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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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BUFFALO SPRINGFIELD - Buffalo Springfield Again (1967)
Par LE KINGBEE le 5 Novembre 2022          Consultée 1004 fois

Un examen rapide de cette pochette nous indique assez clairement le registre dont il est ici question, celui du Rock Psyché. On doit cette pochette à Eve Babitz *, romancière, photographe, muse hollywoodienne, accessoirement connue pour avoir posé nue lors d’une partie d’échecs en compagnie du peintre Marcel Duchamp. A droite un angelot semble voleter autour d’arbres, un oiseau coloré assemble des nuages afin de confectionner couverture ou protection aux cinq membres dont les bustes figurent sur une ile montagneuse, tandis qu’en bas à gauche un papillon volette de bosquet en bosquet. Une illustration caractéristique des productions dédiées au Rock Psyché mid sixties, à l’instar de certaines pochettes de l’Incredible String Band, CHOCOLATE WATCH BAND, H.P. LOVECRAFT ou Electric Flag (pour ne citer que les principaux). Le visuel dorsal exhume une longue liste de 80 noms de personnages séparés en quatre colonnes ayant servi de source d’inspiration au groupe. De ce long inventaire regroupant des gens de tout bord, se détachent cinq noms écrits en plus gros : Fred Neil, guitariste Folk et grand défenseur environnemental, Ken Koblun bassiste canadien ayant brièvement remplacé Bruce Palmer, le songwriter Jim Friedman, Jack Nitzsche auteur producteur arrangeur fan de Spector, et enfin Bob Gibson guitariste banjoiste influent du Folk Revival. En plus petits, d’autres noms plus connus apparaissent parmi lesquels ceux d’Hank WILLIAMS, Frank ZAPPA, Phil SPECTOR, John COLTRANE ou Jimmy REED, un éventail disparate qui témoigne des diverses impulsions dont s’empreignent les cinq membres.

Si leur premier disque incorporait une totalité d’originaux issus des plumes de Stephen Stills et Neil Young, cette fois ci un troisième larron vient leur prêter main forte en la personne de Richie Furay, auteur de trois chansons, les sept autres pistes provenant de Stills (4 titres) et Young (3 titres).
Si l'album précédent avait rapidement été mis en boite, ce second opus provient d’un accouchement nettement plus long et pénible. Entre l’expulsion de Palmer et les aller-retours de Young, l’album provient d’une douzaine de sessions, alors qu’il ne contient que dix morceaux, certains d’entre eux nécessitant une seconde séance suite à des rajouts d’instruments. Second constat, cette fois nos cinq Rouleaux Compresseurs ne sont pas seuls, Ahmet Ertegun patron du label Atco, filiale d’Atlantic, et également producteur a choisi de faire appel à une dizaine de musiciens de session, un bel assortiment auquel il convient d’ajouter une demi-douzaine d’artistes non accrédités ainsi qu’une brochette de choristes.

D’entrée de jeu, BUFFALO SPRINGFIELD nous plonge dans une folle effervescence avec le furieux "Mr. Soul", on se retrouve sans le vouloir entrainer dans un étrange tourbillon, un réquisitoire contre l’industrie du disque, on se laisse prendre au jeu dès les premiers mots : "Oh hello Mr. Soul I dropped by to pick up a reason". Instigateur du morceau, Neil YOUNG le reprendra dans l’album Trans. On n’oubliera les reprises de CHER ou des EVERLY BROTHERS pour se rallier à celle de RUSH. Les pianos de Jack Nitzsche et de Don Randi ajoutés aux claviers de Stephen STILLS diffusent comme une enveloppe de cordes, digne d’un orchestre symphonique sur "Expecting To Fly ", un pur titre de Space Rock Psyché. Le titre sera repris pas son géniteur et la chanteuse Folk Sonya Hunter dans une interprétation plus proche de Greenwich Village que de la Bay Area.

