En préambule, il existe un groupe homonyme originaire de Pottstown en Pennsylvanie ayant enregistré un album éponyme pour la firme 7/2 Records.

Ce disque reste aujourd’hui dans les petits papiers des collectionneurs pour deux raisons : la pochette hyper colorée de l’illustrateur Tom Hall, bien caractéristique du registre Rock Psyché et, d’autre part, l’apport du guitariste Randy Holden. Mais, pour être honnête, sans la présence du titre "Mr Pharmacist" dans une compil Nuggets du début eighties, le combo n’aurait probablement jamais connu un si grand regain d’intérêt. On signale au passage qu’il existe un E.P 4 titres très rare édité en 1968 par le label français Vogue, regroupant "Mr Pharmacist", "I’ve Come So Far", "It’s Too Hard" et "I Know".

Au début des sixties, Randy Holden se fait les dents au sein des Iridescents, enchaîne chez Fender IV, groupe qui se transforme en Son Of Adam à l’instigation de leur manager Kim FOLEY. Après avoir enregistré deux singles et décliné une proposition d’intégrer The YARDBIRDS, Holden très porté sur le Rock instrumental et les décibels se fait virer du groupe. Le guitariste ne va pas rester longtemps en cale sèche ; en 1966, il rejoint à San Francisco son homologue Geoff Westen, le bassiste Larry Brown, le batteur Danny Woody et Jeff Nowlen harmoniciste chanteur avec à la clef la naissance de THE OTHER HALF.

Le groupe se taille une solide réputation, écumant toutes les scènes californiennes. Son style navigant entre Rock Psyché, Garage et Acid Blues se révèle rassembleur. Le combo enregistre un premier 45-tours pour le label hollywoodien GNP Crescendo avec "Mr Pharmacist", couplé à "I’ve Come So Far". Malheureusement, placé en face A, "Mr Pharmacist", vantant les vertus de substances illicites, se retrouve censuré et ne bénéficie d’aucun passage radio. Dans la foulée, le quintet signe un contrat avec ACTA, filiale de Dot Records, et enregistre quatre singles entre 1966 et 1968.

Larry Goldberg, longtemps spécialisé dans les cartoons et disques pour enfants, et Hank Levine, un ancien arrangeur chef-d’orchestre et directeur artistique, ont produit sans grand succès les quatre 45-tours. Ils décident de tenter l’aventure avec un premier album. Les deux compères ne se cassent pas la tête : par soucis de rentabilité et de facilité, ils incluent 7 des 8 faces publiées en single.
Si "What Can I Do For You" est réenregistré en deux parties distinctes, seules deux nouvelles chansons apparaissent avec "Introduction", un morceau d’à peine 2 minutes capté en Live lors d’un show radio. Le décor est planté avec ce mélange de Garage et de Blues-Rock à la YARDBIRDS, agrémenté de deux brefs solos d’harmonica. La seconde nouveauté, "Feathered Fish" est une offrande d’Arthur Lee (LOVE) à son ami Randy Holden. Mais il s’agit là d’une habile refourgue, le morceau ayant été préalablement enregistré par les Sons Of Adam pour le label Alamo Records. Cette fois-ci, il s’agit encore d’un titre Live probablement gravé lors d’un concert dans une salle du Sunset. Entre les deux versions, le jeu de guitare d’Holden a pris du poids et de l’épaisseur. On évoquait la facilité avec laquelle les deux producteurs semblent avoir jonglé tout au long de l’album. Il ne faudrait pas oublier que les deux larrons font intervenir Leo De Gar Kulka, ingé-son, producteur et propriétaire du Golden State Recorder, l’un des meilleurs studios d’enregistrement, sur les deux titres précités.

Mécontent du rendu de "Morning Fire" et "Oz Lee Eaves Drops", Kulka fait réenregistrer les deux titres pour des versions gravées en steréo. "Morning Fire" étonne avec son intro de guitare patinée d’un soupçon d’indouisme, mais la structure n’échappe pas à une combinaison Rock Psyché et Garage. Le groupe nous expédie là dans un étrange décor entre KALEIDOSCOPE, autre groupe de la Bay Area, et le Between The Buttons des STONES. Hormis l’absence d’un Vox Continental ou d’un orgue Farfisa, "Oz Lee Eaves Drops" contient tous les ingrédients liés au Garage : timbre puissant et hurleur, guitares saturées et rythmique trépidante. La cadence ne baisse guère sur "Bad Day", un Garage agrémenté d’un soupçon de Psyché dans la lignée de The MUSIC MACHINE ou The Count Five. Avec son intro plus groovy et des baguettes en furie, "I Need You" propose un énergique amalgame des The WHO et des REMAINS. A contrario, "Flight Of The Dragon Lady" avec son intro de basse et de gratte s’oriente vers un étrange assemblage de Rock Jazzy avant de bifurquer vers un Garage Bluesy porté par l’harmonica de Jeff Nowlen, dans un style proche de celui de Keith Relf.

Compo d’Holden, "What Can I Do For You, First Half" prend une tournure plus lancinante entre Blues et Rock Psy et offre un chant toujours aussi habité. Une sorte de longue seconde partie prend la suite avec "What Can I Do For You, The Other Half". Titre le plus long du disque, avoisinant les 7 minutes, on se retrouve ici à un croisement entre l'univers des DOORS, les effluves annonciatrices de BLUE CHEER qu’Holden ne tardera pas à rejoindre, et les passages de gratte dignes d’HENDRIX.
Seul "Wonderful Day" tranche avec le reste de l’album. Ballade désenchantée, à mi-chemin de "Ruby Tuesday" et de "Who’s Been Sleeping Here" des STONES, le titre placé en milieu de face A permet aux auditeurs de souffler un moment.

On apprend plus tard que le disque fut enregistré à San Francisco dans des conditions peu propices à la sérénité, dans un studio à 25 $ l’heure tenant plus d’un placard à balais baptisé par les membres The Dead Room. Le manque d’implication de Goldberg et Levine qui n’ont en réalité jamais cru au succès d’un combo considéré comme un énième Garage Band incite Randy Holden à quitter le navire en mars 68, alors que le disque est tout juste dans les bacs. Une rumeur prétend que le groupe aurait enregistré une seconde galette The Other Half And How To Get It jamais sortie.
Le disque a été réédité en format vinyle et CD, notamment en 1982 par le label français EVA Records, avec cinq titres bonus (les 4 du E.P Vogue et "No Doubt About It" issu du premier single Acta).
Situé à la frontière du Garage et du Rock Psyché, ce disque est rangé en Rock Psyché en grande partie en raison de sa pochette.

Note réelle 2,5.