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1990 Colour

The CHRISTIANS - Colour (1990)
Par LE KINGBEE le 7 Novembre 2023          Consultée 725 fois

En 1984, les trois frères Christian (Gary, Roger et Russell) s’acoquinent au guitariste Henry Priestman et fondent The CHRISTIANS. Les quatre musiciens ne sont pas allé chercher midi à quatorze heures pour se trouver un nom de scène, ils ont pris le nom de famille des plus nombreux, les ¾ du quatuor, ajoutant un S pour la forme plurielle. Simple comme bonjour ! Priestman ne semble pas s’être opposé à cette trouvaille, d’autant plus que son prénom de baptême n’est autre que Christian. Ce blaze pas si anodin s’oriente par ailleurs vers la foi que les membres du groupe portent à l’homme qui changeait l’eau en vin et qui finira sur la croix.

En 1987, le groupe publie un premier éponyme produit par Laurie Latham, un gars qui a déjà collaboré avec Ian DURY, The STRANGLERS, ECHO & The BUNYMEN et Paul Young. Contre toute attente, l’album atteint sans coup férir la seconde place des charts anglais, bien aidé par les nombreux passages sur les ondes de cinq singles (tous classés dans le Top 40). Une bonne affaire pour Island Records.

Il faut attendre 1990 pour que le groupe reviennent à la charge avec Colour, toujours produit par Latham. Si des rumeurs de dissentions circulent dans les feuilles des tabloïds, les frangins ne sont plus que deux, Roger a rendu son tablier, estimant que les tournées et campagnes de promotion sont trop épuisantes et l’éloignent trop de son quotidien. Autre changement, Manu Katché et Steve Ferrone (ex-Chaka KHAN, Eric CLAPTON, Rick JAMES et futur Tom PETTY) se succèdent aux baguettes, remplaçant Paul Barlow, tandis que le bassiste Tony Jones laisse sa place au gallois Pino Palladino (ex-TEARS FOR FEARS, David KNOPFLER, Elton JOHN).

Si la pochette du premier disque ne dévoilait que trois individus affublés de tenues noires et strictement rien sur son contenu, cette fois derrière un décor rougeoyant proche du Psyché les trois membres portent des chemises d’un blanc immaculé, presque céleste.

Dès les premières notes débutant entre murmures théurgiques et étrange bruissement à cheval entre un cor des Alpes et un shankha sanskrit, Garry Christian nous renvoie vers un texte d’obédience religieuse avec "Man Don’t Cry". A quatre reprises, le bon Garry nous susurre : For the faithful far and wide, (we'll never forsake you)* tout en psalmodiant dès la troisième strophe le thème de l’amour divin. Le texte, qui échappera très certainement à la bonne compréhension de la plupart d’entre nous, passe pourtant comme une lettre à la poste par le biais d’une mélodie cajoleuse presque enivrante. Cette impression se confirme avec "I Found Out"** avec un procédé identique, un bref chuchotement comme une lamentation et une mélodie qui parvient à happer son auditoire. Seul hic, après nous avoir balancé plusieurs banalités qu’on retrouve dans toute méthode religieuse et toutes dérives sectaires, Garry vient de découvrir que de chacun de nous peut émaner un grain de bonté. A bien écouter les tragiques informations actuelles, j’avoue être interloqué par un discours d’une telle mansuétude.
Même technique pour "Greenbank Drive", début avec une orchestration piochée dans un cours de sophrologie avec cette fois-ci une bifurcation hindouiste et un bruit de cigale censé nous apaiser, puis un texte qui, pour résumer, nous affirme que l’amour nous ouvrira les portes du Paradis. Un texte prêchi-prêcha, certes empreint de poésie, mais loin de me convaincre quant à la voie à suivre, celle que les Christians souhaiteraient nous voir prendre. Et pourtant, la mélodie parvient à me transporter comme dans un rêve.
Changement de tournure avec "All Talk", le discours se fait plus vindicatif, plus en rapport avec le quotidien avec, en sous-couche, une critique de la politique autoritaire menée par Thatcher, dans une orientation très Soul Pop, avec intro de sax et une production qui nous ramène au cœur des eighties. Après un début instrumental d’une cinquantaine de secondes, porté par une mélodie oscillant entre orientalisme et transe, le discours nous invite à prendre la bonne voie, probablement celle de Dieu bien qu’il ne soit jamais nommé dans cette litanie. Cette chanson aurait mérité d’être raccourcie et le texte finit par tourner en boucle pour se perdre totalement. Avec "There You Go Again", c’est encore un mélange passe-partout de Pop eighties et de Soul qui nous emmène vers un texte plein de désillusion sur l’amour et l’amitié. Une chanson qui s’avère trop longue et qui finit par se perdre en route. Sentiment similaire avec "One More Baby In Black", titre critique envers les classes dirigeantes, un appel à se réveiller mais vers qui ? Le texte ne donne aucune indication précise, personne n’étant clairement cité, mais je vous le donne en mille. Cette foi en Dieu se retranscrit pleinement avec "In My Hour Of Need" dont le texte pourrait s’inscrire dans celui d’un Gospel Baptiste ou Méthodiste ou d’un Country Gospel bienveillant. Pour donner plus de force au message, car c’est bien un message que The CHRISTIANS délivrent en guise de fermeture, le groupe est renforcé par The London Community Gospel Choir. Mais encore une fois, si la mélodie s’avère moins accrocheuse, sa longueur (plus de six minutes) a raison de la patience des plus indulgents.

