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1978 The Only Ones

The ONLY ONES - The Only Ones (1978)
Par K-ZEN le 25 Juillet 2021          Consultée 679 fois

La photo du groupe au complet, dédoublé même par l’illusion d’optique est un clin d’œil, sans nul doute. Le lettrage multicolore achève de nous convaincre. Les odeurs persistantes de narguilé se diffusent lentement dans le brouillard léger, pénétrant les narines du joueur de flûte au délicat lettrage baroque, levé à la petite aube.

Certes, le gars à droite n’est pas foncièrement sexy, petite chemise de comptable en léger embonpoint, crâne dégarni naissant. John PERRY ne pèse évidemment pas lourd face au magnétisme de Syd BARRETT mais le guitariste garde pour lui d’avoir été le premier à rejoindre Peter PERRETT, le facteur X proéminent androgyne au manteau de fourrure, se la jouant plus NEW YORK DOLLS que SEX PISTOLS à la voix saisissante de ressemblance avec celle de Lou REED.

Car dès leur complétude avec l’apport de l’ancien batteur de SPOOKY TOOTH Mike KELLIE et le bassiste Alan MAIR ayant rencontré le succès avec le groupe écossais The BEATSTALKERS dans les années 60, les ONLY ONES se sont distingués en tant qu’autre parfaite anomalie de leur époque, sans compter le fait qu’ils étaient plus âgés que la moyenne des jeunes loups punks.

Héritiers d’une certaine vision du psychédélisme et du glam rock dispensé par T. REX ou BOWIE, les Anglais étaient trop intelligents et lettrés pour être punks, mais c’est pourtant là qu’ils étaient étiquetés. Par facilité peut-être, même si ce n’était pas une complète erreur.

Mus à la fois par une sauvagerie semi-contrôlée et un romantisme décadent et glamour, que le crématorium noir du gothique et le charmant hard rock perçant de SUEDE suivraient très attentivement, ils étaient finalement proches des travaux signés TELEVISION, WIRE, MAGAZINE, BUZZCOCKS, Johnny THUNDERS (qu’ils accompagnaient parfois sur scène) formant cette vague "art punk", proposant une musique qui n’est pas devenue embarrassante quarante années plus tard, à mi-chemin entre power pop et new wave.

Grâce, tendresse, articulation maligne mais rêche, hallucinations lysergiques, précieuses amours incertaines. Tout cela se retrouve dans "The Whole Of The Law", manifeste sous forme d’une balade lente et langoureuse, brisant les tabous à l’apogée du punk en offrant même un solo de saxophone. Son intitulé est emprunté à une des deux maximes du Livre de la Loi d’Aleister Crowley : Fais ce que tu veux sera le tout de la Loi. Élégante et méticuleuse, la chanson aurait sans doute été un tube à n’importe quelle époque sauf en 1978. Le même constat peut s’appliquer au petit caprice rusé de John Peel. "Another Girl, Another Planet", mélodie sublime et refrain imparable au service d’un texte malin au double sens, fut tardivement encensé mais une fois ceci fait, il fut repris partout et en tout temps, la version de BLINK-182 nous revient en mémoire pour qui s’en souvient. L’exquis "Breaking Down" est un nouveau contre-pied rock teinté de jazz aux délicats couplets secrètement dévoilés et armé d’un solo de piano électrique que les DOORS n’auraient pas renié.

Malice mais également provocation et humour transparaissent dans les textes : le reggae gothique enveloppant "Creature Of Doom", le chaos punk frénétique de "Language Problem" divulguant une ligne comme J’aime ma mère mais je ne voudrais pas baiser avec, un morceau d'ailleurs animé d’un surplus d’énergie arrosant généreusement "City Of Fun", punk que les STONES auraient pu interpréter sous amphétamines.

Des opiacés sujets de l’îlien "The Beast" - encore Crowley dont c’était le surnom ?... - au riff dentelé et au solo éclatant rejoint par une fanfare de cuivres, retrouvées plus tard au cœur de "The Immortal Story" convoquant allègrement le fantôme du VELVET UNDERGROUND dans son final apocalyptique. Ces mêmes drogues joueront des tours à la carrière du groupe en même temps que l’abandon ou la stupidité des labels.

Trop défoncés pour être hippies, trop déçus par ce qu’était devenu le rock pour être un groupe hard anglais conventionnel, les ONLY ONES se tenaient à la croisée des chemins et au-delà, manipulant l’auditeur et la presse spécialisée à leur guise à l’image de « No Peace For The Wicked », son intro reggae en cul-de-sac et plus loin la ligne de texte Je suis amoureux de la torture mentale extrême dans laquelle les critiques ont entendu Torture excrémentale.

Les singles ajoutés en guise de titres bonus s’inscrivent dans une cohérence d’ensemble et contribuent à renforcer la dynamique d’un album à (re)découvrir d’urgence.

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- Peter Perrett (chant, guitare, claviers)
- John Perry (guitare, claviers)
- Alan Mair (basse)
- Mike Kellie (batterie)


1. The Whole Of The Law
2. Another Girl, Another Planet
3. Breaking Down
4. City Of Fun
5. The Beast
6. Creature Of Doom
7. It’s The Truth
8. Language Problem
9. No Peace For The Wicked
10. The Immortal Story
11. Lovers Of Today
12. Peter And The Pets
13. As My Wife Says



             



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