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2023 Que Tout Renaisse
 

- Style : Bob Dylan , Francis Cabrel

BOBIN - Que Tout Renaisse (2023)
Par GEGERS le 6 Octobre 2023          Consultée 604 fois

Il y a de ces artistes qui parviennent, parfois malgré eux, ou sans en être pleinement conscients, à créer une couleur nouvelle, à agrémenter la palette de teintes insoupçonnées. BOBIN est de ceux-là. Le chanteur français n'en est pas à son coup d'essai, mais son sixième album, Que Tout Renaisse, a des allures de redécouverte du monde, tout du moins de notre univers folk francophone. Auteur, compositeur, interprète. Trois mots qui, plutôt froids et mécaniques dans la langue de Molière, ne rendent pas justice au terme singer/songwriter, plus chaleureux et organique dans la bouche de nos camarades anglophones. Mais alors que l'on pensait l'exercice plutôt rare et délaissé en langue française (c'est souvent du côté du Québec, qu'il faut aller chercher des pépites dans le genre), BOBIN démontre, en une dizaine de morceaux (y'en a un peu plus, j'vous le laisse ?) que le folk made in France est bien vivant.

Illustré par un visuel délicieusement vintage, avec cette photo de l'artiste en pleine nature, et les titres des morceaux directement indiqués sur la pochette, Que Tout Renaisse est une leçon de choses acoustiques. Le fond et la forme, résolument folk, sont portés par l'intime, qui est ici une vertu. La guitare est au cœur de la musique proposée par l'artiste. D'ailleurs, leurs motifs mélodiques racontent souvent autant une histoire que les textes, à l'image de celle, aventureuse, qui donne à l'introductif "J'ignorais que j'avais des ailes" une douce saveur de liberté. Combinée à des chœurs dont la progression apporte une texture et une profondeur au morceau, la guitare est muse, reine et l'exécutante précise d'une musique pure et humble. Le texte, écrit à quatre mains avec son frère, donne à BOBIN l'occasion de préciser son univers, toujours humaniste, tour à tour mélancolique, désabusé ou porté par cet espoir fou que l'être humain puisse s'accomplir et trouver la félicité avant de s'éteindre. Entre les mains et les cordes vocales de l'artiste nait la beauté simple d'un folk dont l'éternité réside dans chacune de ces petites notes, mises bout à bout comme pour se réchauffer.

La force mélodique de l'album, qui puise autant chez DYLAN que chez CABREL, qui doit autant à Leonard COHEN qu'à SOUCHON, se traduit par la mise en œuvre de morceaux dont la simplicité de façade cache souvent une puissance et une profondeur exaltantes. Il y a sur "Soleil d'automne" la douceur assassine de ces après-midi d'octobre passées à chercher les cèpes sous la lumière chaude et déclinante d'un soleil qui enfin, accepte la défaite de l'été. La force retenue de "La route est longue", va grandissante à mesure que cette ode à la rédemption et à la deuxième chance avance, et devient plus rythmée, la réalité plus concrète. BOBIN en dit beaucoup et peu à la fois. Les textes ne sont pas foisonnants mais au contraire épurés, ce qui leur confère une richesse savoureuse. L'interprétation, comme une porte ouverte, donne à chacun l'occasion de se projeter et de raccrocher les bouts de vie dépeints par l'artiste à sa propre existence. Ainsi, le minimalisme du morceau de clôture "Le fou du village", un piano délicat en étendard, est inversement proportionnel à pertinence de son propos, ode au bonheur simple et à l'accomplissement de soi, loin des artefacts factices qui inondent nos quotidiens asphyxiés par de vaines quêtes matérialistes. En fait, c'est beau, tout simplement.

Naturellement, certaines mélodies peuvent sembler moins accrocheuses, plus "chanson française", à l'image de "Terminus Campus" dont la progression mélodique peut évoquer MOUSTAKI. "Les quatre gars de Liverpool", souvenirs émus de la découverte des Beatles alors que le chanteur était encore sur les rangs de l'école, tranche également par son côté plus enjoué, plus définitif dans son interprétation, là où "Que tout renaisse" (en duo avec Buridane), où les excellents "Comme on est venu" (à la mélodie plus épaisse, et dont le texte n'est pas loin des thèmes appréciés par DOMINIQUE A) et "La Vallée", qui se font plus expressifs dans le doute. L'intime résonne plus fort lorsqu'il est ainsi mis en écho face à des morceaux plus démonstratifs, et dans les nuances nait la pertinence et la beauté de cet album à la saveur unique.

De VOLO à SPRINGSTEEN, BOBIN balaye large, mais il y a ici une sensibilité toute personnelle. Que Tout Renaisse est un manifeste folk dont les revendications niaisement résumées dans cette chronique incertaine (aimer la Terre, aimer l'autre, aimer son passé et s'en inspirer pour améliorer son présent) se voient très agréablement mises en musique par des sonorités acoustiques omniprésentes sur lesquelles se greffent parfois un piano, une guitare électrique, porteuses d'émotions complémentaires et plus variées. Ce nouvel album de BOBIN est accompli autant de modeste, unique et porté par une fausse nostalgie finalement très contemporaine. Du folk "made in France" transgénérationnel et humblement mondialisable.

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Non disponible


1. J’ignorais Que J’avais Des Ailes
2. Soleil D’automne
3. Que Tout Renaisse (feat. Buridane)
4. La Vallée
5. Les Quatre Gars De Liverpool
6. Léonard Et Marianne (so Long)
7. Comme On Est Venu
8. Guitare Héros
9. Terminus Campus
10. La Route Est Longue
11. Le Fou Du Village



             



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