Ils commencent à avoir de la bouteille, nos petits américains de FIRST TO ELEVEN qui, depuis leurs bords du lac Erié en Pennsylvanie, ont passé les quatorze dernières années ensemble à proposer des reprises rock plus ou moins efficaces de tubes divers, avec toujours la même formule de clips YouTube spartiates et autocentrés, tous à l'honneur de leur jolie chanteuse Audra Miller. En streaming, il est possible d'écouter leur grosse quinzaine d'albums de covers, mais cette année, l'E.P de Noël retient particulièrement notre attention, plus que l'album de 2019 qui portait le nom A Very First to Eleven Christmas lui aussi.

Ce dernier était déjà sympathique, mais un mini-disque de 15 minutes et quelques suffit à montrer l'avancée du groupe en peu de temps, et de manière plus diversifiée. "Like It's Christmas" est un clin d'oeil aux JONAS BROTHERS, magnifié par la voix acidulée de la chanteuse et ses harmonies, avec un bon shuffle, des riffs gras et des ruptures hard-rock bien senties vers le final. Frais et efficace, quoiqu'un peu trop nonchalant, avec une batterie lointaine et peu d'aspérités.

"Winter Wonderland", grand standard de Bing CROSBY, est une joyeuse pagaille où se mêlent la musicalité du groupe optant pour une rythmique binaire tandis que la chanteuse reste en ternaire, de même que la bande passante de l'orchestre swing en fond. Une idée sacrément chic pour ce qui restera sans doute l'une des reprises les meilleures et plus originales du morceau. On retrouve l'habitude (comme pour "Rockin' Around the Christmas Tree" en 2019) qu'a le groupe de ralentir la batterie au moment des refrains, et la chanteuse révèle plein de belles intentions.

De manière très attendue, le célébrissime "Run Rudolph Run" de Chuck BERRY propose la même formule, avec une énergie communicative, un solo de guitare en shred rudimentaire mais aussi une accélération finale savoureuse, ponctuée d'envolées vocales. "The Christmas Song" calme le jeu pour une ballade blues en arpèges clairs, un solo qui emploie une saturation très légère, une voix en falsetto, une basse mélodique, un piano crème. Bref, beaucoup de classe ici, à écouter à loisir durant le réveillon quand les étoiles, y compris au sommet du sapin, brilleront.

Le clou du spectacle, c'est quand même la reprise de "The Twelve Days of Christmas", chanson traditionnelle basée sur la répétition, qui ajoute une phrase à chaque couplet, jusqu'à douze, comme le nombre de jours, pour décrire l'obtention d'un nouveau cadeau. Cette chanson a souvent donné lieu à des parodies même sérieuses, jusque dans un film japonais dédié aux Tortues Ninja (merci au Joueur du Grenier de nous l'avoir bien remise en tête !).
FIRST TO ELEVEN opte ici d'abord pour un vers principal où il se cite lui-même avant de tourner les choses à sa manière. C'est surtout la progression musicale qui est intéressante, puisque ledit vers/première strophe/premier jour, chanté a-cappella par miss Audra et rapidement comme une comptine, est enchaîné à la seconde strophe/deuxème jour, avec le groupe entier et dans une version doom-metal marrante.
On poursuit avec du speed comme du destroy au fil des jours, ainsi que divers genres comme la drum'n'bass (cinquième jour), le rap (septième jour), la folk/country (sixième et huitième jour), le reaggaeton 'de l'espace' (dixième jour), et même le twist hard-rock (douzième jour). Très haché mais formateur, plein de moments aussi drôles que jolis, le tout condensé en une poignée de minutes, cette reprise montre que les grands ados, depuis leur garage, ont plus d'un tour dans leur sac et pourraient faire tant de choses, si possible (tout comme "Winter Wonderland"), en ne comptant pas que sur eux-mêmes à l'avenir.

Note réelle : 3,5