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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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1967 Vanilla Fudge

VANILLA FUDGE - Vanilla Fudge (1967)
Par LE KINGBEE le 14 Mars 2024          Consultée 289 fois

Tout commence en 1964, Mark Stein, un ex-enfant prodige pianiste à quatre ans et acteur à six ans, joue au sein de Rick Martin & The Showmen, en compagnie du bassiste Tim Boggert. Les deux amis décident de quitter le groupe et montent The Electric Pigeons qui se transforme vite en The Pigeons. En 1965, le guitariste Vince Martell (ex-Ricky T & The Satan Three) et le batteur Joey Brennan les rejoignent, le groupe mettant en boîte un premier 45-tours, édité par Musicor sans le moindre succès. Suite au départ de Brennan, Boggert recrute Carmine Appice en provenance de Thursday’s Children.
Leur manager Philly Basile, un capo du clan mafieux Lucchese, parvient à attirer l’intérêt de George 'Shadow' Morton, un producteur filou qui a connu quelques succès auprès des Shangri-Las, un girls group comme il en pousse à la pelle. Morton parvient à faire embaucher ses Pigeons chez Atco, filiale d’Atlantic, mais Ahmet Ertegun, grand manitou du label, exige que le groupe change de nom, c’est ainsi que nos volatiles se transforment en VANILLA FUDGE (traduisible par Vanille Caramel ou Fondant Vanille).

On doit cette curieuse pochette à Haig Adishian, un illustrateur spécialisé dans le jazz, auteur de nombreuses pochettes pour Atlantic et Atco. Si Adishian demeure le créateur de plusieurs couvrantes pour Aretha FRANKLIN et Wilson PICKETT, on lui doit aussi celle de Green Onions, disque de BOOKER T & The MG’S édité par la Stax. Si cette pochette marque une rupture d'avec les illustrations habituelles du designer, on ignore si cette représentation d’une femme nue fondant comme une plaquette de chocolat ou une glace au soleil est volontaire. Faut-il y voir un parallèle avec le nom du groupe ?

Cet éponyme a la malchance d’apparaître dans les bacs des disquaires le lendemain de la sortie de Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Le vinyle paraît à la fois chez Atlantic et chez Atco, la filiale proposant une version mono et une stéréo. Agrémenté d’une production complètement déjantée refusant de se plier aux codes en vigueur, ce premier jet ne propose que 7 reprises (la totalité du disque), un répertoire dans lequel s’intercalent trois petits interludes baptisés "Illusions Of My Childhood" et pompeusement délivrés en trois parties distinctes, la plus longue ne dépassant pas 23 secondes. Mais en dehors d’une production bien barrée, le disque se caractérise par un tempo volontairement ralenti et une prédominance d’orgue qui semble de prime abord étouffer la guitare et la rythmique. Dans un premier temps, Atlantic tente de promouvoir l’album avec un single regroupant "Eleanor Rigby" en deux parties et deux des trois interludes, mais le 45-tours passe totalement inaperçu aussi bien à la radio que dans les bacs. Il faut attendre l’été 68 pour que le groupe cartonne avec le single "You Keep Me Hanging On" couplé à "Take Me For A Little While" édité à la demande d’Ertegum dans une version raccourcie et ramenée à 2 minutes 50. Cette reprise d’un ancien Numéro Un des SUPREMES se classe alors au 6ème rang des charts Pop. La formule marche tellement bien qu’Atco s’empresse de publier une seconde mouture, avec cette fois "Come By Day, Come By Night", une compo de Stein en guise de face B.

En guise d’ouverture fermeture, la formation reprend deux hits des BEATLES complètement remodelés. D’entrée, l’orgue prend les commandes, imposant un rythme hyper ralenti comme si Mark Stein avait tiré le frein à main, une allure qui contraste avec les baguettes d’Appice, bien décidé à en découdre. Si Mary Wells avait mitonné le morceau dans une sauce Soul des plus discutable, on ne jurerait pas que la présente version ait suscité les éloges des fans des Fab Four. Si "Eleanor Rigby", issu de l’album Revolver, marquait une rupture dans le répertoire des BEATLES, l’orchestration étant confiée à un orchestre à cordes, le titre sera au fil des ans passé à la moulinette. On ne compte plus les versions archi dénaturées de ce classique (RARE EARTH, Richie HAVENS, The Inner Circle ou Country Gazette) Vanilla Fudge impulse encore un rythme alangui qui maintient paradoxalement la tension via un orgue oscillant entre baroque et psyché, un chant crépusculaire un brin barré et une batterie qui alterne balayages Jazzy et roulements de tambour dignes d’une fanfare militaire. Plusieurs versions de différentes longueurs apparaissent selon les pressages. Pas certain que ce titre au long cours (plus de 8 minutes) remporte de gros suffrages auprès des inconditionnels de McCartney et Cie. Même sentiment avec "Ticket To Ride" au rythme hyper ralenti. Autre influence en provenance de la British Invasion avec "She’s Not There" immortalisé par les ZOMBIES. Si on reconnaît bien la mélodie en arrière-plan, le titre n’a plus grand-chose à voir avec l’original, l’orgue tangue dangereusement entre Ray Manzarek (The DOORS) et Keith Emerson (EMERSON LAKE & PALMER), nous plongeant dans une ambiance acide parfumée de LSD, la guitare s’approchant de la sonorité d’un sitar. Cette compo de Rod Argent connait un second souffle par l’entremise de SANTANA, auteur d’une interprétation latina ayant la bénédiction de certaines radios.

