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2002 From Austin With Soul

W.c. CLARK - From Austin With Soul (2002)
Par LE KINGBEE le 19 Mars 2024          Consultée 472 fois

C’est avec tristesse que Forces Parallèles rend hommage à W.C. CLARK disparu le 2 mars à 84 ans avec ces modestes lignes.

Originaire d’Austin où il voit le jour en 1939, Wesley Curley Clark débute son apprentissage tout gamin dans la musique en intégrant la chorale de sa paroisse. Lassé de chanter les louanges du Seigneur il se met à la guitare à 12 ans et rejoint les Southern Wonders deux ans plus tard. De la guitare il passe à la basse et intègre les rangs des Cadillacs. A la fin de son aventure avec la troupe de T.D. Bell, Wesley rejoint The Jets, petit ensemble dirigé par Henry Hubbard qui écume le chitlin’ circuit (le circuit des andouillettes). Au gré des affiches proposées par le Charlie’s Playhouse, il accompagne sur scène Bobby "Blues" BLAND, Johnny Copeland, Roy Head et Percy Mayfield. A l’orée des sixties, il est remarqué par Joe Tex, chanteur de R&B basé à Houston. Si Tex a déjà enregistré pour différents labels (King, Ace, Jalynne et Anna), sa rencontre avec W.C. Clark n’est pas anodine, le chanteur connaissant ses premiers succès au sein de l’écurie Dial. Sous la houlette du producteur Buddy Killen, Tex va accumuler les hits plaçant ainsi pas moins de six singles dans les charts rien que pour 1965. La collaboration entre le chanteur et le guitariste prend fin en 1972, Joe Tex converti à l’Islam depuis quelques années décide de prendre du recul avec les studios.

Revenu dans son fief d’Austin, W.C. Clark se produit sporadiquement et se rend vite compte que la situation a bien changé, la vague Disco emportant tout sur son passage laisse de nombreux musiciens sur le rebord de la route. Obligé de prendre un job de mécano dans un garage de la ville, le guitariste fonde en 1975 La WC Clark Blues Revue formation qui décroche une solide réputation, jouant en première partie d’une longue liste de cadors. Wesley s’aperçoit que sa ville grouille de jeunes musiciens blancs en devenir. C’est ainsi qu’un tout jeune Stevie Ray VAUGHAN l’embauche au sein de la Triple Threat Revue, un petit combo éphémère dont la vie ne dépasse pas une année mais qui permet au vétéran de collaborer avec plusieurs petits ensembles Blues (The Storm, Southern Feeling) dans lesquels il côtoie Jimmie et Stevie Ray VAUGHAN, Angela STREHLI, Lou Ann BARTON ou Kim Wilson futur leader des FABULOUS THUNDERBIRDS. Pendant une décennie, W.C. Clark aura servi de mentor et de guide à toute une pléiade de bluesmen en herbe. En 1984, SRV incorporait "Cold Shot" dans l’album Couldn’t Stand The Weather, une compo du vétéran qui lui permettait d’engranger de confortables royalties. Il faut attendre 1987 pour que le guitariste enregistre son premier disque sous son nom avec Something for Everybody, un auto produit qui lui permet d’attirer l’attention de Black Top, label pour lequel W.C. enregistrera trois albums entre 1994 et 1998. En 2002, suite au décès de Nauman Scott, l’un des patrons de Black Top, W.C. Clark allait rebondir en signant un premier contrat avec Alligator Records, célèbre maison de disques de Bruce Iglauer.

Enregistré au Pedernales Studio à Spicewood, fief de Willie NELSON à 50 bornes au nord-ouest d’Austin, et à l’Arlyn Studios d’Austin sous la houlette du réputé ingé-son Larry Greenhill (Sue FOLEY, Lazy LESTER, Phillip WALKER) déjà présent sur les deux opus précédents, From Austin With Soul bénéficie d’une production soignée et sans surenchère avec « Kaz » Kazanoff aux commandes. Clark peut s’appuyer sur un petit comité constitué de fidèles : le batteur Barry "Frosty" Smith (ex Delbert McClinton, Gary Primich), le bassiste Larry Fulcher (ex Lonnie BROOKS, Taj MAHAL), le guitariste Derek O’Brien (ex James COTTON, Lavelle WHITE, Sue FOLEY), l’organiste Riley Osborne (ex Phillip WALKER, Mike Morgan), une solide section cuivre avec le saxophoniste « Kaz » Kazanoff (Snooks EAGLIN, Bobby PARKER), le trompettiste Gary Slechta (ex Angela STREHLI, Lavelle WHITE) et le tromboniste Randy Zimmerman (ex Jimmie VAUGHAN, Marcia Ball), sans oublier une poignée d’invités venus le temps d’un morceau.

