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- Membre : Bande Originale De Film

Guillaume ROUSSEL - Les Trois Mousquetaires - Milady (2023)
Par MARCO STIVELL le 2 Janvier 2024          Consultée 402 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le deuxième volet des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon se nomme Milady, car dans le meilleur roman qui soit, elle est effectivement au centre de l'action, tissant ses méfaits comme autant de fils d'araignée, venimeuse avec ça. En termes de poison, la pauvre Constance Bonacieux pourrait facilement être témoin à la barre pour défendre nos mousquetaires et lord De Winter, le frère de Milady, face aux pisse-froid qui dédaignent la fin du roman. Cette fin noire qui fait froid dans le dos, certes, mais qui reste la meilleure fin, quoiqu'on en dise. Evidemment, elle n'apparaît pas ici dans ce deuxième volet, pas encore si la conclusion proposée nous apporte un troisème volet comme il est possible de le croire. À moins que le fils d'Athos, nommé Joseph ici (en lieu et place de celui qu'il a eu dans le texte avec la duchesse de Chevreuse, à savoir Raoul, le futur fameux vicomte de Bragelonne), ne devienne Mordred dans une possible adaptation de Vingt Ans Après... Nous verrons.

Point de frère De Winter ici, mais une belle mise en avant de celui d'Athos créé spécialement, et pour une nouvelle tournure des événements de La Rochelle, tout aussi héroïque mais sombre, comme voulu depuis le départ donné par D'Artagnan il y a quelques mois. On retrouve nos Eva Green, Vincent Cassel, François Civil, Romain Duris etc. avec le plus grand plaisir, pour de bonnes variations scénaristiques à un niveau de cinéma français rarement atteint dans le modernisme grand public-grand spectacle. Et puis le capitaine de Tréville demeure présent, quitte à enlever de sa présence au cardinal de Richelieu, pour mieux nous signifier que chez Bourboulon, le vrai méchant se trouve ailleurs. Mention spéciale à la scène de la crucifixion en pleine mer, à celles également chez le duc de Buckingham (y compris le duel 'enflammé') où l'on ne s'attendant pas à revenir ainsi. Naturellement, le coeur se serre à certains moments-clef, l'espoir se trouve bien malmené. C'est là une marque profonde et solide des grandes histoires, quand elles ne peuvent bien se terminer.

Le problème reste toutefois le même, avec une bande originale signée Guillaume ROUSSEL qui apparaît belle et de qualité dans ce qu'elle propose, mais qui se révèle malade. Trop malade, et pourtant dans un ensemble sonore très espacé. Entre "Vers la Rochelle" et "Athos et Joseph", environ quarante-cinq minutes comme pour le premier volet D'Artagnan, les marches lentes et dramatiques de cordes dépressives/désespérées et de cuivres solennels ne se comptent plus tant il y en a. L'écoute sur disque est éprouvante par l'emploi régulier de la nuance sonore 'pianissimo', qui impose un volume bas, sur de nombreuses conclusions, transitions. Le travail est beau, certes, mais est-ce adapté pour du Alexandre Dumas, même dans les tons les plus gris ? On croirait entendre un éloge funèbre tout le long quand peu de moments sont réellement concernés. Où sont donc passés l'allant, l'humour ? Parce que, pour ce dernier, Porthos et Aramis n'ont rien oublié !

Hélas, la musique de Guillaume ROUSSEL nous renvoie constamment à une époque moderne qui voit/veut voir sa fin venir, évoque les dystopies tant prisées d'une certaine frange du public actuel. Pas une seule note baroque alors que nous sommes censés être en plein dedans. À la place en revanche, la machinerie électronique quand elle est nécessaire au niveau rythmique, pas que les moments d'action comme l'assaut de La Rochelle ("Citadelle"). Le problème est qu'aucun morceau ne se distingue vraiment, entre la "Sortie en Ville", "Richelieu" ou "La Prière de D'Artagnan". Si on reconnaît sur "Vers la Rochelle" le thème principal proposé lors du premier opus, seul le rapprochement entre notre héros et Milady convainc réellement par sa progression, en un crescendo frileux, sinueux et beau, avec un peu de célesta en fond.

Outre les cordes orientales de "Un Amour Maudit", il faut attendre "Athos et Benjamin", le thème des frères, pour avoir quelque chose de grand, suivi de près par "Une Dernière Volonté", en montée et solo de violoncelle. Le "Procès Tréville" propose enfin un bel effort en terme de ballade que l'on peut retenir, tandis que les braises font pratiquement sautiller l'orchestre sur le duel épique illustré par "Le Feu Qui Te Consumera". Il faut donc prendre son mal en patience pour déceler le meilleur et plus adapté dans cette oeuvre Milady, d'un point de vue musical. Pour ce qui est du CD, malheureusement, le jeu n'en vaut pas autant la chandelle que, à la sortie du travail en pleine nuit, de courir en centre ville chargé d'histoire pour un film tant attendu (et qui tient ses promesses) dans un cinéma traditionnel, celui voulu pour la chose, débarrassé (ou presque) de tous les faquins bavards et laissant leurs smartphones allumés.

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« D'Artagnan, cher ami, écoutez donc un peu. Je vais vous conter quelque chose, à propos d'un ami, mais vous n'êtes pas obligé de croire qu'il existe, ni que je ne veux point user de perfidie rhétorique pour dissimuler le fait qu'en réalité, cet ami et ma personne ne faisons qu'un. À l'âge adulte, et à plus forte raison quand on est homme, on est roublard, retors ; on se doit de garder les mains blanches, propres. On dit que seul l'alcool permet de délier les langues, provoquer les faits, rendez-vous compte ! Si vous trouvez cela ennuyeux et que vous vous rebellez, grand bien vous fasse, et même en l'état, je ne vous donnerai point tort.
(…) Voilà donc, cher D'Artagnan, ce que j'avais à vous dire. Il arrive des moments de l'existence où l'on peut songer que plus rien ne compte. On se relève, certes, mais les blessures ne se referment jamais, surtout pas avec les sourires et embrassades qui vous sont imposés et auxquels vous ne pouvez point goûter. Alors écoutez votre coeur et ne cachez rien, n'attendez point d'avoir trop usé de la bouteille pour cela. Même seul, blessé, même de loin, continuez d'aimer. Et de vous raser sous le nez, contrairement à moi : barbe et moustache ne sont qu'artifices dissimulateurs de la plus grande saleté. À se demander ce que les femmes (les meilleures D'Artagnan, les meilleures !...), et tout comme à de mauvais genres d'hommes, dans une époque comme la nôtre, peuvent encore leur trouver.
Armand de Sillègue d'Athos d'Hauteville, comte de la Fère, ou simplement votre Athos.

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   MARCO STIVELL

 
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- Guillaume Roussel (compositions, orchestrations)


1. Vers La Rochelle
2. Milady Et D'artagnan
3. Sortie En Ville
4. Un Amour Maudit
5. Citadelle
6. La Prière De D'artagnan
7. Richelieu
8. Benjamin Au Pilori
9. Athos Et Benjamin
10. Une Dernière Volonté
11. Le Feu Qui Te Consumera
12. Procès Tréville
13. Athos Et Joseph



             



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