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2021 Bright Green Field
2023 O Monolith

SQUID - O Monolith (2023)
Par K-ZEN le 3 Février 2024          Consultée 869 fois

O Monolith. Premiers mots ou dernières pensées selon le primate considéré.

Un titre mystérieux laissant l’auditeur libre de son interprétation et invoquant un terme pouvant avoir des connotations à la fois anciennes et modernes assez facilement. Hommage à l’un des titres les plus fameux signé Laurie ANDERSON – à savoir "O Superman" ? Au départ Moonrakers était pressenti pour intituler cette seconde livraison des Anglais SQUID, un lien évident quasi-inconscient entre les deux propositions en y réfléchissant bien : une fameuse scène cinématographique ayant eu lieu sur la Lune, bourdonnement infernal laissant hébétés puis morts-vivants les cosmonautes curieux ici convoqués.

Deux ans ont passé depuis Bright Green Field, SQUID est cependant plus que jamais un quintet vivace. Toujours engagé sur Warp, toujours produit par Dan Carey mais ayant entériné ce qu’il avait esquissé visuellement précédemment. En effet, les étendues verdoyantes ont été pleinement investies, via Wiltshire et les studios Real World mis à disposition par Peter GABRIEL, cadre à l’enregistrement des huit titres formant le canevas de cette évocation musicale de l’environnement, de la vie de famille et du folklore artisanal, dixit le groupe.

Un nouveau matériel toutefois directement brainstormé et soumis au public pendant la tournée défendant leur inaugural album. Le packaging choisi pour ce second disque est plus sobre, faisant la part belle à l’humanité, avec ces bonhommes colorés formant le lettrage autour d’un fond blanc cassé, comme ces petits jouets en bois que l’on disposait sur les portes de nos chambres étant enfants, initiale de nos prénoms à destination d’éventuels visiteurs en quête d’indices.

Quelques notes de synthé cycliques bientôt rejointes par nappes mystérieuses et basse enivrante. Un swing… Vraiment ? Plutôt syncopé alors via une tension latente. "Swing (In a Dream)" est bel et bien un fragment onirique à propos du tableau de Jean-Honoré Fragonard Les hasards heureux de l’escarpolette peint au XVIIIème siècle. L’œuvre présente une scène frivole et bucolique typique du style rococo où l’on peut voir une jeune femme sur une balançoire dévoilant ses jambes à son amant et tournant le dos à son vieux mari incognito parmi l’obscurité.

"Devil’s Den" inaugure une ambiance typiquement britannique, des vents agrémentant rapidement un duo initial guitare/voix. TALK TALK bien sûr vient en tête, une influence confirmée par le groupe. Mais la pièce démarre brutalement, incision entre KING CRIMSON et Frank ZAPPA, à l’image de ce démon apparaissant soudain dans la lande, venant se délecter la nuit de l’eau emprisonnée au cœur des interstices du dolmen éponyme situé à Marlborough. Peut-être est-ce également cet incube ayant sondé le batteur Ollie JUDGE pendant les confinements visant à contenir le COVID, l’amenant aux portes de la folie, une expérience relatée sur le syncopé "Undergrowth", aux accents trip hop.

"Siphon Song" confirme ce savoir-faire dans l’intrication, fusionnant en six minutes progressif, post-rock, psychédélique presque shoegaze et post-punk pour un morceau superbe, véritable bande-son accompagnant la descente puis la remontée à l’intérieur du Maelström accomplie par le marin tout droit sorti de l’esprit d’Edgar Allan Poe. "The Blades" – intitulé à tiroirs pouvant à la fois mentionner lames ou aubes – émerge à son tour, les yeux faisant la mise au point sur ces buildings cybernétiques où RADIOHEAD est massivement diffusé, un titre dont le contenu lyrique mentionne brutalités policières.

Après un clair-obscur et mécanique "After the Flash", sans doute le meilleur morceau du disque avec ses sinusoïdales fanfares brumeuses empruntées à The BLUE NILE s’octroyant de plus en plus de place jusqu’au break central et indiquant un savant maniement des temps forts/temps faibles, O Monolith se clôture décidément dans le mystère.

"Green Light" n’a que peu à voir avec la chanson éponyme composée par COLDPLAY – et pour cause puisqu’elle se nomme en réalité "Green Eyes" ! – et propose un riff circulaire labyrinthique entre black midi et les FOALS, celui-ci trouvant une continuité via le final au titre à rallonge rigolo "If You Had Seen the Bull’s Swimming Attempts You Would Have Stayed Away". Unique contribution du guitariste Anton PEARSON, la pièce conte une fiction où des colonisateurs romains arriveraient en Angleterre avec un nombre conséquent de rats, ces derniers détruisant des dictionnaires, en écho à ce que firent les Romains accostant sur l’île à l’égard des langages autochtones. Un plan de basse dingue et des vocaux parlés au service d’une composition martiale et théâtrale, que Steve ALBINI n’aurait pas reniée.

O Monolith a été très bien accueilli par les critiques. Passé une certaine complexité à apprivoiser, il me semble être légèrement meilleur que son prédécesseur. Un superbe album que l’on déguste avec un mezcal aux lèvres, en s’interrogeant sur la présence d’un lapin parmi les quadrillas pénétrant l’arène ocre.

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- Ollie Judge (chant, batterie)
- Louis Borlase (guitare, basse, chant)
- Arthur Leadbetter (claviers, cordes, percussions)
- Laurie Nankivell (basse, vents, percussions)
- Anton Pearson (guitare, basse, chant, percussions)
- +
- Zands Duggan, Henry Terrett (percussions additionnelles)
- Natalie Whiteland (harpe)
- Nicholas Ellis, Dylan Humphreys (bois)
- Martha Skye Murphy (chant additionnel)
- Chorale 'shards' (chœurs)


1. Swing (in A Dream)
2. Devil’s Den
3. Siphon Song
4. Undergrowth
5. The Blades
6. After The Flash
7. Green Light
8. If You Had Seen The Bull’s Swimming Attempts You W



             



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