Terminons, une fois n’est pas coutume, avec le carton du disque "Words". Il s’agit ni plus ni moins d’un pompage de la mélodie de "Mná na Héireann", chanson de l’irlandais Seán Ó Riada basée sur un poème du XVIIIème siècle de Peadar Ó Doirnín. Si The CHIEFTAINS en firent une version instrumentale sur le quatrième album, la mélodie reste aussi connue pour figurer au générique du film Barry Lyndon. Cette douce mélodie connaitra une première transposition avec "Women Of Ireland" avant qu’Henry Priestman ne s’empare de l’air en y accommodant un texte de son cru. Le titre avait antérieurement connu d’autres versions via Bob James et Ronnie Montrose. Au milieu des nineties, la regrettée Sinéad O’CONNOR et Kate BUSH reprennent le titre d’origine, tandis que Mike OLDFIELD en fait un instrumental qui n’apporte pas grand-chose. Chez nous, Nolwenn LEROY met le titre dans sa besace dans l’album Bretonne. Si la présente version se transforma en hit par l’entremise de nombreux passages radios, le morceau long de 7 minutes perd une partie de sa substance en raison de paroles cruches bien éloignées du poème original.

Plus de trente ans après sa sortie, les paroles de ces 9 pistes s’avèrent proches d’une béatitude incompréhensible. Paradoxalement, on se laisse encore accrocher par la douceur de trois ou quatre airs devenus quasiment intemporels et par la voix de Gary Christian. Words reste une alternative agréable et supérieure à ce que la production anglaise nous sortait au début des nineties.

*Traduisible par : Pour les fidèles du monde entier (jamais nous ne vous abandonnerons).
**Titre homonyme à celui de John Lennon.

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   LE KINGBEE

 
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- Garry Christian (chant)
- Russell Christian (saxophone, chant)
- Henry Priestman (guitare, claviers, chœurs)
- Steve Ferrone (batterie)
- Manu Katche (batterie)
- Pino Palladino (basse)
- The London Community Gospel Choir (chœurs 9)


1. Man Don't Cry
2. I Found Out
3. Greenbank Drive
4. All Talk
5. Words
6. Community Of Spirit
7. There You Go Again
8. One More Baby In Black
9. In My Hour Of Need



             



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