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1975 Shake That Thing

Willie MABON - Shake That Thing (1975)
Par LE KINGBEE le 22 Novembre 2023          Consultée 357 fois

Willie MABON pousse son premier cri à Memphis (Tennessee) en 1925. Gamin, il étudie l’harmonica, puis se lance dans l’apprentissage du piano à l’instigation de ses parents. En 1942, il suit sa famille partie s’établir à Chicago ; après s’être passionné pour le Jazz, c’est là qu’il se lie d’amitié avec Memphis SLIM, Roosevelt Sykes et Sunnyland Slim. Appelé sous les drapeaux en 43, il doit mettre le piano de côté jusqu’à sa démobilisation en 1946. Après avoir monté son propre groupe The Blues Rockers, il enregistre en 1949 ses premières faces pour les labels Apollo et Aristocrat.
Il lui faut attendre 1952 pour connaître son premier succès avec "I Don’t Know" édité par Parrot et racheté par Chess, propriété des Frères Chess. Il récidive en février 53 avec "I’m Mad". Il lui faut attendre novembre 54 pour connaître un troisième succès avec "Poison Ivy", une compo de Mel London. Chess met fin à son contrat en 1956, le pianiste enregistre alors une poignée de singles pour Federal, Mad qui ne connaissent aucun succès.
Au début des sixties, il enregistre pour Formal et USA Records une demi-douzaine de singles qui n’obtiennent que des succès d’estime. Si son nom figure dans diverses compilations dédiées au Blues, le pianiste connaît une longue éclipse. Son répertoire proche du Blues californien n’intéresse ni le jeune public blanc adepte d’un Folk Blues, ni la population noire qui se tourne vers la Soul et les Blues de Memphis, Chicago ou du Mississippi. Les modes ont changé et MABON n’a pas su ou voulu évoluer. Il lui faut attendre le début des seventies pour réapparaître en studio, enregistrant pour Blues On Blues d’Al Smith.

Contre toute attente, c’est en Europe qu’il revient sur le devant de la scène. En décembre 1972, il enregistre à Bordeaux Cold Chilly Woman, album édité par Black & Blue, suivi quatre semaines plus tard d’un album publié par America Records. Profitant d’une tournée en Angleterre, il enregistre The Comeback en compagnie du guitariste Mickey Baker, édité par Big Bear Records, firme de Jim Simpson. Durant l’été 73, il est programmé au Festival de Montreux et décide de s’installer en France. Sa sobriété, son humour et une décontraction naturelle lui permettent d’enregistrer comme session-man, c’est ainsi qu’on le retrouve auprès de Koko TAYLOR et de Jimmy Rogers.

En juin 73, il enregistre au Studio Condorcet de Toulouse son second opus pour Black & Blue sous la houlette de Jacques Morgantini. Comme souvent, le label français lui laisse une grande liberté de manœuvre. La couverture issue d’une photographie de Jean-Pierre Tahmazian nous dévoile un pianiste enjoué et en pleine forme. Contrairement à sa première apparition chez Black & Blue, MABON est accompagné présentement d’une solide troupe dont les membres ont fait leurs armes dans le Delta puis à Chicago. On retrouve les frères Dave et Louis Myers (ex-Little WALTER, Junior WELLS) le batteur Fred Below (ex-Chuck BERRY, Howlin’ WOLF) tous trois anciens membres des Four Aces, et le guitariste Jimmy Rogers (ex-Muddy WATERS, Sonny Boy Williamson II). La cohésion et l’affinité entre les musiciens semblent couler de source, l’environnement du studio Condorcet allié aux productions Black & Blue étant propices à un excellent album. Le 8 décembre 73, c’est dans ce même studio et avec les mêmes sidemen que Jimmy Rogers enregistre That All Right, suivi cinq jours plus tard par Southside Lady, album de Koko TAYLOR.

