Le monde de la musique découvre SZA, chanteuse rnb de 23 ans native de St-Louis, dès 2012 sur ses EP See.SZA.Run, S et Z dès 2012 avec une sortie par année avant de publier son premier format longue durée sous le titre de Ctrl en 2017. Entre ces deux périodes, la chanteuse collabore avec de nombreux artistes comme Chance THE RAPPER et RIHANNA sur l’album Anti de cette dernière où SZA vole presque la vedette à Riri dans le mythique "Consideration" qu'elle a co-écrit. SZA a donc eu le temps de peaufiner son style pour nous parler de ses expériences et ses insécurités sur cet album fait d’émotions compliquées.

La production minimaliste et les notes de guitare lentes et désolées de "Supermodel" permettent à SZA de nous accueillir sur cet album en mettant en avant sa voix et ses paroles émouvantes. Super relaxant, le featuring avec Kendrick LAMAR sur "Doves In The Wind" mêle la batterie, la basse lourde et le clavier méditatif à un texte ultra direct. Le tube "Drew Barrymore" nous fait entrer dans l’introspection de la fragilité de la chanteuse face à l’idéal féminin sur cette ballade un peu sombre où le piano se pare d’une somptueuse section de cordes sur les refrains.

La batterie douce aux sonorités pop, la basse et les guitares pétillantes de "Prom" donnent une direction musicale inattendue et un petit côté nostalgique. Le moral est bas et le reste sur "The Weekend" où la chanteuse, défaitiste, accepte son statut de side bitch sur une instrumentation discrète mais hypnotisante de cordes. Même genre d’ambiance intimiste sur le beat de "Garden (Say It Like Dat)" ou sur "Wavy (Interlude)".

"Go Gina" mixe rnb à l’influence hiphop de la chanteuse avec de belles harmonies et trouve évidemment son public, tout comme "Broken Clocks", dans laquelle SZA y chante le changement et la persévérance sur des synthés vaporeux. La basse lourde est au rendez-vous sur "Anything", probablement la chanson la plus expérimentale de l’album. "Love Galore" en featuring avec le rappeur Travis SCOTT ne retient pas complètement mon attention même si les deux artistes se complètent bien.

Encore une fois, la franchise de SZA lui permet d’écrire des chansons auxquelles un grand nombre de personnes peuvent s’identifier, comme "Normal Girl", ballade fantastique où la chanteuse fournit l’une de ses performances vocales les plus passionnées sur une guitare décontractée. Le point négatif sera la fin de la piste qui s’arrête abruptement et nous laisse sur notre faim d’une conclusion plus douce.

"Pretty Little Birds", titre qui incorpore des éléments jazzy est émouvant puisqu’il parle de blessures mais nous montre que SZA n’est pas qu’une chanteuse triste et au bord de la dépression (My wings don’t spread like they used to/But I Hanna Fly with you/’Til we hit the heavens). Finalement, SZA nous dit au revoir sur "20 Something" où sa voix brute se pose sur les notes de guitares toutes douces. Même si les perspectives sont plus positives qu’au début du projet, elle y transmet cette sensation de ne pas se sentir accomplie et annonce qu’elle veut aller de l’avant sur un beat épuré.

Sur Ctrl, la chanteuse accepte justement de ne plus avoir le contrôle et met ses émotions à nu avec ses paroles honnêtes pour aborder des thèmes allant de l’amour ou le manque d’affection à la solitude en passant par le sexe. L’instrumentation est faite avec goût, les productions sont innovantes, et les mélodies poussées par la voix pleine d’âme de SZA montrent ici des débuts prometteurs. Ctrl n’est pas un album de rnb à la vibe positive, non, mais c’est un album raffiné teinté de réalisme qui mérite un 3,5.