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1989 God's Balls
1990 8-Way Santa

E.P

1990 Salt Lick

TAD - God's Balls (1989)
Par NOSFERATU le 8 Décembre 2017          Consultée 1669 fois

1990. Allant chez mon disquaire de l’époque, le fameux « mad bag disk » que tout Avignonais fan de punk hardcore, et plus généralement de rock alterno, a dû connaître, je tombe sur cette pochette de disque montrant trois gugus, un plutôt imposant, l’air débonnaire, et les têtes de ses deux acolytes derrière, les cheveux plutôt mi- longs et gras. Des gens comme tout le monde donc. Le tenancier du coin, un ancien punk cinglé, me fit un gros rictus du genre : « Ca, ça va te plaire ». Je me souviens encore de son rire nerveux qui suivit, un rire qui résonna jusqu’au palais des papes et dans le ventre de la maman de l’ami Marco encore embryon à ce moment-là ! Allez, on l’achète sans même l’écouter.

Arrivé chez moi, je crois bien que j’ai terrorisé tout le quartier vu le contenu particulièrement incendiaire qui se dégageait de l’album. C’est bien simple, j’écoutais le vinyle, je le remettais. J’attendais cinq minutes puis je le réécoutais etc. Je me disais, « il y a un truc là, on ne peut pas faire plus agressif ». Jusqu’alors, STOOGES, BIRTHDAY PARTY, BIG BLACK, SLAYER, NAPALM DEATH, BUTTHOLE SURFERS avaient atteint les limites de la décence sonique (je mets de côté les scènes no wave ou industrielles qui relèvent plus du domaine expérimental). Ici, « les couilles de Dieu » allaient en effet beaucoup plus loin au niveau de l’invective. D’où venaient d’abord ces types mal famés ?

A l’origine, le projet se forme en 88, autour d’un certain Tad Doyle dont le physique hors normes (il devait peser une tonne à l’époque) en impose. Cette créature était à la base un garçon boucher. Le fait de découper quotidiennement des carcasses (CARCASS ???) a dû engendrer un état d’esprit profondément nihiliste. Autant s’exprimer dans un rock carnassier, à défaut de se lancer dans une carrière « mansonienne » de « serial killers ». La bestiole a roulé le tambour au sein des très underground H-HOUR. Il s’accoquine alors avec un bassiste, Kurt Danielson, qui sévissait dans BUNDLE OF HISS. Tous deux partagent les mêmes centres d’intérêt musicaux provenant du post punk (GANG OF FOUR en tête !) et du heavy crade « seventies » (BLUE CHEER, BLACK SABBATH …).

Tad abandonne alors la batterie pour se consacrer aux vocaux démoniaques et à la gratte, celle-ci jouée évidemment d’une façon abrasive. Il faut aussi un batteur pour monter le sauvage trio. Il le trouve avec Steve Wied qui a joué avec SKINYARD deux ans auparavant, combo qui a bien marqué les esprits tordus des membres des MELVINS, des GREENRIVER et autres SOUNDGARDEN, en gros toute la scène déviante de cette côte ouest des States que l’on va bientôt dénommer « grunge »… Gary Thorstensen, guitariste lui aussi sanguinaire, se joint à cette entreprise menaçante qui devient un quatuor aux aguets. Autant s’appeler TAD. Doyle impose son prénom car finalement il sonne très « freak américain ». Vous savez, le genre de personnage décalé visionnant un peu trop les vidéos de « massacre à la tronçonneuse ».

