Recherche avancée       Liste groupes



      
GARAGE - BRITISH BEAT  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1965 I Want Candy

THE STRANGELOVES - I Want Candy (1965)
Par LE KINGBEE le 10 Octobre 2023          Consultée 400 fois

Une sacrée équipe de gais lurons et de magouilleurs que ces STRANGELOVES. La genèse de ce trio prend sa source avec la paire Bob & Jerry constituée de Bob Feldman et Jerry Goldstein. Les deux amis sont de véritables touches à tout : ils composent, produisent, enregistrent sans grand succès et s’essaient même comme sessionmen. En 1962, la doublette se transforme en triplette avec l’arrivée de Richard Gottehrer. Les trois compères décident de monter leur propre boîte de production avec la création de la FGG (les initiales de leurs noms). Pendant deux ans, ils parviennent péniblement à tirer les marrons du feu, produisant et composant une poignée de singles pour les Pygmies, Ron Winters, Tex And The Chex, Alan Burn, Bobby Comstock ou The Angels, un Girl Group qui décroche un succès avec "My Boyfriend’s Back" et la reprise de DONOVAN "The Hurdy-Gurdy Man", l’arbre qui cache la forêt.

Devant ce maigre bilan, les trois comparses décident alors de se remettre en scène suite à un scénario aussi abracadabrant que rocambolesque. Afin de rivaliser avec les nombreux groupes britanniques qui envahissent le marché américain, malgré un système protectionniste bien établi, les trois acolytes ont l’idée de se faire passer pour trois frères australiens. Bob, Jerry et Richard deviennent Giles, Miles et Niles Strange, trois péquenauds éleveurs de moutons. Evidemment, la presse anglaise s’étonna du peu de ressemblance des trois frangins. Ceux-ci avaient dans la poche une réponse toute trouvée, ils avaient la même mère mais trois paternels différents. Bob Feldman grossit l’anecdote en précisant qu’il a été champion d’Australie de boomerang.

Sous le nom de STRANGE LOVES, le trio met en boîte un premier single pour Swan Records, un label de Philadelphie. Le 45-tours est un échec, ne parvenant pas à intégrer le Hot 100. Le trio attire cependant l’attention de BANG Records, un petit indépendant nouvellement créé par Bert Berns et les trois pontes d’Atlantic Ahmet Ertegun, Nesuhi Ertegun et Jerry Wexler. Le groupe se transforme, devenant The STRANGELOVES en hommage au film de Kubrick Docteur Folamour.

A l’image de son logo, un pistolet Derringer surmonté d’une bulle semblable aux bandes dessinées où figure son nom (nommé d’après les initiales de ses quatre fondateurs), le premier single explose les compteurs, atteignant une honorable 11ème place durant l’été 65 avec "I Want Candy". Dans la foulée, le groupe décroche deux accessits avec "Cara-Lin" (39ème en octobre 65) et "Nightime" (30ème au Billboard et 21ème au Cash Box). Dans la foulée, Bert Berns et nos trois complices décident d’éditer le premier album pour l’écurie Bang.

Non content d’avoir placé trois chansons dans le Top 40 US les STRANGELOVES continuent à composer et à produire avec succès pour les autres. C’est ainsi que les McCoys (groupe où figurait Rick DERRINGER) commettent un Number One en octobre 65 avec "Hang On Sloopy". Les STRANGELOVES enregistrent jusqu’en 1968, mais les vannes du succès restent fermées. Jerry Goldstein devient l’heureux instigateur et producteur du groupe War, Richard Gottehrer allait cofonder le label Sire tout en produisant Richard HELL, BLONDIE et Joan ARMATRADING. Bob Feldman reste lui aussi dans le milieu de la musique, producteur pour The BELMONTS, Link WRAY et Greg Brown, guitariste bassiste auprès de Gladys Knight & The Pips, Sandra Feva ou David Benoit. Le décès de Bob Feldman le 23 aout 2023 n’a pas suscité l’engouement de la presse hexagonale à contrario de celle du chanteur italien Toto Cutugno.

Les trois amis ont participé en 2016 au documentaire de Bob Sarles et Brett Berns Bang ! The Bert Berns Story conté par Steven Van Zandt, aux cotés de Keith Richards, Van Morrison, Ben E King, Paul McCartney et Ronald Isley.

La pochette plante un décor des plus pittoresques avec trois pseudo musiciens australiens ornés de pantalons de cuir et de gilets en imitation zèbre. Lors d’une interview postérieure, Bob Feldman (celui du milieu) signale qu’il s’est même vu affublé d’une perruque.
Sur les douze pistes de l’album, neuf sont issues des plumes du trio ; parallèlement, sept titres proviennent des singles édités par Bang. Si les STRANGELOVES ont tissé un impressionnant patchwork de compos reprises par un parterre de musiciens des plus disparates (DION, MARTHA & The VANDELLAS, Chubby Checker, Little Eva, The Sorrows, The Tremeloes), le répertoire de ce disque reste marqué par un éclectisme foisonnant avec en toile de fond Garage et Beat.

