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1972 I Don't Know How To Love Him

Yvonne ELLIMAN - I Don't Know How To Love Him (1972)
Par LE KINGBEE le 3 Février 2024          Consultée 377 fois

Originaire d’Honolulu, Yvonne Elliman voit le jour quatre jours après Noël 1951. Cette date pourrait faire sourire certains lecteurs, en effet la chanteuse connaît son premier grand succès en interprétant le rôle de Marie Madeleine dans l’opéra rock Jésus Christ Superstar aux cotés de Ian GILLAN et Murray HEAD. A quatre jours près, on aurait pu voir là un signe céleste.

Yvonne passe son enfance à Mānoa, dans la proche banlieue d’Honolulu. Passionnée de musique, elle se lance dans l’apprentissage de l'ukulélé dès ses quatre ans. A sept ans, elle étudie le piano. Au collège, elle pratique la contrebasse et le violon avant de bifurquer définitivement vers la guitare, instrument plus conforme à ses aspirations Folk. Une fois son diplôme en poche, elle quitte sa belle ile d’Hawaï pour gagner Londres et les rives grises de la Tamise. Un long et périlleux voyage, pour une jeune fille de 17 ans, une expédition destinée à développer ses dons pour la musique. Le voyage idyllique se transforme en mauvais rêve. La jeune hawaïenne tombe sous l’attrait de substances illicites et se voit contrainte d’intégrer le circuit des bars et des pubs où elle chante pour gagner de quoi subsister. C’est dans une taverne qu’elle est repérée par Tim Rice, futur parolier chez Disney, et Andrew Lloyd Weber, futur auteur de la comédie musicale Cats. Les deux auteurs lui proposent d’endosser le rôle de Marie de Magdala, une disciple de Jésus qui le suivra jusqu’à ce qu’on le mette en croix. La pièce donne bientôt lieu à un film de Norman Jewison dans lequel Yvonne garde le rôle de Marie Madeleine, Murray Head (Judas) et Ian Gillan (Jesus) étant eux remplacés par Ted Neeley et Carl Anderson. On retrouve ces deux acteurs chanteurs dans la version théatrale de 1990, Yvonne étant remplacée par Syreeta, ancienne femme de Stevie WONDER.
Ce rôle de Marie Madeleine reste comme du pain béni pour la jeune chanteuse qui participe à la fois à l’album de 1970, la production originale s’étalant sur quatre ans, et au film de Jewison. C’est en reprenant "I Don’t Know Hox To Love Him", titre figurant au générique de Jésus Christ Superstar, que la chanteuse connaît son premier succès en accédant à la 28ème place des charts, une relative déception, la version de l’Australienne Helen Reddy éditée par Capitol grimpant sur la 8ème marche des charts. En 1971, la chanteuse actrice s’installe à New York de manière à pouvoir jouer son rôle de Marie Madeleine. Si Decca édite quatre 45-tours. jusqu’en septembre 1971, il s’agit bien souvent de recyclage de "I Don’t Know How To Love Him", la pièce Jesus Christ Superstar faisant toujours fureur, pour Decca c’est de l’argent facile. La firme décide qu’il est temps de faire fructifier sa mise, Yvonne est envoyée à l’A&R Studios de New York où elle enregistre neuf titres produits par Tim Rice et Andrew Lloyd Webber. Afin de correspondre aux codes phonographiques du moment, Decca incorpore "I Don’t Know How To Love Him" et "Interlude For Johnny", unique compo de la chanteuse, toutes deux enregistrées à Londres en janvier 71.

