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- Style : Scorpions
- Membre : Ted Nugent, Ultraphonix

DOKKEN - Heaven Comes Down (2023)
Par GEGERS le 13 Octobre 2023          Consultée 1482 fois

La violence du temps qui passe ne se mesure pas à la l'injustice que l'on ressent face au départ prématuré des êtres aimés, mais elle se mesure à la cruauté de la décrépitude subie par ceux qui tentent bon an, mal an, de tenir le cap. Ceux qui morflent, ce sont ceux qui restent. Et pour morfler, Don Dokken a sacrément morflé. Cumulant les problèmes de santé et d'addiction depuis de nombreuses années, le chanteur qui fête cette années ses 70 printemps tente comme il peut de résister malgré un corps qui renâcle de plus en plus à la tâche. Les prestations machinales et désincarnées du bonhomme lors des concerts de DOKKEN donnés ces dernières années nous laissent penser que le bonhomme n'allait pas tarder à raccrocher les gant et déclarer forfait. Néanmoins, et comme l'écrit Nietschze dans Le Crépuscule des Idoles : "Sans la musique, la vie serait une erreur". 11 ans après le médiocre Broken Bones, DOKKEN remet le couvert et après tout, comment ne pas accueillir ce retour avec bienveillance ? Quelle règle justifierait de retirer à l'artiste, même vieilli, amoindri, usé, le droit de chanter, de composer d'enregistrer ? La seule exigence de l'auditeur doit être celle de la qualité. Avec un douzième crépusculaire mais raisonnablement inspiré, le groupe américain nous laisse espérer que, sur ses vieux jours, il reste pertinent et capable de créer des morceaux dignes d'intérêt.

Si certains s'attendaient ou espéraient un retour sur disque du guitariste George Lynch, plus ou moins rabiboché depuis quelques années avec son ancien camarade de jeu, il n'en est rien, et le musicien caractériel semble voué à jouer uniquement les invités de prestige en concert. Il faut dire qu'il aurait été dommage de ne pas faire appel à la fiabilité et la stabilité du rare Jon Levin, qui participe au maintien à flot du navire DOKKEN depuis le début des années 2000. A ses côtés, le bassiste Chris McCarvill, finalement intronisé comme membre officiel du groupe après l'avoir accompagné depuis le milieu des années 2000 en tant que musicien live, et le batteur Bill "BJ" Zampa, lui-aussi membre de la famille depuis de nombreuses années et qui remplace ici solennellement Mick Brown, fidèle parmi les fidèles que l'on croyait pourtant éternellement vissé à son siège, des douleurs physiques ayant malheureusement eu raison de sa fidélité.

Bien que les musiciens se côtoient tous de longue date, c'est donc une formation inédite que l'on écoute sur l'énergique "Fugitive", qui ouvre les hostilités. Le clip qui illustre le morceau, dont la réalisation est, osons le dire, complètement foirée, peut rappeler le nanar culte The Room, mais a au moins le mérite d'éviter les faux-semblants et l'hypocrisie. Pas de salle en délire ou de manifestation de toute puissance ici, au contraire la vidéo nous montre un Don Dokken fragile, pétri d'incertitudes, nourri de regrets, porté par un état d'esprit assez sombre, épaulé par des musiciens qui adoptent également un ton grave de circonstance. Car il y a sur Heaven Comes Down un étrange sentiment de déclin, l'impression d'être ici le témoin de la fin d'une ère.

Ce qui est saisissant sur cet album, c'est la fragilité dans la voix de Don Dokken. Le terme saisissant est bien choisi, car finalement, assumant son âge et son état, le chanteur se fait moins lisse, moins monocorde que sur les derniers albums du groupe. Finalement, en mettant à jour ses failles, le chanteur se fait remarquable de nuances et d'authenticité. Le manque de puissance de la voix est largement compensé par un grain plus marqué et un sens de la mélodie accru. Les lignes vocales de Don sont ici bien plus intéressantes et savoureuses que tout ce qu'il a pu enregistrer sur Broken Bones. Sur "Gypsy", impossible de ne pas se rendre compte que le chanteur jette ici ses dernières forces dans la bataille. Et le refrain, raisonnablement inspiré, s'éteint comme le soleil se couche sur l'horizon.

