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2023 From My Soul

Marcel SMITH - From My Soul (2023)
Par LE KINGBEE le 8 Mars 2024          Consultée 405 fois

Si Everybody Needs Love, premier disque de Marcel SMITH, était passé relativement inaperçu en 2018, ce deuxième opus devrait permettre de remettre les pendules à l’heure. Venu du Gospel, SMITH nous propose cette fois-ci From My Soul édité comme son prédécesseur par Little Village Foundation, le label de Jim Pugh. Certains amateurs éclairés devraient pointer le chanteur du doigts quand ils s’apercevront que Kid Andersen, non content de produire l’album, lui fournit également une line-up mitonnée aux petits oignons.

Que cela soit sur les ballades Soul, les titres rétro de Gospel ou ses incursions dans le Blues, Marcel SMITH nous délivre un répertoire de haut calibre mêlant originaux et reprises triées sur le volet. Excellent chanteur bénéficiant d’une diction remarquable, il peut aussi compter sur une équipe de choc avec le guitariste Kid Andersen également chargé de la production, l’harmoniciste Rick Estrin (ex-coleader des NIGHTCATS), le fidèle bassiste Endre Tarczy (ex-Jackie Payne, Sonny Green), le batteur Derrick Martin (ex-Beverley KNIGHT, Bobby RUSH, Tia Carroll), sans oublier le patron du label Jim Pugh à l’orgue (ex-Tracy NELSON, Tommy Castro). Une mini section cuivre apporte son concours avec les saxophonistes Aaron Lington (ex-Tia Carroll), Eric Spaulding (ex-John Blues BOYD, Nick MOSS), le tromboniste Mike Rinta (ex-Howard TATE, Taj MAHAL) et le trompettiste John Worley (ex-Pete Escovedo). Plusieurs invités ont pris leurs jambes à leur cou pour participer à cette belle fête, à commencer par The Sons Of The Soul Revivers, trio Gospel des frères Morgan.

Tout commence en fanfare avec "I’m Coming Home To You", une superbe ballade à la Clay Hammond où tout semble ciselé à la perfection. Les arrangements du strasbourgeois Don Dally apportent un cachet perceptible dès la première piste.
Changement de cap avec "If You Miss Me", une ballade Jazzy dans laquelle la contrebasse et les balais apportent douceur et délicatesse, un titre qui évoque Sam COOKE, Nat King COLE et le falsetto de Ted Taylor. Même sentiment avec "What Can We Do" * qui nous renvoie irrémédiablement aux Soul Stirrers de Sam Cooke et Johnnie Taylor. On reste dans le domaine de la ballade avec "Wake Me When It’s Over" **, un pur prototype de Soul Blues entre Al Green et Clay Hammond dans lequel Pugh tisse un contraste entre le son délicat d’un vibraphone et celui plus churchy de son orgue.
"Nothing Left To Burn" *** vient booster l’ensemble, une guitare fuzz évoque par ses escarmouches le phrasé de Peter FRAMPTON, pas la meilleure piste de l’album mais les amateurs de guitares nerveuses apprécieront. Avec "My Heart Told A Lie", Marcel SMITH nous renvoie à l’âge d’or de la Deep Soul. La douce guitare de Kid Andersen et les cuivres nous offrent ici un véritable moment d’anthologie, un titre digne d’Al GREEN, O.V. WRIGHT ou Geater Davis.

