Il aura fallut sept années à FOGHAT pour pondre un successeur au très bon Under The Influence.
Une durée dont on ne saurait leur tenir rigueur si l’on considère que leur premier album date d’il y a plus de cinquante ans. Au regard de l’âge du groupe, un nouvel album est déjà un petit miracle en soit.

Avec ce dix-septième album FOGHAT n’a jamais sonné autant américain. En effet, Sonic Mojo est clairement ancré dans la tradition musicale américaine, évoluant entre Blues Rock, Country, AOR.
Cela sent l’hommage à plein nez. Sentiment conforté par le fait que cet album comprend bon nombre de reprises de figures du Rock américain.
Nous avons ainsi droit au "Promised Land" de Chuck BERRY (déjà repris par WASP, le GRATEFUL DEAD, ELVIS, mais également Johnny HALLYDAY et Eddy MITCHELL), présenté ici dans une version aux très fortes sonorités Country et Boogie. Un Elvis PRESLEY qui est aussi l’interprète de la version la plus connue de "Mean Woman Blues" que reprend également FOGHAT. On trouve également une version très à l’ambiance très Blues langoureux du "How Many More Years" de HOWLIN’ WOLF. Ainsi qu’une reprise de "Song for the Life" un titre de Rodney CROWELL, popularisé par le chanteur de Country, Blue Grass, Allan JACKSON. Et enfin, le "She's Dynamite" de B.B. KING et le "Let Me Love You Baby" de Willie Dixon, popularisé par Buddy GUY.
Et même lorsqu’il ne s’agit pas de reprises, les morceaux sont très fortement inspirés d’autres artistes. Ainsi, le riff principal de "Drivin' On" a tout du clin d’œil peu discret au "La Grange" de ZZ TOP
Quand à "I don’t Appreciate You", il fait terriblement penser à un mélange entre Bryan ADAMS et les PRETENDERS. Peut être la seule réminiscence des origines anglaise de FOGHAT. Car, si la musique de "Song For Life" peut évoquer un version un peu édulcorée des ROLLING STONES, c’est la facette Blues Rock de la bande à JAGGER qui est honorée.

On le voit, ce Sonic Mojo possède, et revendique, des racines très typées qui nous plongent majoritairement dans le Rock et le Blues Rock américain des années 50 à 70. Une empreinte américaine qui surprend moins lorsque l’on sait que Bryan Bassett (guitare) jouait auparavant dans MOLLY HATCHETT et que Charlie Huhn a accompagné Ted NUGENT au chant.
Cette plongée dans le passé se traduit également par la présence de trois titres qui ont été co-écrits avec Kim Simmonds, le leader de SAVOY BROWN, décédé en 2022. Sachant que Roger Earl a fait parti de ce dernier groupe lors d’un rapide passage il y a quelques dizaines d’années (tout comme environ soixante dix autres musiciens, le groupe possédant une liste assez stupéfiante de membres, pour un formation Rock « classique »). Il s’agit de "Drivin' On", de "She's A Little Bit Of Everything" et de "Time Slips Away".
Il faut avouer que cet assemblage qui pourrait sembler un peu hétéroclite de morceaux provenant d’horizons divers est plutôt bien maitrisée. On navigue en permanence entre ZZ TOP, John LEE HOOKER, John MELLENCAMP, et la scène Rock Sudiste.

Il est évident que les fans de Boogie Rock mâtiné d’AOR ou de Rock 70’, trouveront leur compte dans cet album qui distille lentement, mais implacablement, son charme. Pour les autres, si l’écoute ne sera pas désagréable, elle sera probablement peu marquante.