux qu'à tant d'autres ? Trêve de questions, on se tait, et on écoute le maître parler, même s'il parle comme nous. Et quand "Good Vibrations" ramène le soleil pour de bon, nous donne envie de plonger, nous aussi, dans la vague de bien-être, on savoure, on dit merci, cent mille fois merci !

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Brian Wilson (piano)


1. God Only Knows
2. In My Room
3. Don't Worry Baby
4. California Girls
5. The Warmth Of The Sun
6. Wouldn't It Be Nice
7. You Still Believe In Me
8. I Just Wasn't Made For These Times
9. Sketches Of Smile
10. Surf's Up
11. Friends
12. Till I Die
13. Love And Mercy
14. Mt Vernon Farewell
15. Good Vibrations



             



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