Vers l'Imaginaire, deuxième album de Clarisse LAVANANT, est publié chez Aztec Musique, label plutôt riche car il propose pas mal d'artistes associés à différents genres de folk francophones et reliés par l'océan, avec beaucoup de Bretagne d'un côté, mais aussi beaucoup d'Antilles de l'autre. Distribué par Coop Breizh également, on peut se demander après coup ce qui fait qu'hélas, il est indisponible depuis longtemps, au point qu'on ne le trouve plus qu'au pire en revente abusivement chère, au mieux en écoute légale, parfois le seul proposé parmi les albums de la chanteuse. Celle-ci décide par la suite, on peut le comprendre, de créer son propre label.

Ce que l'on sait, à la découverte, c'est que Vers l'Imaginaire mérite d'être considéré et avec bienveillance, même si la durée semble un peu trop importante pour un disque calme de son calibre. L'un des points forts de la musique ici est de faire intervenir de façon très régulière la guitare, électrique ou acoustique, de Dan AR BRAZ, également présent à la production. Le guitariste breton entre ainsi dans une partie de sa carrière post-HERITAGE DES CELTES où la voix de Clarisse LAVANANT va peu à peu occuper une place prépondérante, pour ne pas dire indissociable du timbre d'un instrument déjà empli de beauté.

En bonne déclaration d'amour à leur Bretagne, très imagée, "La Fin de la Terre" allie finesse de la mélodie à la voix et au son de guitare caressants, jusqu'au dernier couplet qui, de ce "pays aux larmes de pierre", souligne le mélange de discrétion et de parole fournie de ses habitants. On retrouve ensuite tout du long un même esprit pop-folk porté sur des nappes de claviers, en suavité et en clarté. "Beaux Parleurs" n'est pas sans rappeler certains albums de Dan AR BRAZ comme Septembre Bleu (1987), tandis que Clarisse LAVANANT chante avec un discours aiguisé concernant ceux qui font preuve de charme mais ne savent que mentir.

La chanteuse apparaît telle une vraie fée sur le refrain de "J'irai Dire" en particulier, très adaptée pour des paroles fatalistes ("Tout S'en Va") ou une poésie viscérale comme celle d'"Amour Impossible", avec ce qu'il faut de rébellion et néanmoins toujours cette forme de sérénité musicale à base d'arpèges, aérée. Quelques variations sont à noter : "Autant Que l'on S'aime" avec, outre la guitare knopflerienne, une batterie jouée aux balais et une pedal-steel qui plane, ou encore "Juste Avant", nostalgique et très simple grâce à son shaker et son picking folk splendide.

Si l'ensemble peut donner encore parfois une couleur artisanale un rien trop visible (le chant trop séparé du reste dans l'enregistrement, sur le pourtant efficace "Electron Libre"), il y a de quoi se laisser porter grâce à la douceur ambiante, les paysages en filigrane et un certain nombre de beaux moments. "Un Dimanche au Grand Air" est une ballade aventureuse avec piano Fender Rhodes, faite de paroles susurrées comme de l'angoisse du temps qui passe, bariolée de couleurs marines. La cornemuse irlandaise de Ronan Le Bars s'invite joliment aux côtés de la guitare sur "Pleure", tandis que la Clarisse LAVANANT de "On Revient Toujours" offre plein de belles promesses, en dépit d'un passé lourd. Album très homogène, mais plaisant.

Note réelle : 3,5