Petite pépite intemporelle de Curtis MAYFIELD, "People Get Ready" popularisé par The IMPRESSIONS en 65 connaîtra de somptueuses versions (BLACK PEARL, Aretha FRANKLIN, The STAPLE SINGERS jusqu’aux interprétations a capella des HOUSEMARTINS et des Persuasions). Là, Stein impulse une atmosphère d’église renforcée par des chœurs d’anges qui ne vont pas tarder à se transformer en démons, le ton montant crescendo dans son dernier quart pour nous plonger dans une ambiance psyché. Voilà ce qui arrive quand on échange l’hostie contre un champignon hallucinogène. Probablement interprété à l’instigation de Morton, le groupe reprend "Take Me For A Little While", excellente compo d’Evie Sands, chanteuse songwriter ayant enregistré dans le giron du label Red Bird (label dans lequel figuraient les Shangri-Las). Si la version d’origine dévoilait une belle pièce typique du registre Blue Eyed Soul, Mark Stein et ses sbires n’en ajoutent pas trop. Bien que l’orgue soit toujours présent et le chant toujours torturé, la formation ne dénature pas trop une chanson dont Atlantic détenait les droits, suite au single de Patti LaBelle.

Incroyable comment certaines vieilles guimauves peuvent avoir la vie dure ! Stein nous délivre avec "Bang Bang" un véritable maëlstrom de notes et un chant flirtant entre le cantique religieux et le délire psyché asexué. Composé par Sonny Bono pour CHER, ce berlingot sans goût mais collant fortement aux dents a connu son lot de covers de Stevie WONDER à SINATRA (père et fille) en passant par Dua LIPA. Chez nous, SHEILA en fait une chanson aux paroles acceptables, alors que de l’autre côté des Alpes, DALIDA en livre le pendant italien. On n’aurait aimé une relecture moins audacieuse et plus courte, ici la descente du trip LSD semble bien trop longue et instable. Autre incursion en territoire Motown, "You Keep Me Hanging On" est une compo du prolifique trident Holland/Dozier/Holland, popularisée par les SUPREMES. Si les paroles évoquent une histoire d’amour malheureuse dans le genre du chien qui se mord la queue, les claviers s’orientent ici vers une combinaison d’Opera Rock et de Soul Psyché complètement 'branque'. Si l’orchestration et les arrangements pouvaient s’avérer aventureux en 1967, on a plutôt l’impression aujourd'hui d’écouter un tintamarre interprété par quatre jeunes mecs en pleine descente.

Enregistré à la va-vite à New York au Mirasound et à l’Ultra Sound Studios, deux boîtes à œufs couvés à l’Ampex, ces différents titres font parfois penser à des démos ou à des premières prises captées sous forme de Jam Sessions. Ici, pas d’overdub, tout semble fait à l’arrache. Les fragrances Psyché et les nappes d’orgue inondent un décor parfumé de marijuana et de petits timbres d’acide. Les trois interludes tous proches de l’Expérimental n’apportent strictement rien, mais ces lourds nappages d’orgue restent annonciateurs des futurs succès du HEEP et de DEEP PURPLE. Plus d’un demi-siècle après son enregistrement, cet album constitué uniquement de reprises Soul et Pop, revues et corrigées à la mode Heavy Psyché, nous paraît avoir pris un sacré coup de vieux. Si certaines incantations et de furieux enrobages d’orgue pouvaient paraître fun durant le Summer of Love, ceux-ci s’annoncent maintenant trop répétitifs et lassants.

Note réelle : un tout petit 2.

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   LE KINGBEE

 
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- Mark Stein (chant, orgue)
- Vince Martell (guitare)
- Tim Boggert (basse)
- Carmine Appice (batterie)


1. Ticket To Ride
2. People Get Ready
3. She's Not There
4. Bang Bang
5. Illusions Of My Childhood - Part One
6. You Keep Me Hanging On
7. Illusions Of My Childhood - Part Two
8. Take Me For A Little While
9. Illusions Of My Childhood - Part Three
10. Eleanor Rigby



             



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