En guise d’hors-d’œuvre, "Cara-Lin" lance l’album sur de bons rails entre Power Pop et Garage pour une ode à l’importance physique de la gente féminine. En fait, les STRANGELOVES se foutent carrément des codes et des tendances de l’époque. Si The Sorrows et The Fleshtones de Peter Zaremba reprennent le titre, c’est ironiquement Johnny Young, un hollandais installé en Australie qui en livre la meilleure cueillette, avec une seconde place dans les charts australiens.
Second coup de canon avec "Night Time", un véritable Garage qui met en évidence les bienfaits de la nuit après une nuit de labeur. L’imparrable chorus se révèle toujours aussi efficace : In the night time – It’s the right time - I said the night time - I want to be with you. DR FEELGOOD, J. GEILS BAND et George THOROGOOD en délivrent à leur tour des reprises pleines de verve et de punch. Un morceau qui pourrait figurer dans une compil des meilleurs Garage.
Autres titres issus des singles, "(Roll On) Mississippi" se déguste comme un Rock' n' Roll avec le piano en premier rôle. Un titre à cheval entre Little RICHARD, Moon MULLICAN et Roy Hall. Les trois larrons s’offrent quelques moments de quiétude.
On retrouve les bongos de la pochette sur "It’s About My Baby", une petite pépite de Jungle rythmique, entre Chuck BERRY et Ray Charles, parfumée de crème anglaise. "Rhythm Of Love", une ballade de type Beat capable de faire baisser les accus. Le titre est repris sans succès par The Merseys et Bobby Vee. Le fameux Diddley Beat a décidemment inspiré plus d’un guitariste, l'entraînant "Just The Way You Are" en est le parfait exemple.

Au rayon des pistes n’ayant pas eu les honneurs d’être publiées en singles, "Sendin’ My Love" avec son intro de bongos tient autant de la Soul des Girls Group que de la British Invasion ; le titre se démarque par la présence d’un sax. "No Jive", une autre compo du trio, s’inspire fortement du "Willie And The Hand Jive", grand classique de Johnny Otis.

Les reprises offrent un décor éclectique porté par l’enthousiasme des STRANGELOVES. "New Orleans", un titre sixties de Gary U.S. Bonds, réussit le pari de rendre hommage aussi bien à la Soul Nola qu’à la Soul plus sauvage de Wilson PICKETT, auquel le trio adresse un petit clin-d’œil en intégrant un passage de "Land Of 1000 Dances". Une version particulièrement rythmée et festive, supérieure, selon nous, à celles des Kingsmen, Paul Revere & The Raiders ou de Neil DIAMOND.
Les STRANGELOVES s’attaquent à l’un des titres emblématiques de l’année avec "Satisfaction", hit interplanétaire des STONES, repris près de trente fois rien que pour les trois derniers mois de l’année. Si le choix d’une telle reprise peut aujourd’hui paraître surprenant, les STRANGELOVES sont parmi les premiers à reprendre la chanson désormais archirabâchée, dans une veine proche de l’original.
Dernière cover avec "Hang On Sloopy", une variante de "My Girl Sloopy", une compo de Bert Berns et Wes Farrell enregistrée début 64 sous forme de Doo-Wop par les Vibrations. Si les McCoys surprirent l’industrie du disque en faisant grimper la chanson sur la 1ère marche des charts US en octobre 65, les STRANGELOVES nous en offrent une interprétation moins rude dans laquelle quatre des membres des McCoys sont présents dans un rôle de backing band. Si de nombreux petits combos mettent le titre dans leur besace (The YARDBIRDS, DOWNLINERS SECT sans oublier Rick DERRINGER), chez nous, les Surfs l’adaptent avec "Reviens Sloupy", une version discutable, alors que MARTIN CIRCUS s’en sort haut-la-main avec "Un sourire".

Terminons ce tour d’horizon avec "I Want Candy" qui, non content de donner son nom à l’album, reste le plus gros succès du groupe. Avec son intro de percussions exotiques, le titre s’oriente nettement vers un Garage bon enfant au tempo accrocheur via l’utilisation du Diddley Beat bien reconnaissable. Le titre se voit remis au goût du jour par Bow Wow Wow au début des eighties et en 2000 par Aaron Carter, un ancien enfant-star retrouvé mort dans sa baignoire en 2022, suite à l’absorption d’anxiolytiques. La chanson figure au générique du film du même nom du réalisateur Stephen Surjik avec Tom Burke et Eddie Marsan. Derrière un texte insignifiant, proche d’une coquille vide (I know a girl who's soft and sweet - She's so fine, she can't be beat - I want candy, I want candy – Hey- She's so sweet, she makes my mouth water) les STRANGELOVES s'offrent un bon feu d'artifice.

Unique album du groupe enregistré en mono, I Want Candy demeure une pièce sympathique naviguant entre Garage et British Beat. Derrière ces trois énergumènes, se cache une fine équipe de touche-à-tout. Si le visuel peut prêter à sourire, le répertoire demeure cohérent et personnel. La pochette dorsale d’un E.P. 4 titres publié par Barclay nous montrait comment danser le Monkiss, danse éphémère.

Note réelle 3,5.

A lire aussi en ROCK par LE KINGBEE :


ATLEE
Flying A Head (1970)
Vaut mieux que sa pochette- du bon rock US 70's




STATUS QUO
Quo (1974)
En hommage à Rick Parfitt.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Richard Gottehrer (chant)
- Bob Feldman (chant, guitare)
- Jerry Goldstein (chant, percussions)
- Jack Raczka (guitare)
- Rick Derringer (guitare 12)
- John Shine (basse 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11)
- Greg Roman (basse 12)
- Tom Kobus (batterie 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11)
- Joe Piazza (batterie 12)
- Ken Jones (claviers 12)
- Richie Lauro (saxophone)


1. Cara-lin
2. No Jive
3. Hang On Sloopy
4. New Orleans
5. Sendin' My Love
6. I Want Candy
7. Night-time
8. (roll On) Mississippi
9. Satisfaction
10. Rhythm Of Love
11. It's About My Baby
12. Just The Way You Are



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod