Pendant la tournée de son album Life Support, Madison BEER se remet rapidement à l’écriture de son deuxième L.P, Silence Between Songs, en parallèle de son livre The Half Of It. Toujours fortement influencée par Tame IMPALA et Lana DEL REY, BEER livre en septembre 2023 un album pop sincère et singulier.

Silence Between Songs a beau être un album pop, il n’en reste pas moins extrêmement authentique et mesuré. On a bien sûr quelques titres au tempo plus rapide : le pétillant "Sweet Relief", le single dance "Home To Another One" aux synthés atmosphériques, ou encore la chanson titre "Silence Between Songs" à la cadence chaloupée et dont l’instrumentation scintille aux sonorités vintage (I pop a pill to try and numb the pain/When it’s just me and my brain/I medicate, that’s what you made me do/My broken heart, it dreams in baby blue).

De manière similaire à Life Support, l’accent est mis sur la réflexion : le regard se tourne soit sur le passé, soit sur les émotions ressenties par la jeune artiste de vingt-quatre ans, comme en témoignent les harmonies moelleuses de "I Wonder" ou celles de "Spinnin’", titre d’ouverture décrivant bien la dépression (Did the world stop spinnin’ ? Am I frozen in time ?/Cause the birds stopped singin’, are we flawed by design ?) où BEER brille par sa performance vocale sur une instrumentation douce.

On retrouve des ballades tout en délicatesse comme la veloutée "Ryder" écrite pour son frère, "At Your Worst" où elle aborde le thème de l’autodestruction accompagnée par la guitare, le single "Reckless" et ses vocalises apaisantes sur un bel ensemble de cordes ou encore "Nothing Matters But You", qui rappelle particulièrement l’univers de Lana DEL REY avec la voix de BEER et l’instrumentation majestueuse qui prennent des accents très cinématographiques.

Le piano de "King Of Everything" prend des airs à la Taylor SWIFT, avec des similitudes à "Vigilante Shit" dans l’écriture (Look at you go, walking on everyone/Like stepping stones/Building a home made up of gold/Of people you hurt, bridges to Hollywood/You took, then burned/I hope it was worth it/What you get, you’ll deserve), alors que la chanteuse reprend des mélodies aux inspirations 60's sur "17" où elle revient sur son ressenti (Seventeen, I can’t recall a thing/A cry for help, but no one’s ever listening) et la pression sociale qu'elle évoquait déjà sur son titre "Dear Society" sorti en 2019 (Been 21 since 17).

L'influence des sixties, carrément hypnotisante, imprègne aussi la batterie et la production nostalgique du single "Showed Me (How I Fell In Love With You)" où les harmonies somptueuses et sensuelles de BEER reprennent de façon moderne le titre du groupe The TURTLES (You showed me how to do exactly what you do/How I fell in love with you/You walk into a room and people fall for you/How I wanna be like you). La chanteuse est fan de cordes, et on le comprend rapidement à l’écoute de l’orchestral "Dangerous" dont l'explosion finale aurait tout à fait sa place dans un Disney. L’une des pépites de cet album, c’est la toute douce "Envy The Leaves" (I envy the leaves/That grow from the trees/They’re so carefree/Through the seasons, unaware of the fall) où BEER et ses harmonies célestes sont en quête d’insouciance sur un beat lent et minimaliste, avant de se transformer en outro aux teintes rock psychédélique, non sans rappeler l’univers de Tame IMPALA.

Si Madison BEER est une artiste pop avant tout, on ne peut qu'entendre et reconnaître sa volonté de créer son propre style musical en y combinant des éléments r'n'b et rock ainsi que des influences qui résonnent avec ses goûts et son public. Artiste complète, BEER reste aux commandes de ce nouveau projet, aussi bien celles de l’écriture que de la production. Toujours aussi polyvalente, c’est un bonheur de retrouver la chanteuse sur ce deuxième album où sa voix, vibrante, rêveuse et voluptueuse est mise au premier plan sur des chansons qui méritent toutes qu’on s’y attarde.