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2000 Yeah!

The ALARM CLOCKS - Yeah! (2000)
Par LE KINGBEE le 20 Octobre 2023          Consultée 293 fois

Pendant très longtemps, plus de trois décennies et demi, la discographie de The ALARM CLOCKS ne s‘est comptée que sur une seule main, un tout petit doigt pour être précis. Originaire de Parma, banlieue sud de Cleveland, THE ALARM CLOCKS n’avait enregistré qu’un unique 45-tours publié par Awake Records, son propre label.
Ce single regroupant "Yeah" et "No Reason To Complain" a pendant longtemps été une pièce recherchée par les collectionneurs et les fans de Garage. Actuellement, un vendeur n’hésite pas à proposer le 45-tours aux alentours des 200 €, alors que d’autres le bradent à partir d’une vingtaine d’euros. Allez comprendre !

En 1983, le nom du groupe revenait brièvement à la charge par l’intermédiaire d’obscures chroniques, suite à la publication de Back To The Grave, Vol. 1, une compilation de Tim Warren regroupant 16 titres de Garage mid-sixties dont deux faces des ALARM CLOCKS. Trois ans plus tard, certains amateurs de Blues Garage découvrirent "No Reason To Complain" via une reprise des LYRES, groupe de Jeff Conolly, ancien leader de DMZ.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si Norton Records n’avait pas remis le Réveil en marche en 2006, réactivant les trois membres avec la sortie de deux singles et d’un album. Ces surprenantes productions furent suivies d’un Live et d’un album studio édités par My Mind’s Eye Records, une petite maison de disques basée à Lakewood, ville à 10 kilomètres de Parma. Mais c’est à l’orée du nouveau millénaire que Norton rétablissait le nom de The ALARM CLOCKS en grand sur la carte géographique du Garage avec Yeah!, une compilation regroupant les deux titres du single, sept démos dépoussiérées, le tout agrémenté par trois faces des Perceptions.

Revenons brièvement sur l’histoire de ce Réveil Matin hautement perturbateur. En 1964, Bruce Boehm, un mordu des BEATLES, monte The Perceptions, en compagnie du batteur Tim Douglas et de Jeff Suveges (basse). Le groupe anime des soirées dans tout l’Ohio, mais l’aventure prend fin au bout d’un an, suite au départ de Boehm, parti tenté sa chance au sein de The Night People, autre groupe de Cleveland. Bruce quitte le groupe avant que celui-ci mette en boîte son unique single pour le label Del-Nita. De retour à Parma, Bruce rencontre le bassiste Mike Pierce, un adepte d’un son durci à la sauce Garage ; les deux musiciens sont rejoints par le batteur Bill Schwark avec à la clef la création de The ALARM CLOCKS. La formation en trio, auteure de dynamiques prestations scéniques, enregistre chez SIR, un modeste studio de Cleveland, son premier 45-tours à 200 copies. Le single est réédité dans la foulée sur Awake Records, le propre label des trois musiciens. Peu après l’été, le trio retourne graver sept démos en une prise. Il faut attendre 34 ans pour que ces bandes paraissent sur la présente compilation. L’adage « Tout vient à point qui sait attendre » prend toute sa signification en 2006 avec la reformation surprise du groupe composé de deux de ses membres d’origine, Tom Fallon (ex-New Salem Witch Hunters, Satan’s Satellites) remplaçant Bruce Boehm. Le fondateur est de retour en 2009 avec un Live enregistré au Beachland Tavern de Cleveland. En 2012, Bruce et Mike, secondés de Tom Fallon et d’un nouveau batteur Vince Bartolotto, remettent les pendules à l’heure avec Wake Up, un album dont le titre nous semble d’une évidence frappante avec un tel nom de scène.

La photographie en noir et blanc illustrant la pochette peut paraître étonnante. On y voit les trois membres en Live de jour devant un parterre de gamins. Nul doute que les enfants probablement plus joueurs que leurs parents aient investi les premiers rangs. Mais ce qu’il faut retenir en dehors de la jeunesse du trio, c’est l’inscription noire sur le bandeau jaune qui précise : Savage 1966 Ohio Garage Raunch ! Pour rappel, si l’âge d’or du Garage s’est étalé de 1965 à 1967, le registre est principalement l’apanage de singles. La plupart de ces jeunes groupes amateurs n’avaient ni le talent ni les moyens de publier des albums entiers, sauf exception (The SONICS, THEM, The STRANGELOVES, The PRETTY THINGS, The STANDELLS ou The REMAINS pour ne citer que les principaux). N’oublions pas que le Garage fut aussi victime d’une triste actualité, celle du conflit Américano-Vietnamien, la jeunesse américaine étant expédiée avec largesse pour combattre l’ennemi rouge dans les rizières. Si certains adolescents échappèrent au conflit, la plupart des groupes furent amputés d’une partie de leur membres (n'y voyez là aucun jeu de mots).

