C'est le troisième album solo de Bruce SOORD, chanteur et leader émérite du groupe de rock progressif The PINEAPPLE THIEF. Bruce y dévoile de nouveau la facette épurée qui le caractérise dès qu’il s’éloigne des voleurs d’ananas. Le titre de l’opus Luminescence nous en avertit : nous sommes face à une lumière froide (par opposition à l’incandescence, lumière chaude qui se rapporterait plus à son œuvre collective). Une guitare acoustique, quelques beats électroniques, un peu de basse et de superbes arrangements de cordes (co-signés avec Andrew Skeet qui joue aussi des claviers) emmènent douze chansons assez courtes aux thèmes intérieurs et intimes axés sur la recherche de sa paix intérieure dans un monde de plus en plus fou.

Le style de l'album est un rock très apaisé, finalement proche du folk, avec de jolies touches pop distillées au fil du disque. Le ton général est mélancolique, mais également baigné d’espoir. Les chansons ont été composées principalement sur la route, au fil des étapes abordées par le groupe britannique. La superbe pochette est en parfaite cohérence avec le titre et les thèmes abordés par l’album.
Attention toutefois : qui dit simplicité et économie de moyens ne veut pas dire absence d’ambition. Les titres concoctés par Bruce, fin mélodiste et arrangeur, cachent de petits trésors de composition. Une écoute attentive révèle une profondeur et une ambition loin d’être accessoires. Les douze titres qui nous sont proposés transpirent en effet de beauté, d’émotion, de classe et de simplicité et sont en outre d’un niveau élevé et très homogène.

Parmi les pépites de l’album, "Dear Life" nous séduit d’emblée grâce à l’accordage atypique de la guitare en intro, et à sa superbe mélodie. La vidéo qui l’accompagne est également fort jolie. J’aime également beaucoup "Olomouc", titre un peu plus entraînant, parfaitement délicat et subtil et au refrain irrésistible. "Never Ending Light" est un superbe morceau assez lent que je verrai parfaitement interprété par THE PINEAPPLE THIEF en version plus électrique, alors que "Day Of All Days" est profondément intime avec ses quelques notes de guitare qui flottent avant que la superbe voix de Bruce vienne nous parler de ce jour de vérité. "Stranded Here" et "Lie Flat" font également partie des belles réussites de l’album, avec des recettes assez similaires, le second titre s’avérant néanmoins un peu plus entraînant avec de légers beats électroniques, alors que de jolis et discrets chœurs féminins se posent sur le premier. A noter enfin que deux titres sont très courts, "So simple" la bien nommée qui nous montre qu’une belle idée peut se suffire à elle-même et se développer en deux petites minutes, alors que "Read To Me" nous entraîne dans un joli et bref voyage. "Rushing" pour sa part est un chouette instrumental mâtiné d'électro à l'intro qui me fait penser à "Dogs" du FLOYD alors que "Find Peace" vient joliment mettre un terme à l'album, la quête étant achevée.
Il est finalement très difficile de faire le tri dans ce travail d’orfèvre, tout étant finement et savamment ciselé, parfaitement produit, et voué à être écouté dans son intégralité, pour 40’ de calme et de douceur dans notre monde de brutes.

Bruce SOORD confirme avec élégance, simplicité et classe tout le talent qu’on lui connait avec THE PINEAPPLE THIEF. Il est décidemment un artiste à suivre quels que soient les rivages sur lesquels il choisit de poser ses notes. Ceux qui l’auraient manqué en version solo fin septembre ont une séance de rattrapage en février avec le groupe au grand complet, à l’Elysées Montmartre pour les Parisiens, d'autres dates étant prévues en mars en province. En attendant, ne vous privez pas du bonheur d’écouter ce fort bel album.