Le dixième album de Taylor SWIFT sera pop, introspectif et scintillant, à l’image de la flamme que la chanteuse tient sur la pochette. Comme d’habitude avec notre grande blonde fan de symboles, on est sur 13 pistes écrites durant les minuits (oui au pluriel) de sa carrière qu’elle regroupe sur cet opus tout simplement baptisé Midnights et sorti à l’automne 2022. De cet album on aura tout dit et tout entendu : quelle chanson va dans quelle era, de quel(s) ex(s) Taytay parle, dans quels titres elle parle de son amoureux... Dans tous les cas, c’est un album pour les fans puisqu’elle continue à distiller - ainsi que dans ses clips - ses fameux easter eggs et livre enfin "Karma", une chanson attendue depuis Reputation, période de l’artiste où elle commence justement à s’en remettre à la justice karmique.

Toujours accompagnée de Jack Antonoff à l’écriture et la production, la pop de Taylor est atmosphérique et tamisée comme un secret partagé en plein milieu de la nuit. Notre grande romantique chante son amour sur des pistes rétro-futuristes comme le vaporeux "Lavender Haze" aux sonorités rnb électronique (No deal, the 1950s shit they want from me/I just wanna stay in that lavender haze) et "Maroon", une version 2.0 de son tube "Red" dans une vision plus mature (The burgundy on my t-shirt when you splashed your wine into me/And how the blood rushed into my cheeks, so scarlet it was/The mark they saw on my collarbone/The rust that grew between telephones/The lips I used to call home/So scarlet, it was maroon). Comme aucun album de Taylor n’est complet sans son lot de chansons missiles à l’attention de ses exs, on trouve "Midnight Rain", une chanson mélancolique où elle joue avec des effets sonores sur sa voix, le single disco-pop "Bejeweled" dont le clip est rempli de clins d’œil à ses précédentes eras et annonce la sortie prochaine des réenregistrements de Speak Now.

A mon goût, il y a deux chansons un peu cryptiques, "Question…?" et "Labyrinth", qui endort presque avec son orgue. La chanteuse aborde pendant les petits matins du single "Anti-Hero" le sujet de la haine de soi (It’s me/Hi! I’m the problem, it’s me/At teatime/Everybody agrees) et revient avec une représentation tranchante des sacrifices qu’elle a dû faire durant son parcours dans "You’re On Your Own, Kid". Un texte co-écrit avec sa moitié fait l’éloge des petits riens sur "Sweet Nothing", une ballade douce où une Taylor vulnérable se donne le droit de tout dire (And the voices that implore, « You should be doing more »/To you, I can admit that I’m just too soft for all of it) accompagnée de saxophone sur l’outro. On retrouve la chanteuse Lana DEL REY, qui inspire Taylor depuis des années, sur la chanson "Snow On The Beach" qu’elles ont co-écrite et qui parle du fait de tomber amoureux (And it’s like snow at the beach/Weird, but fuckin’ beautiful/Flying in a dream/Stars by the pocketful/You wanting me/Tonight feels impossible/But it’s comin’ down, no sound, it’s all around/Like snow on the beach).

Et puis, dans un esprit très Reputation, Taylor SWIFT fantasmera sa vengeance à l’encontre de son ancienne maison de disque sur l’ambiance noire de "Vigilante Shit" qu’elle a écrite seule (And I don’t dress for villains/Or for innocents/I’m on my vigilante shit again/I don’t start shit, but I can tell you how it ends) mais fait confiance à l’univers sur "Karma" où elle y décrit son bon karma en contraste à ce qui attend ses ennemis (‘Cause karma is the thunder/Rattling your ground/Karma’s on your scent like a bounty hunter/Karma’s donna track you down/Step by step from town to town/Sweet like justice, karma is a queen). Très attendue, la chanson sera reçue presque comme une blague à la sortie de l’album avant d’être considérée - déjà - comme un classique pop SWIFTien qui fait fusionner espièglerie et hargne. Elle termine ce dixième opus en rappelant qu’avec elle rien n’est laissé au hasard sur "Mastermind" (Checkmate, I couldn’t lose/What if I told you none of it was accidental?).

Les synthés et la pop expérimentale de Taylor feront exploser les records d’écoutes de ce projet et montreront qu’elle maîtrise toujours son sujet, de la musique qui s’adapte aux tendances actuelles, à sa capacité à créer du buzz en passant par l’écriture qui la confirme comme l’une des grandes songwriters de son époque. Même si elle délaisse la pop folk de ses deux derniers albums, Folklore et Evermore, les fans ne seront pas trop déroutés puisque la chanteuse, au sommet et forte du succès de ce dixième disque, décidera de se lancer dans une tournée mondiale, The Eras Tour, qui célèbre l’ensemble de sa discographie et de ses dix-sept ans de carrière.