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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

1989 Divine Enfant (Mocky)
 

- Membre : Bande Originale De Film

Hubert ROSTAING - Divine Enfant (mocky) (1989)
Par MARCO STIVELL le 27 Janvier 2024          Consultée 331 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Sacré Mocky ! Depuis Agent Trouble (1987), plutôt très bon dans son genre, il a enchaîné deux autres films, Les Saisons du Plaisir et Une Nuit à l'Assemblée Nationale, l'un sur le versant sexuel, l'autre satirico-politique, plutôt lourds malgré leurs castings toujours aussi festifs : pour l'un Charles Vanel âgé de 95 ans (dernier film avant son décès l'année suivante), Denise Grey, Jean-Pierre Bacri, Sylvie Joly, Fanny Cottençon, Richard Bohringer, Bernard Menez etc. et pour l'autre Michel Blanc, Jean Benguigui, Josiane Balasko etc. Pour les deux, on retrouve des acteurs communs comme Jean Poiret, Jacqueline Maillan, Roland Blanche et Sophie Moyse, en plus des gueules habituelles de Mocky bien sûr, mais le lien des trois derniers films, Agent Trouble compris, c'est le compositeur Gabriel YARED. En fin de compte, le réalisateur termine joliment les années 80 avec un film un peu spécial, qui pourrait très facilement 'poser problème' puisque le rôle principal est... une fillette de cinq ans et demi !

À l'époque, le réalisateur seul et surtout sans enfant à la maison, se sent un peu abandonné, d'où cette envie d'un scénario original autour d'une fillette sans parents. Incarnée par Laura Martel, la petite Sarah fuit son orphelinat sur un coup de tête pour sauver son chien Toto d'une rafle de la SPA qui retire aux enfants leurs animaux de compagnie. Poursuivie, elle rencontre Aurélien Brada (Mocky lui-même, âgé de la soixantaine désormais, soit dix fois plus qu'elle), ancien pilote de F1 qui a vécu un grave accident et se trouve errant à ne rien faire. Au début, il ne veut pas l'aider à se cacher mais les liens les rapprochent, ainsi qu'avec l'une des marraines des orphelins (Sophie Moyse). Après moult péripéties 'à la Mocky' (un ermite éleveur de putois, une folle échappée de l'asile et un assaut d'orphelinat par des CRS contré par les enfants eux-mêmes), tout est bien qui finit bien pour Laura surtout mais aussi pour les autres gentils, chose rare avec le bon Jean-Pierre.

Pour cette espèce de film aventure/road-movie enfantin, l'intéressé fait appel non plus à Gabriel YARED (pas avant 1995, ni après), mais à Hubert ROSTAING, musicien de jazz célèbre qui s'est reconverti dans la bande originale de film depuis vingt ans, avec pas mal d'oeuvres pour Georges Lautner, Claude Sautet, Marco Ferreri ou encore Bertrand Tavernier. Dès la première séquence, ROSTAING doit se plier au cinéma de Mocky avec en plus ici, une intro quelque peu fantasque où une tête de fillette animée parle à celle de sa mère dans le ciel. La valse s'impose comme style principal du film avec de belles vocalises féminines, poursuivies par les enfants, avant la première comptine en chorale, "Dis, M'Sieur, Qui C'est l'Bon Dieu ?". On pourrait même dire cantique parodique sur piano sautillant, faux playback avec une chanteuse-harpiste (la harpe étant jouée au synthétiseur), et qui nous rappelle que, un an plus tôt, en 1988, est sorti La Vie Est un Long Fleuve Tranquille, avec son fameux "Jésus Reviens" (merci Patrick Bouchitey). Etienne Chatilliez a sans doute pris pas mal chez Mocky, mais l'inverse a pu être également valable !

Dès le départ, l'accent est mis sur les chansons d'enfants et notamment la voix de la petite Laura Martel/Sarah sur qui la caméra s'attarde décidément (avant qu'on la devine protagoniste du film) et qui, avec ses bouclettes rousses, n'avait vraiment point de cela pour permettre au spectateur d'atteindre un fort degré de mignonitude. Elle entonne bien un ou deux airs de son cru par la suite, mais l'inspiration musicale va chercher ailleurs, et notamment en Allemagne. Pour une raison ou l'autre, et pas forcément pour les besoins de la fanfare qui apparaît dans les séquences de fin de course-poursuite, ROSTAING adapte nombre de traditionnels valsés ou polkas ("Welten Bummler Polka", "Es Ist So Schön, Ein Musikant Zu Sein"). Choix amusant car ce que le film a de plus germanique, à part peut-être le comique de situation et après un tournage à Paris et autour d'Yerres (Essonne, 91), c'est une scène finale prise à la plage du côté d'Ambleteuse (Pas-de-Calais, 62).

Ce qui peut autant faire rire que grincer des dents, en passant du mignon ou du patapouf au carrément kitsch, c'est l'adaptation très personnelle et 'pour plaire à Mocky' de la célébrissime "Uber den Wellen" puisqu'on veut rester dans cette langue, mieux connue pourtant comme "Sobre las Olas" du Mexicain Juventino ROSAS (1888), reine des valses légères. Foin de cordes gracieuses ici, tout juste un hautbois encore digne sur un fond musical country binaire de foire avec boîte à rythmes, et sur un ton accéléré. C'est l'un des thèmes principaux et parmi les plus récurrents de la B.O avec celui du bugle, un rien désabusé, qui sert pour Mocky/Aurélien Barda ou même pour des moments tendres avec sa fille adoptive (rassurez-vous, pour une vraie levée de boucliers, il fera le film anti-pédophilie Les Ballets Ecarlates quinze années plus tard). Les moments où Sarah rêve sont quant à eux souvent soulignés par un piano digital bien d'époque. On peut aussi relever le truculent "Besame Mucho" entonné en pleine garde à vue par un péquin, ou bien "Happy Days" emprunté au gospel (mais pas la chanson la plus connue) servant à 'illustrer' l'orphelinat avec vraie chorale mais orchestration synthétique.

Si le long métrage (1h20) est à voir pour son besoin d'innocence viscéral en mode survie au milieu du cynisme et de la gaudriole habituels, propres à Mocky, s'il a beau se placer un peu à part dans sa filmographie quitte à dérouter son public, la B.O se laisse écouter sans toutefois être mémorable. Elle est un peu trop éparpillée pour cela, mais l'effort est louable, d'autant plus qu'il est le dernier du sieur Hubert ROSTAING, qui décède l'année suivante (avez-vous remarqué que Mocky se pointe souvent pour les 'fins de carrière' ?). Divine Enfant est donc boudé, mais ce n'est pas le cas de la performance de Laura Martel, cinq ans et demi pour rappel, qui fera bien peu de choses à l'écran par la suite, hélas : elle n'apparait que dans un autre film, Mima de Philomène Esposito (1991, avec Nino Manfredi et Viginie Ledoyen) ainsi que quelques épisodes de téléfilms (dont L'Instit et Joséphine Ange Gardien), préférant le journalisme radio. Dans les bonus du DVD, une interview courte par Mocky lui-même la dévoile, avec quelques bonnes années de plus, splendide, au milieu de la décennie 2000.

Note réelle : 2,5

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- Hubert Rostaing (compositions, adaptations, orchestrations)


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