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1984 One More Blues

Lowell FULSON - One More Blues (1984)
Par LE KINGBEE le 6 Décembre 2023          Consultée 368 fois

Excellent représentant du Blues californien, Lowell FULSON voit le jour en 1921 dans une réserve Choctaw d’Oklahoma. Si son père se fait tuer alors qu’il est encore enfant, Lowell passe une enfance heureuse au sein d’une famille de musiciens. Sa mère chante et joue de la guitare comme deux de ses oncles. Il se lance très tôt dans l’apprentissage de la guitare en écoutant les programmes radios Country et Western tout en demeurant influencé par certains guitaristes texans Lonnie Johnson et Blind Lemon Jefferson. Au début des années 40, il intègre l’orchestre de Texas Alexander avant de rejoindre la Californie où il fait équipe avec le saxophoniste Stanley Turrentine et Ray CHARLES en attendant sa conscription. Démobilisé en 1945, il monte un trio avec le pianiste Eldridge McCarthy et le bassiste Big Dad, enregistrant ses premiers disques sous la houlette du producteur Bob Geddins. Son jeu de guitare, sa voix décontractée et voilée et son habileté à écrire lui assurent rapidement une notoriété auprès de la population noire de San Francisco.

Nettement plus éclectique que les guitaristes de la West Coast, Lowell est capable de passer du Blues Jazzy à une orchestration rurale et terrienne, secondé par son frère Marin. Lowell connaît une décennie luxuriante auprès du pianiste Lloyd Glenn et du sax Eddie Chamblee ; doué pour l’écriture, sa plume lui permet d’enfiler les hits ("Three O’Clock Blues", "Everyday I Have The Blues", "Reconsider Baby" future reprise d’ELVIS) et de connaître une fructueuse carrière chez Chess Records. Au milieu des sixties, il signe chez Kent Records, l’un des labels des Frères Bihari, et grimpe tout en haut des charts avec "Tramp", un Blues Funky à moitié parlé, repris par Carla THOMAS et Otis REDDING en duo puis par Julie Driscoll et Brian Auger.

Les modes et tendances changeant constamment, son succès s’estompe auprès du public noir au début des seventies. Fulson retombe sur ses pieds en se tournant vers un nouvel auditoire international. Devenu icone d’un Blues éclectique pouvant s’adapter à toutes les modes, le guitariste offre des shows spectaculaires où son charisme éclate sur scène. Vêtu des costumes colorés et flashy, il devient durant le début des eighties un maitre de la scène. Ses pas et déplacements savamment étudiés contribuent à mettre le public à genoux. Lowell Fulson enregistre jusqu’en 1999, participant à Blues Blues Blues, un album de Jimmy Rogers dans lequel figurent Jimmy PAGE, Mick JAGGER, Stephen STILLS, Keith RICHARDS, Eric CLAPTON et Robert PLANT. Il décède quelques semaines plus tard à Long Beach, victime de problèmes rénaux et cardiaques.

Enregistré le 11 mars à Paris au Sysmo Studio de Dominique Samarcq, ancien ingé-son de l’écurie Barclay, One More Blues bénéficie d’un super backing band. On y retrouve Phillip WALKER et son orchestre avec le batteur Johnny Tucker (ex-Eddie Taylor, Ted Hawkins), l’organiste Art Hillery (ex-Milt Jackson, Eddie 'Cleanhead' Vinson), le saxophoniste Mike 'Iceman' Vannice et le bassiste Dennis Walker (ex-Lonesome SUNDOWN, Robert CRAY) également coauteur de quatre des dix pistes.