Richie Furay apporte sa pierre à l’édifice avec "A Child's Claim To Fame", un bon Country Rock bien tempéré avec James Burton au dobro, une chanson qui aborde le mensonge. "Sad Memory" s’annonce comme un Folk mélancolique reposant sur un amour de jeunesse envolé. Troisième et dernière compo de Furay, "Good Time Boy" pourrait provenir d’un album des ISLEY BROTHERS, des METERS et même des HUMAN BEINZ de John Belley, secondé par la section cuivre de l’American Soul Train, le groupe nous entraine dans un tourbillon de folie que ne renierait pas Dr. JOHN.

Stephen STILLS apporte deux excellents Folk Rock à consonnance Psyché avec "Bluebird", une synthèse entre les BEATLES et les BYRDS, et "Rock & Roll Woman", ce dernier étant nappé d’une bordée de chœurs. Virage à 90 degrés avec le feutré "Everydays" qui prend une orientation Jazzy Pop agréable porté par un délicat enrobage de claviers. YES en délivrera une adaptation Prog de première main captée lors d’un passage à la BBC dans le cadre des émissions programmées par John Peel. Titre bien représentatif d’un Rock Psyché fin sixties, "Hung Upside Down" tire également vers une teinte Space Soul. Le titre sera repris par les anglais d’Ugly Custard dans une orientation quasi cosmique valant le détour.

Terminons notre panorama avec 'Broken Arrow" **, dernière compo de Young dépassant les 6 minutes de durée. Après une intro Live d’une vingtaine de secondes, on a parfois l’impression d’avoir à faire à un immense collage expérimental avec un passage d’orgue de barbarie, sous influence BEATLES et Rock Psyché, des écoutes approfondies témoigneront du génie créatif de Young. A noter que Chris Sarns, road manager du groupe, vient tenir le manche d’une gratte sur cet étrange morceau qui vient clore l’album.

Paradoxalement, si les tensions entre Young et ses partenaires vont naitre dès janvier, et si l’apport de nombreux intervenants laissent supposer un manque d’unité et de cohésion, on a l’impression que chaque membre a techniquement et artistiquement progressé en moins d’un an. Si ce second recueil ne recèle pas de hit comme "For What It’s Worth", le répertoire nettement moins porté sur le Folk Rock s’avère plus conséquent et groovy. Quelque soit l’orientation de chaque titre, le liant indispensable entre chaque musicien est clairement perceptible. Ce "Buffalo Springfield Again" reste comme l’album le plus marquant du groupe, un disque annonciateur des futures pépites érigées par ce formidable trio de musiciens (YOUNG/STILLS/FURAY). Comme certains le prédisaient, le groupe disparaitra l’année suivante malgré un troisième opus, suite à des problèmes d’égo et une addiction aux substances hypnotiques.


*Eva Babitz est décédée en 2021 victime de la maladie de Huntington.
**Titre homonyme à ceux de Chuck Berry et Robbie Robertson.

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- Stephen Stills (chant 3-5-6-9, guitare, claviers)
- Neil Young (chant 1-4-10, guitare)
- Richie Furay (chant 2-6-7, guitare)
- Bruce Palmer (basse 1-2-6-7-8-9-10)
- Dewey Martin (batterie, chant 8)
- Chris Sarns (guitare 10)
- Doug Hasting (guitare 9)
- Hal Blaine (batterie 4)
- Jim Gordon (batterie 7)
- James Burton (dobro 2)
- Charlie Chin (banjo 5)
- Jim Fielder (basse 3)
- Carol Kaye (basse 4)
- Bobby West (basse 5)
- Jack Nitzsche (piano 4)
- Don Randi (piano 4-10)
- Norris Badeaux (saxophone 8)
- Jim Horn (clarinette 10)
- Merry Clayton (chœurs)
- Gloria Jones (chœurs)
- Shirley Matthews (chœurs)
- Gracia Nitzsche (chœurs)
- Patrice Holloway (chœurs)
- Harvey Newmark (chœurs)


1. Mr. Soul
2. A Child's Claim To Fame
3. Everydays
4. Expecting To Fly
5. Bluebird
6. Hung Upside Down
7. Sad Memory
8. Good Time Boy
9. Rock And Roll Woman
10. Broken Arrow



             



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