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SWAMP PUNK BLUSEY   |  STUDIO

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NO JAZZ QUARTET - You’re Gonna Leave The Building Soon (2023)
Par NOSFERATU le 5 Décembre 2023          Consultée 1569 fois

Comme le dit le nom du groupe, on n’est pas en présence d’un quartet jazzy, mais bel et bien d’un quatuor marseillais rock pur et dur.
Marseille a toujours été une ville rock finalement, et depuis les origines de la 'musique du diable'. On citera les carrières exemplaires, dans le désordre chronologique, de WILD CHILD, COWS BOYS FROM OUTER SPACE, KILL THE THRILL et autres BELPHEGOR’S pour illustrer ce propos.
Le pedigree de nos faux 'jazzeux' est d’une longueur affolante, tous déjà opérationnels dès les années 80. Ces malfaiteurs du rock souterrain du coin se sont toujours foutus des modes et des 'revivals' à deux balles. Ils se sont contentés d’être des activistes de la cause régionale. Encore une fois, on parle ici de rock fédéral 1 ou 2, pour être dans le jargon sportif. Se fichant éperdumment d’une quelconque reconnaissance médiatique, la passion a toujours été le carburant nécessaire à ces 'camés' qui se sont envoyés par intraveineuse de la musique alternative depuis leur adolescence tourmentée.
Jugez en effet du cv de ces acteurs du 'massilia sound high energy'. Actuellemnt tenancier du magasin Lollipop, le guitariste Sonic polo a ferraillé dans une pléthore de groupes punk/garage dans différentes villes au sein de HOLY CURSE, sorte de NEW CHRISTS hexagonaux. Il a croisé le fer avec les 'metalleux industriels' de TREPONEM PAL et participé à la geste destroy des fous furieux 'punks stoniens' de KEITH RICHARDS OVERDOSE, entre autres escapades justement soniques.
Manu Trolux et James Mc Clellan ont joué ensemble au sein d'ELEKROLUX, excellent trio 'garage noise' marqué par les mélodies déviantes du GUN CLUB. James était déjà en mode commando dès les années 90 où son passage avec ses BUGS à Aix-en–Provence a marqué les esprits locaux, dont votre serviteur qui l’avait interviewvé pour le fanzine local dénommé Agitato.
Au départ, nos malfrats se font les dents sur des 'covers' au vitriol de YOUNG GODS et autres groupes en marge, avec le bassiste Eric Trolux, lui aussi ancien ELEKTROLUX et désormais gourou post-punk de l'actuel CATALOGUE.
Exit Eric, Pierre Benigni s’attelle à la basse, après avoir navigué dans l’univers underground de la mouvance garage/mods régional (entre Avignon, la ville des RAMBLERS et Toulon, le fief des CRYPTONES, pour situer l’axe géoculturel) en étant membre des MOCKERS.
L’album est sur l’historique label Closer records dont on rappelle qu’il fut notre Sub Pop ou notre Trance syndicate à nous, opérationnel au Havre dès 83, avec les différents sociétaires des scènes 'garage/hardcore/alternos' d’ici (THUGS, KID PHARAON AND THE LONELY ONES, FIXED UP…) et d’ailleurs (DREAM SYNDICATE, BAD BRAINS, BARRACUDAS…) qui figurent sur le catalogue.

Enregistré au studio 54 à Marseille, le résultat est grandiose pour tous ceux qui aiment le rock décalé et malmené. On retrouve des traces du GUN CLUB comme dans ELEKTROLUX, mais pas uniquement : le quatuor a visiblement ingurgité non seulement les sonorités propres au 'garage punk' mais aussi des influences noises (école Amphetamine Reptile), post punk, voire no-wave et même psychédélique (on y entend à un moment du sitar joué par Pierre). Cet agencement singulier bruit/mélodie renvoie ainsi à une contre-culture musicale souterraine salutaire apprise avec l’expérience des années d’activisme forcené.
Du désespoir certes, mais aussi de la lumière, des 'riffs barbelés' qui vous retournent le cerveau reptilien, et des lyrics 'littéraires' évitant les ambitions pompeuses à la FEU ! CHATTERTON dénote toutefois avec ceux exposés par les ritournelles 'sex drugs and rock n roll' des inonnombrables gangs 'garage/high energy'.
Sonic polo, à la guitare comme à la voix, répond aux rugissantes injonctions 'nickcaviennes' période BIRTHDAY PARTY de son compère James Mc Clellan, lui aussi s’attelant aux deux rôles (flagrant sur 'the dark wind').
Le blues (au sens évidemment non académique) rencontre ainsi les expérimentations tarabiscotées de la no wave mais sans sombrer non plus dans l’expérimental complet. On est plus proche d’un JON SPENCER que d’un JOHN ZORN en gros. Le post-punk décharné de THE FALL se transforme en blues swamp de GALLON DRUNK au cours d’une prodigieuse transmutation bruitiste.
Dès le premier titre, "The Lost Trail", on plonge ainsi dans les marécages d’un swamp rock retord dans le style de BEAST OF BOURBON, doublé d’une fausse balade bluesy crade. "Thermodynamic Love" est une sorte de Punk noisy, pas loin de la folie de LAUGHNING HYENAS. "The Flower On the Wall" sonne comme du BAD SEEDS en plus couillu. Dans la même lignée, "And Then I Saw the Bird" nous remmémore la fournaise de "Junkyard" de BIRTHDAY PARTY.
Tout est parfait, mais le top du top reste certainement "Three Kinds of Snakes" à la fois psychédélique et terriblement mordant, avec un mémorable passage vocal à la JEFFREY LEE PIERCE.

Voici un concentré crucial de rock underground qui dépote grave, à la fois classe et destroy. Pour vous mettre dans l'atmosphère, il est minuit, on est dans un bar moite de Marseille de la plaine et on s’enfile des verres de whisky à son écoute.

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- Sonic Polo (guitare, vocaux)
- Manu Trolux (batterie)
- Pierre Benigni (basse,sitar)
- James Mc Clellan (guitare, vocaux)


1. The Lost Trail
2. Thermodynamic Love
3. Flower On The Wall
4. Dark Wind
5. The Last Man On Earth
6. And Then I Saw The Bird
7. Three Kinds Of Snakes
8. Uttar Pradesh
9. Good Riddance



             



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