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1967 Incense And Peppermints

STRAWBERRY ALARM CLOCK - Incense And Peppermints (1967)
Par LE KINGBEE le 25 Septembre 2023          Consultée 554 fois

Pieds nus, pantalons blancs genre gourou, chemises à fleurs agrémentées de paisley et colliers de perles : les membres de The STRAWBERRY ALARM CLOCK s’affichent comme les dignes porte-drapeaux du Summer Of Love.

Originaire de Glendale, bourgade située à un jet de pierre de Los Angeles, Strawberry Alarm Clock (que nous appellerons S.A.C pour plus de commodité *) se forme sur les cendres des Irridescents, un modeste combo de Surf Music ayant gravé un unique 45-tours en 1963. Le groupe change de nom pour Waterfyrd Traene avant de se transformer en Thee Sixpence, avec quatre singles édités par le label californien All-American. Le succès du titre "Incense And Peppermint" placé en face B de "Birdman Of Alkatrash" change la donne, d’autant plus que le producteur Frank Slay se rend compte que d’autres groupes possèdent le même nom. Dans l’urgence, Bill Holmes, manager du groupe et patron d’All-American Records, décide de transformer ses poulains en S.A.C, drôle de nom mais on traverse une décennie des plus fantasques. Holmes parvient à décrocher un contrat avec UNI Records, filiale de la MCA et, dans la foulée, un premier album voit le jour.

Ce premier jet n’est pas sans conséquence pour ce groupe de potes. Si le combo a enregistré une dizaine de titres pour le label d’Holmes, ceux-ci ne sont pas jugés assez bons pour faire un album entier. Holmes incorpore alors George Bunnell, un auteur bassiste réputé pour sa qualité de plume. Ce dernier est bientôt rejoint par son copain Steve Bartek, Gary Lovetro, bassiste d’origine, devenant road manager avant de se retrouver à la porte.

Si le titre "Incense And Peppermint" se classe durant une petite semaine à la 1ère place du Billboard Hot 100 en novembre 67, l’album du même nom bénéficiant de plusieurs apparitions dans des émissions télé parvient à grimper à la 11ème marche des charts. Le groupe apparaît en janvier 68 dans un épisode de la série télé Rowan & Martin's Laugh-In en compagnie des acteurs Lorne Greene et Buddy Hackett, enchaîne avec le jeu télévisé The Dating Game, participe au film Psych-Out de Jack Nicholson avec Bruce Dern jouant son propre rôle aux côtés d’HENDRIX et des SEEDS.

La pochette au décor luxuriant n’est pas anodine. Le visuel de ce premier disque nous renvoie explicitement au Flower Power dans une orientation musicale privilégiant l’expérimentation avec un ancrage vers le Rock Psy et une volonté d’échapper aux schémas et aux codes de la musique populaire américaine du moment, à l’instar de nombreux groupes de l’époque. Derrière la posture et les fringues arborées par les six membres du S.A.C, que certains aujourd’hui trouveront probablement ringardes voir parodiques, se cache en fait un état d’esprit bien dans l’air du temps en cette fin 67.
En ouverture, "The World’s On Fire", titre le plus long dépassant les 8 minutes, on se retrouve confronté à un maelstrom d’instruments / un orgue à la Ray Manzarek (THE DOORS), une basse répétitive et un vibraphone? sans oublier des effets de phasing et de loops? nous plongent au cœur d’un voyage étrange se partageant entre le cosmique et l’orientalisme. A l’image des paroles de son chorus, LE titre se tortille comme une flamme : "And this flame that glows - Is too hot for me to fight".