Les deux Anglais, épaulés à la coproduction par Bill Oakes (futur époux de la chanteuse), font appel au guitariste arrangeur David Spinozza qui vient de se faire un nom, suite à sa participation à l’album Ram de Paul McCARTNEY. Spinozza prend soin de lui apporter une de ses créations, "Every Day Of My Life", un Folk Pop sans grand intérêt. Entre son job de guitariste de session et ceux de producteur et arrangeur, Spinozza est clairement surbooké et l’attention qu’il porte à la chanteuse semble peu propice à faire un bon disque. Le garçon exténué vient de participer à des séances non-stop (Grover Washington, Archie SHEPP, Gil Scott-Heron, Buddy Rich, Labelle, James BROWN, Howard TATE, Roberta FLACK). Au niveau de l’épine dorsale, l’arrangeur fait appel à de jeunes musiciens avec lesquels il joue parfois en studio et qui deviendront tous de réputés sessionmen. On retrouve l’organiste Kenny Ascher qui vient de seconder Labelle et Howard TATE, le bassiste Stu Woods et le batteur Rick Marotta, tous deux disponibles suite à l’arrêt de BRETHREN, et le guitariste chevronné Hugh McCracken (ex-BB KING, Freddie KING, John LENNON).

Virginia Clark, une designer photographe attitrée du label Decca, déjà en charge de la pochette de Jesus Christ Superstar – Original Broadway Cast, nous dévoile le buste d'Yvonne de profil, cheveux au vent, une illustration ne renseignant aucunement sur le contenu éventuel. Si aucun titre ne figure sur la pochette américaine publiée par Decca, le label Polydor, détendeur des droits et de la distribution pour l’Europe, glisse le titre de son principal succès tout en utilisant la même prise de vue et un titre supplémentaire en fin de face A.

Deux compos de la paire Rice/Weber ferment la face A : "I Don't Know How To Love Him", titre phare de la pièce, délivré sous forme de ballade Folk parfumée de Pop et dans laquelle l’orchestre d’Alan Doggett pose un gros paquet de cordes sacrément intempestives. Cette ballade bon enfant (certains diront neuneu) connaitra de multiples reprises aussi bien chantées qu’instrumentales. Chez nous autres, Anne-Marie David, une future gagnante de L’Eurovision, et Petula CLARK chanteront leur amour pour Jésus via l’adaptation de Pierre Delanoë "La Chanson de Marie-Madeleine". "What A Line To Go Out Town" enregistré à Londres ne parvient jamais à retenir l’attention. Le reste du répertoire s’éparpille sur des compos d’auteurs chanteurs du début seventies, des chansons dans lesquelles on trouve à boire et à manger.

Au rayon des titres inconsistants, "I Would Have A Good Time", une obscurité du sud-africain John Kongos, s’avère plombé par une orchestration aussi mastoc que bourrative avec cordes, flûte et cuivres. Une piste quelconque d’autant plus qu’elle s’éternise inutilement.
Oscillant entre Folk et Pop, "Nothing Rhymed", une ballade de l’irlandais Gilbert O’ Sullivan, avait presque tout pour faire une bonne chanson, d’autant que la flûte et le cor d’harmonie suscitent un décor plein de mélancolie ; malheureusement, Yvonne pousse trop sur sa voix et le titre finit par devenir gonflant.
"Heat", une obscurité du guitariste Bruce Epstein, navigue dangereusement entre Folk genre CROSBY, STILLS, NASH & YOUNG et une Pop à la SANTANA. L’emploi de congas aurait pu être amusant et sortir de la routine malheureusement Ralph MacDonald se révèle importun et lassant. Seule compo "Interlude For Johnny" s’apparente à un Folk scolaire, Yvonne en acoustique en compagnie de Bruce Epstein et Mark Warner, un morceau faisant office de remplissage.