La pochette illustrée par deux photos d’Alain Schuster nous dévoile Lowell Fulson et Phillip Walker se serrant la pogne devant un congère (la photo est prise à Val Thorens). La bonne humeur semble de mise, les deux musiciens se connaissent depuis de longues années, à l’époque où Walker était guitariste dans l’orchestre de Clifton CHENIER. Cette bonne humeur ambiante est retranscrite par le dorsal avec une photo du groupe sur laquelle le sax Mike Vannice fait le pitre avec un gros bloc de neige. Cette ambiance joviale se retrouve dès les premières secondes de "Hot Mama (Atta Ride ! Atta Ride !)" avec un sax virevoltant, une rythmique carrée tandis que les deux guitares se livrent un duel complémentaire. "I Can’t Stand It" continue sur la même directive avec une guitare Funky et un orgue Hammond proche de Milt Buckner et Jack McDuff.
Si la cadence ralentit quelque peu avec "Ten More Shows To Play", il faut savoir laisser souffler son auditoire, c’est encore une vraie démonstration de California Blues patinée de légers arômes Jazzy que nous offre le combo. Le piano d’Art Hillery semble marcher sur l’eau, tandis que la rythmique métronomique graisse tous les rouages à l’image d’une machine parfaitement huilée. Si le sax est toujours actif en arrière-plan, la guitare et le chant impriment un tempo plus rapide à "Thanks A Lot For The Offer", titre qui doit autant au Texas Blues qu’à Rockin' Blues West Coast. L’instrumental "Guitar Shuffle" vient conclure cette face A sur une bonne dynamique, le pont entre la Californie et le Texas étant allègrement franchi.

Seule reprise du disque, "One Room Country Shack", une compo du pianiste Mercy Dee gravée pour Specialty, se retrouve ici gommé de sa sonorité Barrelhouse. Si le titre a fait le bonheur de nombreux pianistes (Otis SPANN, Sunnyland Slim, Mose Allison), il tombe par la suite dans l’escarcelle des guitaristes ; John Lee HOOKER en délivre une version hyper terrienne, tandis que Buddy GUY en livre une interprétation électrique de haute tenue. Ici, si l’Hammond nous tisse un décor d’église, les guitares aériennes nous renvoient à un Slow Blues californien de toute beauté. L’une des meilleures reprises avec celles de Jimmy Burns ou Ana POPOVIC.
La voix nonchalante, légèrement voilée, nous délivre son lot d’émotion sur "Your Love Me Is Gone". Derrière de délicats pizzicatos de pianos et un sax espiègle, les deux grattes font la jonction entre le piano de Charles Brown et la six cordes de T. Bone Walker. Impression identique avec "Worried About The Blues". Si l’orgue donne les premières mesures de "Think About It", les guitares prennent doucement le relai, entrecoupé par un sax aussi sobre qu’incisif. Chose rare, c’est la chanson titre qui vient clôturer ledisque. Encore une fois, tous les instruments semblent en symbiose, chacun d’eux ne cessant de mettre les autres sur un piédestal.

Contrairement à un bon nombre de productions eighties, ce disque s’appuie sur une production sans poudre aux yeux. La cohésion entre les musiciens semble couler de source, alors que le répertoire personnel s’inscrit pleinement entre le West Coast Blues et son homologue texan. One More Blues perpétue l’excellence d’une longue liste d’albums édités par Blue Phoenix Records (Buster BENTON, Jimmy JOHNSON, Luther Johnson Jr.). Ce disque a été réédité en format CD par Black & Blue avec un bonus dans sa série Blues Reference. Le label américain Evidence a lui aussi publié le disque au format CD avec une pochette différente et sans grand intérêt.

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- Lowell Fulson (chant, guitare)
- Phillip Walker (guitare)
- Dennis Walker (basse)
- Johnny Tucker (batterie)
- Art Hillery (piano, orgue)
- Mike 'iceman' Vannice (saxophone)


1. Hot Mama (atta Ride! Atta Ride!)
2. I Can't Stand It
3. Ten More Shows To Play
4. Thanks A Lot For The Offer
5. Guitar Shuffle
6. One More Country Shack
7. Worried About The Blues
8. Your Love For Me Is Gone
9. Think About It
10. One More Blues



             



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