Le compilateur nous semble avoir opté pour un choix cohérent avec en guise de mise en bouche "Yeah", une compo de Mike Pierce qui pourrait provenir d’un disque des STONES, YARDBIRDS ou des ARTWOODS. Seule différence avec leurs collègues, le groupe agit en petit comité, une guitare, une basse et une batterie agrémentée de diverses percussions. Du Garage minimaliste, simple, efficace et plein de rage. Second coup de canon avec "No Reason To Complain" : après une intro de basse sans concession, la guitare et le vocal délivrent une véritable litanie sur le quotidien de la jeunesse américaine. Contrairement à ce qu’annonce le refrain hypnotique I've got no reasons to complain (Yeah),, c’est un cri d’alarme que dresse le combo, rien d’anormal quand on a pour nom un tel blaze. Le titre est repris avec verve par LYRES, The Mystic Eyes, tandis que Teengenerate en livre une version Punk Stoner colérique.

Les sept pistes suivantes, toutes des reprises, proviennent de démos mises en boîte en une seule prise au même endroit, au Sound Ideas Recording Studios, durant septembre 66. C’est encore une histoire d’amour compliqué que nous livre le combo avec "Louie Louie", titre de Richard Berry & The Pharaohs, inspiré par la mélodie de "El Loco Cha Cha Cha", de cubain René Touzet. Durant la première moitié des sixties, si le titre est passé à travers toutes les mailles (The Kingsmen, Otis REDDING, the KINKS jusqu’aux TROGGS), Bruce Boehm et ses potes en délivrent une version Garage de haute tenue. On se laisse encore happer par les paroles : Louie, Louie, oh, me gotta go. Si "Money", enregistré pour la première fois par Barrett Strong, a rempli le tiroir-caisse de la Motown via plusieurs versions, le titre tombe ensuite dans la besace du Beat puis du Garage. C’est une interprétation vindicative que délivre là Mike Pierce, auteur de quelques hurlements pleins de fureur.
Enregistré par les Valentinos de la fratrie Womack, "It’s All Over Now" connaît un coup de fouet via la reprise immédiate des STONES. Si la guitare se révèle plus Folk Rock, le timbre décalé de Bruce Boehm apporte une touche proto punk.
Accrédité comme bien souvent à Shel Talmy, bref producteur des KINKS et des WHO, "Bald Headed Woman" est en fait une variante d’une chanson de prison. Si Odetta et Harry Belafonte reprenaient le titre sous forme d’un Folk Blues, il prend ici une orientation proto punky avec un chant qui barre en 'couilles' au fil des secondes. Une interprétation dans la même veine que celles des WHO ou des CRAWDADDYS. Retour au Blues Garage avec "I’m Alright" *, hit des STONES bien pompé sur son presque homonyme de Bo DIDDLEY. Si Boehm cite le nom des STONES en début de piste, l’accent est mis sur une agressivité parfaitement maîtrisée, tandis que Boehm hurle comme un damné, Bill Schwark délivre un passage de batterie plein de fureur. Le combo reprend "She’s About A Mover" du Sir Douglas Quintet dans une version encore plus déjantée que l’originale. Rien à voir avec les reprises guimauves de Trini LOPEZ ou du duo Loretta LYNN/Conway Twitty. Bonne version du "Route 66", standard de Bobby Troup, mais encore une fois le groupe tisse une toile dans un esprit stonien, les STONES étant encore cités en intro.

Le compilateur glisse trois démos des PERCEPTIONS antérieures à THE ALARM CLOCKS. Reprise Garage de l’instrumental "Wipe Out", hit Surf des Surfaris. Changement de tournure avec "I’m A Fool", compo de Jeff Cooper et Red West (un gars qui jouera plus tard dans la série les Têtes Brulées) et hit mineur de Rick NELSON; cette fois le combo bifurque nettement vers une direction Beat. Le compilateur conclut avec "Tree Stump Theme", un instrumental de Bruce Boehm alliant Surf et Rock' n' Roll et enregistré en public.

Cette compilation propose en 2000 des titres totalement inédits. Norton met en lumière tous les défauts et qualités des ALARM CLOCKS. Si certaines plages sont souvent inspirées par la troupe de Mike Jagger, le combo dégage une énergie bien plus grande que celle des Anglais, une impression accentuée par la formule trio. The ALARM CLOCKS font partie d’une cohorte de petits groupes Garage qui ont poussé comme des champignons au milieu des années 60. Les esprits grincheux trouveront probablement qu’il n’y a rien d’exceptionnel ici, certaines covers frisent cependant l’excellence ("Louie, Louie", "Money"). La note de ce recueil bénéficie d’un point supplémentaire grâce à "No Reason To Complain", un titre aussi puissant que dévastateur.


*Titre homonyme à ceux de Bill Anderson et Kenny Loggins.

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- Bruce Boehm (chant, guitare)
- Mike Pierce (chant, basse 1-2-3-4-5-6-7-8-9)
- Jeff Suveges (basse 10-11-12)
- Bill Schwark (batterie 1-2-3-4-5-6-7-8-9)
- Tim Douglas (batterie 10-11-12)


1. Yeah
2. No Reason To Complain
3. Louie Louie
4. Money
5. It's All Over Now
6. Bald Headed Woman
7. I'm Alright
8. She's About A Mover
9. Route 66
10. Wipe Out
11. I'm A Fool
12. Tree Stump Theme



             



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