On connait tous la 'chanson de Titanic'. "My Heart Will Go On", slow orchestral d'envergure composé par James HORNER, écrit par Will Jennings et porté par la voix magistrale de Céline DION. Cette ballade a fait le tour du monde, raflé presque autant de récompenses que le film lui-même, à un niveau exponentiel.

Après la sortie de leur troisième album éponyme en 2022, les trois jeunes femmes de MUNA ont accompagné, en première partie, Kacey MUSGRAVES, LORDE et Taylor SWIFT pour différentes parties de leurs tournées respectives. Là, elles s'envolent pour l'Australie et les studios de la station de radio Triple J pour un enregistrement de l'émission hebdomadaire Like a Version, où il leur est demandé de reprendre une chanson connue en y injectant de leur personnalité propre. Plusieurs artistes se sont déjà prêté(e)s à l'exercice avec réussite comme HAIM ("That Don't Impress Me Much" de Shania TWAIN) pour rester dans un univers proche.

Bien qu'au demeurant éloignées du type de chanson comme "My Heart Will Go On" dans leur look, leur démarche musicale ou non..., les trois Américaines de MUNA ont grandi avec Titanic et adoré ces quelques notes passionnées. Elles mêmes d'ailleurs, tout en sachant élever et durcir le tempo, ont déjà prouvé qu'elles savaient écrire de sacrées belles ballades, ne serait-ce que "Like a Girl" sur le dernier album qu'elles ont publié.

Leur univers étant indé, et bien qu'hésitant entre slow folk et reprise dansante, elles en profitent pour reprendre à leur façon la moelle triste et mélancolique de la chanson. Slow folk donc, avec guitare discrète au début par Katie Gavin sur sons évanescents, et, dès qu'elle commence à chanter (dans une toute autre tonalité que Céline, bien sûr), piano ample joué par Naomi McPherson. Katie et Josette Maskin se suivent au chant d'abord, puis le refrain est repris en groupé, très beau, avec dobro de cette dernière pour souligner.

Ce qui est très fort dans cette version, outre l'aspect élégant et tout en gravité non-plombante, c'est la progression fine amenée par des subtilités dans un temps global court. Par exemple, elles sont deux chanteuses pour la majeure partie, la troisième ne s'ajoutant que timidement sur le glorieux dernier refrain. Jo, au dobro, fait la seule mention du thème original de tin whistle, au début de son solo, avant de partir vers des notes plus andalouses.

C'est entre le simplement joli et le divin ; en tout cas, à écouter. On revient toujours facilement à une telle harmonie, résolument musicale même si on sent comme souvent avec MUNA un autre message derrière. Après tout, elle disent, en riant certes, avoir voulu offrir une version "My Heart Will Go On" spécifiquement lesbienne. On sait le trio très actif, comme moult autres artistes, dans la défense de l'opprimé(e) pour sa différence en général, mais on ne risque pas de se plaindre, en ces heures actuelles libertaires, de voir la musique surpasser le message socio-politique, quel qu'il soit.