"Riverboat" lance le disque sur de bons rails : si les premières paroles n’interviennent qu’au bout de 80 secondes, la symbiose entre les différents instruments est de mise. Une bonne mise en bouche pleine de souplesse.
De passage à Pau, le pianiste met la ville du Béarn à l’honneur avec "I Enjoy Myself In Pau", un instrumental rythmé qui conjugue le charme du Blues californien, à la manière de Charles BROWN, et celui de Chicago. On croirait entendre Ray CHARLES avec "Shake That Thing" *, titre donnant son nom à l’album. C’est clairement une invitation à la danse que nous adresse le groupe, un tempo en droite ligne avec "Hit The Road Jack" et "What ‘d I Say", deux tubes du Genius.
Willie reprend "Poison Ivy" **, une compo de Mel London enregistrée vingt ans plus tôt pour le label Chess mais, cette fois, le backing band prend soin de gommer tout soupçon de R&B, contrairement à la version d’origine. Si les pianistes-harmonicistes-chanteurs ne sont pas légion dans le domaine du Chicago Blues, Willie MABON offre une prestation convaincante avec "Hey Girl", titre qui combine un rythme à la Ray CHARLES à celui du West Side, l’harmonica contribuant à apporter une touche nettement plus proche du Delta. L’harmonica endosse encore le premier rôle sur "Worry Blues", l’un de ses premiers succès ; ce titre plus lent nous renvoie à une atmosphère plus sombre, les notes de guitare d’une sobriété déconcertante touchant la cible à chaque note.
"Hungry" ♯ se déguste comme une excellente ballade en mode shuffle. Autre bonne refourgue avec "I’m Mad" agrémenté d’un jeu de piano typiquement californien alors que la guitare de Jimmy Rogers nous renvoie aux tavernes du West Side, le tout avec des paroles à l’humour corrosif.
Sous un tempo à la Jimmy REED, "Got To Have Same" se révèle comme le parfait prototype d’un mélange entre shuffle et ballade chicagoanne. Les ivoires s’y accordent merveilleusement avec la rythmique, tandis que les guitares s’offrent quelques flamboyances avec parcimonie. Bonne clôture avec "Lover Girl", un mid-tempo dans lequel l’harmonica tisse une toile débridée entre Piano Blues et une orchestration plus proche du Mississippi.

Pianiste harmoniciste atypique, Willie MABON nous offre ici un disque dans lequel la bonne humeur plane à l’instar de son titre. Epaulé par l’un des meilleurs orchestres de Chicago Blues avec une rythmique d’enfer, MABON distille ici un album à la décontraction surprenante. Le pont entre le Blues californien, celui d’Amos MILBURN, Charles Brown ou Little Willie Littlefield et les ghettos de Chicago se franchit ici avec aisance. L’album a été réédité en 2000 au format CD par Black & Blue dans la série 'The Blues Reference' avec 7 titres bonus issus d’un concert capté à Amstelveen, banlieue sud d’Amsterdam, le 1er décembre 73. Décédé à Paris en 1985, victime d’un cancer, Willie MABON enregistrera par la suite un excellent disque avec Mighty Joe Young et également deux albums avec Jean-Paul Amouroux, grand spécialiste français du Boogie Woogie.


* Titre homonyme à celui de Papa Charlie Jackson.
** Titre homonyme à la compo de la paire Leiber/Stoller popularisée par Les Coasters et les Stones.
♯ Titre homonyme à ceux de Paul Revere et Johnny Cash.

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   LE KINGBEE

 
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- Willie Mabon (chant, piano, harmonica)
- Louis Myers (guitare)
- Jimmy Rogers (guitare)
- Dave Myers (basse)
- Fred Below (batterie)


1. Riverboat
2. I Enjoy Myself In Pau
3. Shake That Thing
4. Poison Ivy
5. Hey Girl
6. Worry Blues
7. Hungry
8. I'm Mad
9. Got To Have Some
10. Lover Girl



             



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