Les covers, toutes judicieuses, s’emboîtent remarquablement aux originaux. "Freedom Blues", coécrit par Little RICHARD et Esquerita, vient booster l’ensemble. Si le titre débute sous forme d’un Folk Blues festif et légèrement psyché, l’harmonica et une rythmique pleine de peps ramènent le morceau sur les rails du Blues pour un titre hyper dansant. Preuve encore une fois que la frontière entre la musique du Diable et celle du Seigneur est plus tenue qu’il n’y paraît. Une version selon nous plus crédible que celle du jamaïcain Roy Richards en mode raga/ska. Encore plus festif, il reprend "Drunk", vieux titre de Jimmy Liggins gravé pour Specialty au début des fifties. Marcel semble totalement relâché, il interpelle au début son percussionniste Jon Otis (frangin de Shuggie) tandis que les cuivres nous permettent de voyager au cœur de la Nouvelle Orleans. Ce titre rappelle "Tramp" de Lowell FULSON.
Avec son arrangement de cordes, "To Be True" nous surprend d’autant plus que cette reprise de Robert CRAY s’annonce meilleure que l’originale, les claviers, la guitare et les cordes lui fournissant un agréable relookage. Le titre tient autant de la Nothern Soul que du Blues. Ballade pleine de douceurs, "I Don’t Want To Take A Chance", une compo de George Jackson, avait fait le bonheur de Wee Willie Walker. Si Marcel nous en offre une version presque similaire, il rend un brillant hommage à George Jackson. Pour les amateurs d’anecdotes, la version originale du duo Jackson/ Dan Greer ne sera publiée que 45 ans après sa création sur une compilation Kent.

A l’image du premier disque dans lequel il s’offrait un duo avec le vétéran Wee Willie Walker, Smith récidive ici, proposant deux faces en compagnie de Johnny Rawls. "There Goes My Used To Be", une compo de Roosevelt Jamison enregistrée par O.V. WRIGHT pour le label Goldwax, restitue une intensité dramatique rare. La complémentarité entre les deux chanteurs est d'autant plus frappante que, derrière, l’orchestration nous offre une démonstration de Southern Soul sixties tirée du meilleur tonneau. Cette version nous semble plus profonde que celles de James Carr et de l’original. A l’orée des années 70, "Turn Back The Hands Of Time" avait consacré Tyrone Davis comme l’un des favoris du public féminin. Si l’entente entre Johnny Rawls, Marcel et les choristes ne laisse guère de doute, on reste cependant assez attaché à la version du bon et regretté Tyrone Davis, chanteur pour dames par excellence. Ce duo se situe toutefois un cran au-dessus des reprises d’Otis Clay ou Mick Hucknall (SIMPLY RED).
L’album s’achève sur un véritable coup de canon avec une chanson en Live de 9 minutes. En entamant "How Can You Mend A Broken Heart", une oraison des BEE GEES popularisée par Al GREEN, nous apprend le décès de sa maman quelques jours plus tôt. Superbement épaulé, Marcel nous délivre un moment intense qui évite soigneusement tout sentiment pathos. Son interprétation relègue à des années lumière celles de CHER, Michael BUBLE, Julio Iglesias ou des Lettermen. Des versions qui confirment l’adage que les malentendants sont parfois chanceux.

Accompagnement ciselé, répertoire cohérent, reprises judicieuses, originaux inspirés, chanteur sincère, spontané, plein de feeling et certainement très éloigné des diktats financiers, font de ce disque l’une des petites pépites du dernier trimestre 2023. Encore une bonne pioche qu’on doit à Little Village.


*Titre homonyme à celui d’Anastacia.
**Titre homonyme à ceux des Cranberries et de David Sanborn.
***Titre homonyme à ceux de Nina Storey, Warren Williams et Shores Of Null.

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- Marcel Smith (chant)
- Kid Andersen (guitare)
- Endre Tarczy (basse )
- Jerry Jemmott (basse 13)
- Derrick Martin (batterie)
- Jon Otis (percussions)
- Jimmy Pugh (orgue, piano, vibraphone)
- Tony Lufrano (orgue 8)
- Rick Estrin (harmonica)
- Aaron Lington (saxophone)
- Eric Spaulding (saxophone 2)
- John Worley (trompette)
- Mike Rinta (trombone)
- Dwayne Morgan (choeurs 1-3-4-10)
- James Morgan (choeurs 1-3-4-10)
- Walter Morgan Jr. (choeurs 1-3-4-10)
- Lisa Leu Andersen (choeurs 10-11)


1. I'm Coming Home To You
2. If You Miss Me
3. What Can We Do
4. Freedom Blues
5. Wake Me When It's Over
6. Drunk
7. To Be True
8. Nothing Left To Burn
9. There Goes My Used To Be
10. Turn Back The Hands Of Time
11. My Heart Told A Lie
12. I Don't Want To Take A Chance
13. How Can You Mend A Broken Heart (live)



             



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