Les MONKEY3, groupe suisse instrumental que l’on pourrait qualifier de légèrement expérimental, donnent dans une sorte de Stoner psychédélique et planant.
De la Suisse, on pourrait dire qu’ils ont clairement acquis une passion pour l’horlogerie. En effet, les MONKEY3 sont, en quelque sorte, les maîtres du temps. Ils maitrisent à la perfection l’art de la répétition et des (très) lentes montées en puissance. Cela se traduit notamment par des morceaux qui dépassent tous les six minutes et font majoritairement plus de dix minutes.
Cela est certainement lié à leur volonté d’immerger l’auditeur dans les mondes qu’ils créent. Le travail sur les ambiances est en effet au centre de cet album dans lequel on trouve un peu de Stoner planant, un peu de Rock psychédélique et des traces de Prog. Au regard du titre de l’album, l’une des influences les plus prégnante du groupe n’est pas bien difficile à saisir.

L’introduction plus que floydienne de "Collapse", avec cette guitare aérienne et ces percussions lointaines, ne peut pas être une coïncidence. Nous sommes là clairement dans l’hommage assumé, le titre de l’album reprenant une des chansons de PINK FLOYD (sur Wish You Were Here, 1975 ). Le morceau s’écoule agréablement durant près de dix minutes au gré de longues plages atmosphériques qui servent de rampe de lancement à un final bien plus Rock et teigneux.
Mais MONKEY3 ne saurait être considéré comme un simple ersatz du FLOYD, et ses influences sont multiples.
On pourrait citer SUP, avec qui le groupe partage un sens des arrangements glacés et spectraux (un parallèle qui pourrait également trouver son prolongement dans l’artwork des deux combos). Sur ce Welcome To The Machine, les arrangements sont en effet particulièrement soignés. C’est ainsi le cas des guitares sur "Kali Yuga" où le groupe nous régale d’un entrelacement des guitares rythmiques hypnotiques tournant en boucles et de la guitare soliste qui se perd dans des errances enivrantes et torturées. C’est tout simplement magnifique.
Le côté planant, et uniquement instrumental, peut quant à lui rappeler certaines périodes du groupe MY SLEEPING KARMA.
Quoi qu’il en soit, MONKEY3 possède sa propre identité, son propre univers musical. Un monde qui joue souvent sur les contrastes et les contraires. Si elle est majoritairement planante, leur musique peut basculer très vite (enfin, vite, est un terme qu’il y a lieu de relativiser lorsqu’on parle de MONKEY3) de la lourdeur à la légèreté, de la noirceur à la lumière, de la lenteur à des parties plus déchaînées. En témoigne "Collision" qui, après une introduction assez calme et qui peine un peu à décoller (elle dure presque la moitié du morceau !), nous entraîne dans un maelstrom musical assez incroyable. Cela tourne dans tous les sens et on se retrouve emportés par des guitares tourbillonnantes. C’est étourdissant, renversant, et cela nous plonge dans une véritable expérience sensorielle. Un très grand moment, dont on pourrait seulement regretter que l’équilibre entre 'l’introduction' et le corps du morceau ne penche pas plus en faveur de ce dernier.
Lorsqu’ils ne donnent pas dans des ambiances éthérées, les cinq morceaux qui composent Welcome To The Machine, les MONKEY3 nous confrontent à un mur de son très dense mais truffé de détails que la production rend parfaitement audibles et distinguables.

Le groupe n’a aucun mal à nous entraîner dans un voyage cosmique pour nous plonger dans des ambiances aussi diverses que complexes.
Vraiment, une très belle expérience musicale.