Parmi les pistes émergentes, "Look At You, Look At Me", une reprise de Dave Mason et Jim Capaldi (deux ex- TRAFFIC) diffuse un surplus de vitamines par rapport à l’original, la dualité entre le pianiste George Butcher et l’orgue de Kenny Ascher apportant un cachet supplémentaire.
Bénéficiant d’une orchestration nettement plus sobre, "Can’t Find My Way Home", une compo des éphémères BLIND FAITH, se déguste comme un bon Folk parsemé d’une pointe de Psy bluesy. Une version toutefois inférieure selon nous à l’originale et à celles de STYX, Alison KRAUSS ou Elkie Brooks, toutes plus délicates. Chez nous, l’ex TELEPHONE Louis BERTIGNAC l’adaptera avec "Au Monde". Quand elle évolue en territoire Folk et que l’acoustique prend le pas sur des cordes inopportunes, Yvonne propose de bons passages comme "Sugar Babe" *, une compo de Stephen STILLS, gratifiée par les passages de guitare de McCracken. Bonne pioche avec "Speak Your Mind", une obscurité du guitariste Marc Benno avec un Stu Woods au sommet de sa forme. Un titre qui confirme qu’une guitare dépouillée est ici un atout de première main, d’autant que la complémentarité avec l’orgue et le piano frise la perfection.

Si on organisait un micro trottoir au sujet d’Yvonne Elliman, de nombreux fans ne manqueraient pas de la relier à Jesus Christ Superstar et à son rôle de Marie Madeleine. Ce premier disque de la belle hippie reste aujourd’hui anecdotique et inégal. Les arrangements associés à une production peu soignée et un choix de chansons peu propice à l’enthousiasme demeurent des freins à une écoute agréable. Yvonne connaitra ensuite un bon passage comme choriste pour Eric CLAPTON suivi de quelques incursions dans le Disco. Divorcée de Bill Oakes, patron du label RSO, elle se met en retrait des studios au début des eighties pour se consacrer à ses deux enfants et à son nouvel époux, le compositeur Wade Hyman. La chanteuse apparaît à la télé américaine trois ou quatre fois par an, invitée pour des interviews et des émissions de variété. En 2017, son nom est revenu en première page de certains tabloïds, la chanteuse s’étant fait pincer en Indonésie avec des comprimés de Méth et une pincée d’herbe et condamner à six mois de TIG sur la belle île d’Hawaï.

Note réelle 1,5.
Cette chronique provient de l’écoute du pressage anglais publié par Polydor.

*Titre homonyme à ceux de Mance Lipscomb, Buster Brown et Dock Boggs.

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- Yvonne Elliman (chant, guitare 10)
- David Spinozza (guitare 1-2-3-4-6-7-8-9-11-12)
- Hugh Mccracken (guitare 1-2-3-4-6-7-8-9-11-12, harmonica 3)
- Louis Stewart (guitare 5)
- Bruce Epstein (guitare 10)
- Mark Warner (guitare 10)
- Stu Woods (basse 1-2-3-4-6-7-8-9-11-12)
- Alan Weighall (basse 5)
- Rick Marotta (batterie 1-2-3-4-6-7-8-9-11-12)
- Bruce Rowland (batterie 5)
- Kenny Ascher (orgue, piano 1-2-3-4-6-7-8-9-11-12)
- Peter Robinson (orgue de chaise 5)
- George Butcher (piano 1)
- Ralph Macdonald (congas, percussions 3-12)
- George Young (flûte 2-4-8)
- Dominick J. Monardo (trombone 2-4)
- Garnett Brown (trombone 2-4)
- Peter Gordon (cor 2-4-8)
- Albert A. Delmonte (bugle 2-4)
- Max Ellen (violon 2-4)
- Lewis Eley (violon 2-4)
- Gene Orlof (violon 2-4)
- David Nadien (violon 2-4)
- Tony Posk (violon 2-4)
- Alfred V. Brown (violon alto 2-4)
- Barbara Hunter Coke (violoncelle 2-4)
- Maeretha Stewart (chœurs 4-11)
- Hlda Harris (chœurs 4-11)
- Linda November (chœurs 4-11)


1. Look At You, Look At Me
2. I Would Have Had A Good Time
3. Can't Find My Way Home
4. Every Day Of My Life
5. I Don't Know How To Love Him
6. What A Line To Go Out On
7. Sugar Babe
8. Nothing Rhymed
9. World In Changes
10. Interlude For Johnny
11. Speak Your Mind
12. Heat



             



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