So Sorry est le premier album de SINCLAIR depuis 2011, date de sortie de son album éponyme.
Certes, le bonhomme n’est pas resté inactif musicalement durant cette période, puisqu’il a produit un E.P en 2021 et quelques B.O de films. Mais le retrouver avec un album complet et original est un mini-événement, d’autant plus que le temps ne semble pas avoir eu de prise sur son style.
En effet, l’album s’ouvre avec "Elle dit", un morceau qui nous replonge aussitôt dans l’univers si particulier, mi-Rock, mi-Funk, de SINCLAIR, avec toujours cette basse grave très présente et cette ambiance Soul si bien maîtrisée. De plus, encore une fois, une voix sensuelle ruisselle sur ce titre.

Les treize pistes naviguent entre morceaux Groovy et dansants ("Elle dit", "Ca manque"…), et chansons plus langoureuses et typées 'Love' ("Liquide", "Hier s’efface"…). Le tout, dans un équilibre qui s’avère assez heureux.
Nous sommes aux confins du Rock, du Funk, de la Soul, avec une petite pointe de psychédélisme qui mériterait d'ailleurs d'être un peu plus explorée. S’il n’y a pas de grosses surprises, il y a lieu de constater que le savoir-faire est indéniable et que le plaisir d’écoute est bien toujours présent.
Soit, quelques morceaux sont un peu dispensables ou décalés. Pas mauvais, loin s'en faut, mais un peu trop convenus ou propres. Ou alors pas en phase avec le style de l’album. Je pense surtout à "Badman" qui aurait mérité d’avoir le statut de titre Bonus tant il dénote avec le reste de l’album. Ou bien à "Sauvage et sans email" qui sonne de manière un peu caricaturale.
Mais, à côtés de ceux-ci, nous avons une tripotée de très bons titres. C’est ainsi le cas du syncopé et assez irrésistible "Météores" ou du très langoureux "Elle dit" qui se révèle tout aussi convaincant, et surtout, de la pierre angulaire qu’est "So Sorry", de plus de huit minutes (sans parler de son prolongement avec "So Sorry - Edit"), qui permet à SINCLAIR de briller aussi bien comme compositeur qu’interprète et arrangeur. C’est sensuel à souhait et cela débouche sur une très belle partie de guitare qui, sur fond de Saxophone, évoque un croisement entre PRINCE et TOMAWAK, du feu Thomas Kuhn. Jouissif ! On a hâte de découvrir la version de quatorze minutes qu’il évoque dans un teaser vidéo.
Et j'aimerais le voir s’aventurer encore plus dans cette voie, dans cette Soul teinté de Rock et de psychédélisme, dans laquelle il semble s’épanouir avec talent.

So Sorry est un bel album qui parvient à rappeler à notre bon souvenir cet artiste un peu singulier dans le panorama musical français, tout en proposant des titres qui tiennent sacrément bien la route.
Pas renversant d’originalité au regard de ce qu’il nous a déjà proposé, mais vraiment bien troussé et très agréable.