Quatre compos de la paire Bunnell/Bartek viennent fleurir la galette. Si "Birds In My Tree" s’annonce au départ aussi étrange qu’énergique avec un tambourin persistant, un orgue hypnotique et un jeu de sitar, les chœurs et un texte aussi utopique que niais finissent par plomber un titre sans grand intérêt plus proche du cliché que des diverses doctrines hippies.
Avec une guitare fuzz bien psyché, "Strawberryies Mean Love" aurait pu donner le change si le titre ne se trouvait pas pollué par des paroles indigentes proches de la béatitude. Même les Bisounours n’ont jamais fait aussi 'cruche'.
Avec son intro de flûte, des bongos sonnants oriental, un orgue proche du clavecin et un luth électrique, "Rainy Day Mushroom Pillow" monte incontestablement en gamme. Cette fois, le texte s’annonce plus abstrait avec en toile de fond la célébration des célèbres champignons magiques aux propriétés hallucinogènes moins dangereuses que le LSD. L’un des titres figurant dans la bande son du film de Nicholson. Le groupe catalan Stay reprendra le titre dans une veine similaire.
Avec un tambourin et des claviers lorgnant sur la sonorité d’un Vox, "Paxton's Back Street Carnival" s’avère aujourd’hui bien anecdotique. Un titre qui a le mérite de ne pas durer une plombe (120 secondes) et qui pourrait provenir d’une face des SEEDS.

La formation propose aussi une poignée de titres issus du collectif. "Hummin’Happy" tangue dangereusement entre Rock Psy californien et British Beat avec en point d’orgue le travail de Mark Weitz qui s’adonne tour à tour au clavinet et à l’hammond. Mais on reste interloqué par la qualité d’un texte ambigu visant une thématique liée au sadisme.
"Lose To Live" vaut essentiellement pour son solo trépidant de batterie d’une quarantaine de secondes en milieu de piste, avant que claviers et guitares ne se livrent à un capharnaüm Psyché. Petit interlude instrumental de 80 secondes, "Pass Time With Sac" avec son intro d’harmonica pourrait figurer dans un disque des DOORS, là on échappe au moins à un flot de paroles nébuleuses.
"Unwind With The Clock", un quasi instrumental, vient clore les festivités sous une forme Jazzy évoquant certains passages du Graham Bond Organisation. Quasi instrumental parce que Lee Freeman s’offre huit strophes minuscules destinées à remercier les auditeurs.

Terminons avec "Incence and Peppermints", titre ayant valu en son temps une certaine renommée au S.A.C, composé par John Carter et Tim Gilbert, deux membres des Rainy Daze, modeste groupe de Garage Psyché de Denver ayant enregistré deux singles pour Uni Records. Entre Rock Psy et incantations Garage avec tambourin, guitare fuzz et un orgue lorgnant vers le farfisa, Freeman et ses potes nous délivrent un récit pittoresque sur les vertus des cônes d’encens purificateurs et la menthe poivrée, remède naturel capable d’éradiquer névralgie, maux de tête et, peut-être, de remettre notre monde à l’endroit. Encore une fois, les paroles semblent bien éloignées de notre langage actuel, mais certains se laisseront prendre par l’utopie et la singularité du texte : Good sense, innocence, cripplin' mankind - Dead kings, many things I can't define - Incense and peppermints, meaningless nouns - Turn on, tune in, turn your eyes around. Tout un programme !

Alors que le disque a été réédité à maintes reprises en vinyle et CD, certains exemplaires du pressage original se négocient actuellement aux environs des 130 €, l’inflation galopante serait-elle passée par là ? Toujours est-il que si cette galette fleure bon l’herbe des sixties, les 2/3 du disque paraissent obsolètes plus d’un demi-siècle après sa sortie.

Attention, MCA a édité en 1990 une compilation du même nom en CD avec une pochette identique.


*Aucun lien avec son homonyme français, police parallèle du mouvement gaulliste

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   LE KINGBEE

 
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- Lee Freeman (chant, guitare, harmonica)
- Ed King (guitare, chant)
- Gary Lovetro (basse)
- George Bunnell (basse)
- Randy Soel (batterie, vibraphone, bongos, chœurs)
- Mark Weitz (orgue, piano, chœurs)


1. The World's On Fire
2. Birds In My Tree
3. Lose To Live
4. Strawberries Mean Love
5. Rainy Day Mushroom Pillow
6. Paxton's Back Street Carnival
7. Hummin' Happy
8. Pass Time With Sac
9. Incense And Peppermints
10. Unwind With The Clock



             



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