Qu’il pourrait être difficile de tracer sa propre voie dans la musique lorsqu’on porte un patronyme aussi imposant que celui de VAN HALEN. Pourtant Wolfgang semble vivre parfaitement avec, et après un premier disque réussi et très bien accueilli en 2021 suivi de dates en première partie de METALLICA, il nous revient avec ce Mammoth II qui apporte une éclatante confirmation du talent du jeune homme. Imaginez donc que sur cette œuvre entièrement composée par ses soins, il s’occupe, excusez du peu, de tous les instruments ainsi que de toutes les voix. Et il le fait avec un talent et une apparente décontraction qui forcent le respect, mention spéciale à ses immenses talents de batteur (de quoi rendre fier tonton Alex), de chanteur, et évidemment de guitariste, la filiation avec le style de son père étant ici évidente et parfaitement assumée (le nom "Mammoth" est d'ailleurs celui du premier groupe de ce dernier). Ce sont donc dix titres brillamment composés, arrangés, et interprétés qui nous sont proposés ici, dans un registre Hard-Rock dynamique, mélodique, et finalement très moderne. Et le tout sans renier des influences multiples et hautement recommandables : citons en vrac AEROSMITH, U2, TOOL, NIRVANA, FOO FIGHTERS, MUSE et j’en passe. Mais ce qui ressort finalement le plus de cet album, c’est la formidable énergie positive qui se dégage d’un ensemble emballant et varié, qui ne souffre pas de la moindre faute de goût tant les dosages entre lourdeur et harmonie, entre virtuosité et mélodie et entre tradition et modernité sont parfaitement concoctés.

Au jeu des morceaux les plus marquants, j’aime beaucoup le titre d’intro en forme d'invitation "Right ?" et son refrain canon après une intro très "Panama". Le solo est superbe, parfait hommage au génial Eddie. Mais dans ce registre, le grand moment de l’album est sans conteste "Take A Bow", superbe mid-tempo gorgé d’émotion, et dont le solo (exécuté avec la fameuse guitare "Frankenstein" du paternel) est une pure tuerie, dans un registre Blues agrémenté du fameux tapping signature. Parmi les excellents titres du disque, citons encore le premier single "Another Celebration At The End Of The World", sorte de joyeux foutoir au rythme soutenu d’où ressort un refrain fédérateur et des passages instrumentaux emplis de brio. "Optimist" est une forme de profession de foi, à l’agréable ambiance orientale et aux parties de batterie monstrueuses, alors que "I’m Alright" constitue un autre excellent moment sur lequel plane l’ombre des "Dupont volants" et du grand Joe Perry. Citons encore le titre de fin "Better Than You", qui après quelques écoutes dévoile tous ses trésors, notamment un superbe travail sur les chœurs en seconde partie de morceau. Les autres titres "Like A Pastime", "Miles Above Me", "Erase Me" et "Waiting" n’ont vraiment pas à rougir de la comparaison, et seront peut-être les préférés de certains d’entre vous.

Il souffle décidemment un vent frais sur le Hard-Rock, avec plusieurs très bons albums parus depuis le début de l’année. Mammoth WVH nous apporte la démonstration que le genre peut encore réserver d’excellents moments, à condition que la sincérité de la démarche, incontestable ici, soit bien au rendez-vous. Nous tenons là un musicien phénomène qui n’a probablement pas fini de nous combler, tant il trace sa propre voie avec talent, élégance et humilité, une combinaison généralement gagnante. Et du coup, je suis bien ennuyé pour la note, un bon 3,5 que je vais finalement transformer en 4 pour vous donner envie de vous pencher sur cet opus hautement recommandable.