Sub pop, label local en train d’émerger consacré à tout ce courant explosif de la région de Seattle, s’intéresse à la bande à Tad. Jack Endino, ex SKINYARD lui aussi, (on est dans les relations endogamiques localement à cette époque!) est estomaqué par les sonorités furibardes du gros Tad que l’on va rapidement appeler le Crokus Behemoth. Un premier single suit, le très noise/heavy rock « Daisy/Ritual Device ». L’album arrive par la suite. C’est le très couillu (oui c’est facile !) « God’s balls ». Ce dernier se démarque de différentes scènes. Ce n’est pas du punk hardcore, les riffs ne sont pas assez rapides. Ce n’est pas du métal, fut-il thrash. Ce n’est pas non plus du post punk « killing jokien ». Ce n’est enfin pas du « heavy rock seventies proto stoner », c’est en fait une synthèse de tous ces genres avec toutefois une nette personnalité bien atteinte mentalement.

Dès « Behemoth », le premier titre, on entre ainsi dans un univers psychiatrique démentiel, une sorte d’orgie zoophile, une bacchanale hallucinante qui bat déjà toute concurrence. Après l’introduction désopilante marquée par des rires sardoniques, on croirait entendre des clowns inquiétants dansant un jerk préhistorique. Une rythmique de brontosaure surgit, (ce que j’ai pu ramper dans les soirées sur ce morceau ah ah ah !), la batterie y est tribale à souhait et le tout angoissant au possible.

Le reste du microsillon reste dans cette dangereuse tonalité avec des intros noisy souvent hyper brutales (“helot”), des hurlements supra agressifs et graves (les cris de malades mentaux de “nipple belt”) ne sombrant pas dans les “grunts” souvent caricaturaux du hard rock extrême, des riffs à la fois lourds et planants quelquefois saccadés (“helot”), une tension féroce, des tics sabbatiens (“Cyanide bath”).
Dans le détail, “Porl chop” ferait passer le death métal pour les comptines de Soeur Sourire. Ce morceau est une sorte de relecture du “no fun” des STOOGES anéanti dans une fournaise qui emprunte au noise rock le plus retors. La guitare y imite les barrissements d’un animal que l’on égorgerait (quand je vous parlais plus haut de boucherie, c’est à prendre au sens quasiment propre du terme!).

“Tuna car” emprunte au hardcore rapide et dissonant d’un BLACK FLAG. La guitare du sautillant “Satan’s chainsaw” est influencée par le jeu délirant de Greg gin, le mortel gratteux du mème drapeau noir. Le redoutable “Hollow man” est quasi sludge (courant dans lequel s’engouffreront tous les BUZZOVEN de la terre) avant la lettre, TAD a encore une fois bien écouté le “my war” du gang à HENRY ROLLINS.
Ce que l’on discerne, c’est aussi cette synthèse dingue de l’ambiance new wave glauque (selon les dogmes d’un KILLING JOKE) et du heavy le plus primaire. Le post punk bestial de “Sex god missy” est ansi une sorte de WIRE première période qui aurait appris des leçons chez MOTORHEAD. Mais, de cette étrange alliance à priori irréconciliable, le must de l’outrage, serait sans contestation possible l’infernal “boiler room”. Un peu comme si BIRDHDAY PARTY massacrait BLACK SABBATH, à 2 minutes 38 on atteint d’ailleurs des domaines jusqu’alors non explorés dans l’ultra violence, frisant l’hystérie auditive (quand on pense que certains croient que les “gentilles chansonnettes” de futurs tacherons grungy à la ALICE IN CHAINS sont des abîmes de noirceur, je leur conseille juste d’écouter ce passage !).

A la fin de l’écoute, on imagine sérieusement que le troupeau du crokus en question dans le studio n’a pas fait de quartiers, au sens littéral de l'expression. Il a laissé toute cette bidoche par terre et les murs sont éclaboussés de sang. En gros, les méchants du film « Délivrance » ont formé un groupe de rock.

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- Kurt Danielson (basse)
- Tad Doyle (hurlements, guitare)
- Gary Thorstensen (guitare)
- Steve Wied (batterie)


- behemoth
- pork Chop
- helot
- tuna Car
- sex God Missy
- cyanide Bath
- boiler Room
- satan's Chainsaw
- hollow Man
- nipple Belt



             



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