Alors qu'un album de hard rock se veut habituellement une manifestation de puissance, DOKKEN a construit le sien sur une déclaration de faiblesse, d'incertitude, d'inquiétude même face à l'état du monde. C'est ce qui fait sa richesse. Se sachant conservateur, Don Dokken nous propose un "I'll Never Give Up" assez poignant par son conservatisme désabusé, cette envie de persévérer, envers et contre tout, dans un monde où l'hédonisme et l'insouciance des années 80 ressemble à un souvenir doux-amère. Sur Heaven Comes Down, DOKKEN parle d'échec amoureux ("Just Like a Rose"), de remise en cause personnelle, et si ces thèmes ne sont pas nouveau, cette cassure dans la voix de ce bon vieux Don confère aux morceaux une profondeur inédite.

Pour compenser ce manque de puissance vocale, Jon Levin se fait tout simplement formidable, tant et si bien qu'il donne l'impression d'être la clé de voute de l'album. Proposant des solos riches et accrocheurs, sans exception, le guitariste affirme également son rôle de mélodiste. L'emphase est ainsi mise sur l'accroche et les refrains, la guitare et le chant se complétant et se combinant pour donner une saveur indéniable à des titres tels que le très réussi "Over the Mountain". Néanmoins, DOKKEN reste DOKKEN et il serait inutile d'attendre des miracles. Ainsi, sur "Is it Me Or You", à la saveur blues prononcée, il aurait été opportun que le lick principal soit joué par une guitar slide qui aurait apporté une touche d'originalité. Désormais incapable d'assumer le ton péremptoire requis par ce genre de morceau, qui laisse toute latitude aux chanteur pour faire montre de prouesses, Don Dokken déçoit sur ce titre finalement peu intéressant. Le chanteur en appelle à la rédemption sur "Saving Grace," mais il ne reste plus que la tristesse. Si ce mid-tempo est raisonnablement efficace, il n'en reste malheureusement pas grand-chose passé le plaisir de la découverte. Certaines mélodies tombent également à plat, à l'image de celle de "I Remember", qui rappelle "I've Found" sur l'album Long Way Home, le morceau se voit néanmoins sauvé par un solo d'une beauté pure, limpide comme un cours d'eau.

La ballade acoustique "Santa Fe", qui clôt l'album, permet néanmoins à DOKKEN de terminer sur une note très positive. Ce morceau touchant et autobiographique, qui voit le chanteur évoquer son parcours depuis l'enfance, nous fait penser au GREAT WHITE période Back to the Rhythm, et témoigne d'une insondable tristesse ("Travelling the world, always missing home / I felt so alone / Will I find some peace of mind"). La voix de Don se fait belle sur ce titre aux allures de confession. Saisissant.

S'il y a toujours eu dans la musique de DOKKEN cette petite amertume, c'est bien un album crépusculaire que nous propose le groupe avec ce Heaven Comes Down co-produit avec Bill Palmer, et mixé par Kevin Shirley (AEROSMITH, IRON MAIDEN, Joe BONAMASSA…). S'il manque quelques titres forts et marquants, cet album aux allures de bilan est sans aucun doute ce que DOKKEN a proposé de plus intéressant depuis la fin des années 2000. Avec cette voix cassée, ses textes désabusés et son guitariste très affuté, le groupe américain nous propose ce qui pourrait être un fort honorable chant du cygne. A écouter, que l'on aime ou non la musique de DOKKEN, tant le visage montré ici par le groupe mérite l'attention de tous les amateurs de hard rock authentique et mélodique.

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- Don Dokken (chant)
- Jon Levin (guitare)
- Chris Mccarvill (basse)
- Bj Zampa (batterie)


1. Fugitive
2. Gypsy
3. Is It Me Or You?
4. Just Like A Rose
5. I’ll Never Give Up
6. Saving Grace
7. Over The Mountain
8. I Remember
9. Lost In You
10. Santa Fe



             



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