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2023 3d Country

GEESE - 3d Country (2023)
Par K-ZEN le 17 Décembre 2023          Consultée 400 fois

Les oies aboient, la caravane passe. Ainsi soit-il.

GEESE donc. Rien à voir avec les GOOSE, électro-belges jouant apparemment parfois aussi du rock, ni avec leurs homonymes américains plus indie.

Ici, on parle bien d’oies gambadant dans des terres sauvages. Sur leur chemin, elles vont sans doute rencontrer cet homme à la stature pour le moins étrange (ce fameux blues de la gravité l’animant ?). Allongé sur le dos mais les jambes comme aimantées par un ciel chargé en nuages, il semble prendre un bain solaire voire atomique, le visage dissimulé sous un chapeau protecteur. Une ombre portée se découpe sur la plaine toutefois, peut-être cette imposante montgolfière qu’on peut voir au dos, approchant dangereusement, réminiscence du canular imaginé par le petit farceur rotterdamois Hans Pfaall ?

Deux autres interrogations préliminaires à éclaircir. Un homme ? Véritablement ? Pourquoi ? Et puis photographie ou peinture, quand on semble distinguer quelques traînées d’huile sur jambes et pieds ? La vérité réside peut-être entre les deux, une statue de cire tombée des cieux n’ayant pas encore commencé à fondre. Ce qui est certain, c’est que, contrairement à cet être, GEESE ne vient pas de nulle part.

Le quintet articulé autour de Cameron WINTER au chant, Gus GREEN et Foster HUDSON aux guitares, Dom DiGESU à la basse et Max BASSIN derrière les fûts a uni ses forces en 2016, commençant à répéter activement et à enregistrer du matériel. Cependant, la perspective de poursuivre leurs études sema le doute dans l’esprit des cinq jeunes hommes en 2020 jusqu’à l’instant où leurs démos attirèrent l’attention curieuse de labels réputés comme 4AD ou Sub Pop. Finalement, ils optèrent pour Partisan.

Leur premier disque est ainsi sorti en octobre 2021, encensé par la critique mais passé totalement inaperçu pour ma part. L’époque était trouble, je crois que j’étais plus obnubilé par le dernier THIÉFAINE à cet instant. Quoiqu’il en soit, Projector, produit par Dan Carey, architecte de force livraisons des groupes les plus en vue du moment, proposait un post-punk typiquement new-yorkais, assez loin des assemblées boisées que sa jaquette offrait à observer. Nous y viendrons sans doute dans un second temps.

Son successeur 3D Country sort deux ans plus tard, toujours sur Partisan mais bénéficie d’un changement de producteur, convoquant un James Ford prenant même par instants la guitare. Une réelle volonté se manifestant par un son plus coloré et flamboyant, passant de l’urbanisme gris à un cadre plus campagnard et solaire, un peu à l’image de cette jaquette en fait. "2122" en donne un indice décisif d’entrée.

Le titre convoque mythologies multiples et mondialisées dès sa première phrase prononcée a cappella par un WINTER totalement débridé, sa voix mêlant intonations vues chez un ELVIS et l’aspect théâtral d’un Nick CAVE sans sa noirceur parfois maladive. Un chant raccord à son cadre musical dangereux fait de montagnes russes, symétrie et ruptures, jouissif saccage de classiques hard rock des années 70 où des animaux s’étaient invités : "War Pigs" ou plus justement "Black Dog" envoyé par un LED ZEPPELIN à la sauce cajun.

Car oui, malgré son premier abord album à guitares indéniable – "Crusades" et son riff très héroïque3D Country réunit à sa table d’autres convives cosmopolites : Americana, indie, country, ce que l’on nomme southern rock et soul avec ses innombrables chœurs féminins. Tout autant que les CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL qui clamaient être nés dans le Bayou, GEESE pourrait à présent revendiquer la même paternité, s’attablant au cœur d’un orchestre se produisant dans la moiteur de la Nouvelle-Orléans, où Dr JOHN et Mink DeVILLE sont les musiciens les plus attendus ; Elton JOHN, Elvis COSTELLO et Joe JACKSON patientant sagement en coulisses.

Toutefois, quelques dingueries sporadiques et déroutantes se maintiennent, fièvres des grands espaces ravivant diffusément dans notre mémoire les racines post-punk du groupe, "Mysterious Love" et le longue-durée "Undoer" endossent avec un certain succès le rôle de pourvoyeurs officiels de crises d’épilepsie avec l’image d’un Frank ZAPPA pouvant parfois s’imposer dans l’esprit des plus curieux.

Un album d’une richesse insondée et insondable qui me semble gagner en gamme à chaque nouvelle écoute.

3.5/5 arrondi à 4.

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- Cameron Winter (piano, basse, chant)
- Gus Green (guitare)
- Foster Hudson (guitare, percussions, chant, cris)
- Dom Digesu (basse, batterie)
- Max Bassin (batterie)
- Audrey Martells, Lajuan Carter, Jenny Do (chœurs)
- Katie Jacoby (alto)
- Tomoko Akaboshi (violon)
- Alon Bisk (violoncelle)
- Sam Revaz (piano)
- James Ford (guitare)


1. 2122
2. 3d Country
3. Cowboy Nudes
4. I See Myself
5. Undoer
6. Crusades
7. Gravity Blues
8. Mysterious Love
9. Domoto
10. Tomorrow’s Crusades
11. St. Elmo



             



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