Le retour de FIRST AID KIT a quelque chose de surprenant. Un mauvais tour de l'habitude routinière, puisque les soeurs Söderberg, continuant pourtant les concerts, s'étaient rendues discrètes depuis 2018, voire avant : leur album Ruins paru alors était sombre, en rupture de leurs propres dires, et n'avait point entretenu la gloire liée à Lion's Roar (2012) et Stay Gold (2014). Une inversion positive des choses serait souhaitable avec la sortie récente de Palomino, album qui signifie beaucoup pour elles.

C'est en effet celui de leur grand retour en leur terre natale, la Suède. Vivifiées par la période 2020-2021 en termes d'inspiration et avec le désir de la faire oublier, comme tant d'autres, elles enregistrent à Stockholm en compagnie du producteur Daniel Bengtson. Palomino apparaît comme leur album le plus pop, ayant de quoi se montrer étonnant à plus d'un titre, et peut-être pas toujours dans le bon sens, de prime abord. Toutefois, la confiance d'amateur règne, et un album manifestement inspiré par – aux côtés de noms plus 'indés' - Carole KING, FLEETWOOD MAC, Tom PETTY voire Elton JOHN ne peut donner qu'envie d'y revenir !

La vague de synthé graisseuse en intro de "Out of My Head" peut faire un drôle d'effet, si l'on oublie que FIRST AID KIT employait déjà ce type de procédé sur son premier album en 2010, en moins connoté et moins flagrant. Le chant de Klara Söderberg et un riff léger de guitare s'élèvent majestueusement, et le refrain ensuite, nourri de pop bien faite, se révèle plein d'entrain. Les harmonies avec Johanna, les percussions syncopées et le pont fantomatique permettent à ce titre de gagner en profondeur.

La pop-folk sautillante de "Angel", la brise d'air frais que représente "Turning Onto You" toute en douceur de même que la countryisante en diable "Wild Horses II" et la suave "29 Palms Highway" où le synthé revient de plus belle, sont toutes de qualité, nous confirment que plus de douze ans après, la formule des soeurs Söderberg est toujours pleine d'enchantements. Et leurs voix, en solistes en harmonies demeure la raison première !

La spécificité de Palomino arrive sur "Ready to Run", ballade chaloupée des grands espaces, toujours 'dreamy', avec un saxophone venu soutenir les cuivres occasionnels, et pas n'importe lequel, celui de Per Johansson, un des plus éminents spécialistes suédois (on se souvient notamment de ses collaborations avec Sophie ZELMANI). Ce son, quoique toujours 'en tapis' et jamais en solo, apporte une belle couleur sur nombre de titres ici.

Autre nouveauté, l'effort plus soul de "Fallen Snow", avec un ensemble basse-batterie cordes utilisé différemment. Les harmonies vocales planent littéralement et on s'en délecte. Une seule ombre au tableau, mis à part le manque d'envolées instrumentales, guitare, saxo, piano ou autre : le trio de morceaux constitué de "The Last One", "Nobody Knows" ainsi que "A Feeling That Never Came", de moins bonne qualité malgré quelques airs entêtants, peut constituer un ventre mou.

En revanche, la chanson "Palomino" a de quoi figurer parmi les plus belles du genre et l'une des meilleures conclusions d'albums de ces dernières années. Petit regret : qu'elle soit chantée par Klara plutôt que Johanna (plus belle voix des deux et plus belle tout court, avec personnel), mais les deux voix, comme d'habitude, se rejoignent quand il faut, et ce court final gospel, ah ! Les FIRST AID KIT n'ont jamais manqué d'être lumineuses, mais là, bravo. Et cet arpège dès le départ, ce mellotron déformé, ces effets de chorus, tout à la fois si simple et d'une évidence rare ! On en redemande, de cette promenade à cheval (le 'palomino' désigne une des robes du noble animal).