Après Strange Effects, paru en fin 2021, revoilà les HOWLIN’ JAWS avec leur deuxième 'véritable' album, sachant que le groupe ne s’est pas contenté de tourner et de composer ce nouvel opus durant cette période.
En effet, ses trois membres ont participé, en tant qu’acteur et/ou musiciens, à la pièce de théâtre Electre des Bas-Fonds de Simon Abkarian, dont Djivan Abkarian (chant et basse) est le fils. A ce titre, le groupe a d’ailleurs reçu le prix 2020 du Syndicat de la critique, le Molière pour la meilleure musique de scène.
Cette exploration de nouvelles formes d’expressions peut contribuer à expliquer le sentiment de maturité et de maîtrise qui émane de Half Asleep Half Awake.
Pourtant, leur style musical est toujours sensiblement le même, essentiellement tourné vers le Rock et la Pop des années 60 et 70, le tout avec l’adjonction d’une petite pointe de psychédélisme. Pour illustrer leur style, on pourrait évoquer un mélange entre la période la plus sage, et la plus Pop, des BEATLES (soit leur première moitié de carrière), avec le Rock de The KINKS auquel on ajouterait une pincée de folie psychédélique venant de groupes de la trempe de leurs compatriotes des WASHINGTON DEAD CATS.
Ainsi, si "Lost Songs" est clairement ancré dans une pop très axée années 60 et 70, le titre "Half Asleep Half Awake" possède, lui, des couleurs bien plus psychédéliques avec, notamment, un jeu de batterie plus agressif et des parties de guitares usant d’effet Fuzz. Alors que si "Through My Hands" débute comme un morceau des BEATLES, il incorpore ensuite des éléments plus Rock et Boogie, évoquant parfois The WHO.
Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, le groupe sait se montrer très convaincant et efficace. Bien que se revendiquant de la période sixties, les HOWLIN’ HAWS ne donnent pas dans la nostalgie simple et stérile. Ils parviennent à mixer tous ces genres pour nous proposer des compositions très cohérentes et bien construites. C’est ainsi le cas de "Healer", titre qui se démarque un peu des autres, du fait d’une coloration un peu plus moderne.
Grâce à un chant en anglais à l’accent irréprochable, du moins à l'oreille d'un Français, le groupe s’affranchit totalement de ses origines hexagonales, pour plonger dans l’Angleterre des années 60/70, de sorte que cela ne serait pas du tout incongru de voir HOWLIN’ JAWS remplacer 'les anglais' dans le film Ne nous fâchons pas de Georges LAUTNER. Et cela nous permet de nous délecter sans réserve des magnifiques harmonies vocales dont HOWLIN’ JAWS se montre friand et qu’il utilise avec finesse, ainsi que de l’écho qu’il ajoute parfois sur le chant, sans que cela pénalise jamais son propos.
Encore une fois, le groupe impressionne pas sa capacité à proposer des morceaux à l'efficacité immédiate et qui parviennent à ressusciter l’esprit de l’époque, tout en apportant du nouveau.
Il est ainsi bien difficile de résister aux entraînants et joliment vintage "Lost Songs" ou "Mirror Mirror".
Mais les bonnes surprises sont très nombreuses et je recommande chaudement ce disque à tout fan de Pop, de Rock et de musique des années 60/70.