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2008 Got No Place To Go

Byther SMITH - Got No Place To Go (2008)
Par LE KINGBEE le 31 Octobre 2023          Consultée 280 fois

Né en 1932 à Monticello, une bourgade du Mississippi située à cent bornes de Jackson, Byther Claude Earl John SMITH n’a pas connu une enfance facile ; sa mère décède en couche, son paternel suivra six mois plus tard.
Orphelin, il est élevé par une tante et son mari. Adolescent, il suit sa famille d’adoption en Arizona où il accumule plusieurs jobs (garçon d’écurie dans un ranch, soudeurs dans les pipelines). Mais, depuis tout gamin, Byther se passionne pour la musique. Après avoir appris les rudiments de l’harmonica et de la batterie, il se met à la guitare, instrument qu’il pratique dans sa paroisse baptiste.
A 17 ans, il atterrit chez une autre tante, toujours dans l’Arizona, et débute une carrière de camionneur dans une scierie, tout en boxant en amateur et jouant de la contrebasse dans un orchestre de Country. Sa tante, peu réjouie par la boxe, lui offre alors une basse Fender. Au milieu des fifties, comme il est marié avec Etta Mae, le couple s’installe à Chicago où il fait la connaissance d’un cousin, le guitariste J.B. Lenoir, connu pour ses costumes zébrés.
Après avoir brièvement intégré le trio de Roy BUCHANAN comme bassiste, Byther SMITH enregistre une poignée de singles pour de petits labels, mais aucun d’eux ne connaît le succès. Influencé par le West Side Sound de Chicago, le guitariste intègre plusieurs formations Gospel au milieu des sixties, faute de mieux. Durant les années 70, il se produit dans les orchestres de Junior WELLS, Big Mama THORTON, Sunnyland Slim ou George Smith (aucun lien familial), mais son nom ne dépasse guère les frontières de Chicago. Byther décroche une réputation de musicien fiable, il ne boit pas et devient un attitré du Theresa’s Lounge, une modeste taverne ouverte à la fin des années 40, figurant depuis parmi les meilleurs clubs de Blues de Chicago.

Ce n’est qu’en 1983 que le nom de Byther SMITH apparaît en Europe, par l’entremise de l’album Tell Me How You Like It, édité par le label texan Grits Records. Bénéficiant d’un regain d’intérêt, la carrière du mississippien va subitement décoller. Le guitariste enregistre successivement pour Blue Phoenix, Mina Records et le label anglais JSP. Au milieu des nineties, il prend sa retraite après 25 ans de bons et loyaux services chez Economy Folding Box Company, une entreprise de fabrication de boîtes de conditionnement, ce qui lui permet de se consacrer pleinement à son art. Au cours de cette décennie, Byther enchaîne les albums pour Bullseye Records, Black Tan et Delmark. Un contrat avec Crossroad, importante société hollandaise de tournage, lui permet de devenir l’une des têtes d’affiches du Chicago Blues. Le guitariste se retire de la scène musicale en 2015. Il rejoint le paradis des musiciens en 2021 à 89 ans.

Dernier album studio, Got No Place To Go est le chant du cygne discographique de ce guitariste découvert à l’échelle mondiale bien tardivement. Enregistré lors de deux sessions, les 13 et 14 juin 2007, au RPAV Studios de Fresno, le studio d’enregistrement du label Fedora, le disque bénéficie d’une production soignée, le producteur Chris Millar (aucun lien avec le batteur des DAMNED) officiant par ailleurs à la batterie tandis que Roger Perry se charge de la prise son de la guitare rythmique, des claviers et du micro sur un titre. Mais l’atout principal demeure la présence du guitariste français Frank 'Paris Slim' Goldwasser établi aux states dès le début des eighties.

Le vétéran, largement septuagénaire au moment de l’enregistrement, parvient à retranscrire habilement une combinaison regroupant ses racines du Delta et le son plus électrique du West Side, à l’image de son mentor Otis RUSH. Si Smith n’a jamais été un adepte des cascades de notes destinées à impressionner l’auditeur, souvent futilement, son jeu de guitare se fait encore plus sobre que sur ses albums précédents.
Si neuf des onze titres sont issus de sa plume, le guitariste nous colle néanmoins quelques refourgues. On laissera à chacun la liberté de juger s’il s’agit de relectures de titres fétiches ou d’un manque d’originalité. C’est ainsi qu’il reprend en guise de mise en bouche "I’m A Honey Bee", titre figurant dans l’album Blues Knights. Le phrasé de guitare s’avère sobre mais la ligne mélodique parvient toujours à accrocher l’oreille. Parmi ses relectures, "Monticello Lonely", titre figurant dans l’album Mississippi Kid, aurait mérité d’être raccourci. Si la voix est parfois haut perchée, certains accords de gratte prennent quelques pains s’avérant hésitants, principalement lors des deux pistes acoustiques. Sur "Got No Place To Go", cette approximation apporte cachet et charme, mais c’est l’harmonica qui traîne dans son sillage la guitare. "Byther Boogie", un boogie digne de John Lee HOOKER, se révèle fruste à souhait, un blues terrien sans concession. En fait, les meilleurs moments proviennent du surprenant "I Know That’s Grace !", un titre humoristique, proche du Vaudeville, dans lequel le chanteur joue le rôle d’un mari cocu, titre plein de chaleur agrémenté d’une guitare Funky. On retrouve une sorte d’état de grâce sur "Red ! You Let The Dogs Out" où les chœurs répétitifs maintiennent une tension constante.
SMITH a assez de métier pour nous offrir un bon passage avec "I Had My Fun", une variante du classique "Goin’ Down Slow" de St Louis Jimmy (alias Jimmy Oden) dans lequel il ajoute des paroles de son cru. "35 Long Years", un honnête Slow Blues, évoque par moment le répertoire de B.B. KING.

Deux reprises viennent agrémenter le contenu : "How Much More?" du cousin JB Lenoir, interprété ici sous forme d’un shuffle assez réussi d’autant qu’il ne s’éternise pas. Magic SLIM jouait souvent ce titre en concert. Enfin, la version de "Come On This House", titre de Mel London enregistré par Junior WELLS, nous paraît inférieure à sa devancière figurant dans Big Shot Smitty. La guitare y paraissait plus ronde et le timbre plus assuré, mais quoi de plus normal, 25 ans ont passé entre les deux enregistrements.

A 76 balais, Byther SMITH fait preuve d’un sacré tempérament. Si le timbre est parfois chevrotant, sa chaleur contrebalance les quelques hésitations. Idem pour le phrasé de guitare, si Byther cafouille deux ou trois notes (rien de bien méchant) par-ci par-là, le jeu de guitare va à l’essentiel et évite toute poudre aux yeux. Vu quelques temps auparavant au Festival Chorus de Douzy, le guitariste retranscrit parfaitement son univers, parvenant à marier ses racines du Mississippi et son adaptation au Chicago Blues.

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- Byther Smith (chant, guitare)
- Frank Goldwasser (guitare, harmonica)
- Roger Perry (guitare, claviers, chant 7)
- Danny Camarena (basse)
- Chris Millar (batterie)


1. I'm A Honey Bee
2. I Had My Fun Aka Going Down Slow
3. Monticello Lonely
4. I Know That's Grace!
5. Got No Place To Go
6. Byther Boogie
7. How Much More?
8. 35 Long Years
9. Every Woman I Meet
10. Come On In This House
11. Red!! You Let The Dogs Out



             



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