Ma relation avec l’OPIUM DU PEUPLE est ambiguë : si sa manière de passer à la moulinette de son Punk Rock des succès de la variété française m’a toujours réjoui et séduit, nous avons un vieux contentieux. J’ai souvenir d’un concert à la LOCOMOTIVE en octobre 2007, qui réunissait L’OPIUM DU PEUPLE, TAGADA JONES et PARABELLUM. Le niveau sonore était tel que j’avais fuit le combat avant la fin de l’affiche, pour la première et seule fois de ma vie.
Punk 1 : Nestor 0
PARABELLUM qui apparaît d’ailleurs sur cet album via la reprise de leur version de "Cayenne" (c’est-à-dire sans le dernier couplet présent sur la version originale attribuée à Aristide BRUANT). Et manque de chance, avec "L’été indien" (Joe DASSIN), c’est une des déceptions de l'album. En effet, alors que le parti-pris habituel du groupe est de muscler l’interprétation d’un succès de la variété française, là la démarche est inverse et, à mon sens, moins intéressante. Il a fait du brûlot Punk Rock de PARABELLUM une ballade acoustique qui manque d’intensité, même si la voix de Slobodan se révèle très proche de celle de feu Papa SCHULTZ.
Mais, à l’exception de ces deux titres, le reste est fidèle à ce qu'on est en droit d’attendre de l’OPIUM DU PEUPLE : à savoir des versions survitaminées et plutôt humoristiques de titres initialement légers et mélodieux.
Ainsi, "Dominique", originellement interprétée par Sœur Sourire en 1962 en l’honneur de Dominique de Guzmán, fondateur de l'ordre dominicain, est-elle considérablement accélérée et énergisée. La dualité entre les deux version est assez savoureuse. Il en va de même du truculent "Nuits d’une demoiselle" de Colette Renard qui apparaissait déjà sur l’E.P trois titres Opiumettes du peuple paru en 2014, et qui est présenté dans une version nettement plus virulente que l’original !
"Le temps des cerises", un classique du 19ème siècle, est lui proposé à la mode BERURIER NOIR, avec un refrain qui reprend clairement celui de "Vivre libre ou mourir" de ces derniers. Alors que "Destiné" le tube de Guy MARCHAND tiré de la B.O du film de Claude ZIDI, Les Sous-doués en vacances, est transformé par l’OPIUM DU PEUPLE en sorte d’hommage à RAMNSTEIN.
Avec "Laisse tomber les filles" de GAINSBOURG, popularisé par France GALL, le groupe bourrine sévèrement, à tel point que l’on pourrait regretter qu’il ne fasse pas preuve d’un peu plus de décalage ou de recul.
Ce qui est le cas de "Sympathique (je ne veux pas travailler)" de PINK MARTINI qui se montre bien plus surprenant et original. Une originalité que l’on ne retrouve pas sur le pourtant très jouissif "Salsa du démon".
Enfin l’album, dans sa version 2022, se termine sur un pied de nez aussi amusant qu’énervant : la phrase principale du "Mais non mais non" de Henry SALVADOR, repris durant quarante longues minutes, et dans lequel seules les dix dernières minutes s’affranchissent de la version originale. L’écouter en entier est un défi majeur !
Loufoque, amusant, souvent bien construit, La revanche des clones est un album plaisant qui constitue une bonne porte d’entrée dans l’univers burlesque de l’OPIUM DU PEUPLE.