D’entrée on est frappé par l’esprit de corps qui anime l’album, rien d’étonnant puisque le guitariste a pris soin de garder l’ossature des trois opus précédents. Le répertoire conjugue habilement cinq compos et six reprises inusitées auxquelles viennent se greffer deux classiques de la Soul. La voix terriblement expressive s’appuie sur un phrasé de guitare plein de souplesse bien soutenu par des envolées de cuivres qui pétaradent à bon escient telles les trompettes de Jéricho.

Les compos s’emboitent parfaitement à l’ensemble. Le guitariste nous offre une excursion avec une ligne nette partant du Texas pour se finir en Californie. "Bitchy Men", un Blues texan sert de point de contraste avec "Let It Rain", un modèle de Soul Blues entre Robert CRAY et Albert KING. A contrario, "Got To Find A Lover" se situe plus sur un axe californien, tandis que "I’m Gonna Disappear" nous ramène au cœur du Texas, le jeu de guitare prenant d’un coup une teinte plus nerveuse. Dernière compo, "I Keep Hanging On" avec Derek O’Brien à la rythmique s’oriente résolument entre Blues Texan et une Soul proche de la Nouvelle Orléans.

Si le choix de certains inusités relookés et rajeunis peut surprendre, l’option s’avère payante à chaque fois. "Midnight Hour Blues", un vieux titre fifties de Clarence "Gatemouth" Brown, apparait comme le parfait prototype de Blues Texan moderne. Pas étonnant que Jimmie VAUGHAN reprenne ce même titre en 2019 en guise de clin d’œil. En fait, W.C. Clark nous dresse ici un formidable pont entre Blues et Soul. Sur "I’ve Been Searching", une compo d’Earl Randle enregistrée par O.V. WRIGHT, les effluves de Deep Soul se retrouvent comme gommées au profit d’un ancrage californien de bon aloi.

Si des titres plus nerveux apparaissent de-ci de-là, les claviers ou les cuivres viennent toujours tempérer la cadence. C’est le cas avec "Don’t Mess Up A Good Thing", titre d’Oliver Sain longtemps prétexte à des duos humoristique (Fontella Bass/ Bobby McClure, Loretta LYNN/Conway Twitty ou l’impayable doublette père-fille avec Rufus et Carla THOMAS). Là, l’orchestration apporte sérieux et modernisme.

Ses passages auprès de Joe Tex et T.D. Bell paraissent aujourd’hui comme des influences évidentes. Une ambiance Soul sert de trame principale sur plusieurs pistes : "How Long Is A Heartache Supposed To Last?", une pépite de Jimmy Lewis (un ex Drifters), en est le plus bel exemple. Dans le registre pur de la Soul Blues, il dépoussière "Got Me Where You Want Me", œuvre de Don Robey chantée par Bobby "Blue" BLAND. Même impression avec "Real Live Livin’ Hurtin’ Man" compo de Margaret Lewis, auteure de pièces Country et Rockabilly, chantée sans grand succès par Johnny Adams, prend ici une tout autre dimension. Clark prend soin de nous glisser deux petits classiques Soul avec "Get Out Of My Life, Woman" compo d’Allen Toussaint popularisée par l’impayable Lee Dorsey. Si le titre est tombé dans l’escarcelle de petits combos Garage, le jeu de guitare prend une orientation funky sortant des sentiers battus. Le mot de la fin à "Snatching It Back", une compo de George Jackson et Clarence CARTER chantée par ce dernier en 69. Le jeu de guitare s’apparente à celui du regretté Clarence Hollimon, Wesley nous offre quelques fulgurances qui touchent leur cible à chaque note, le tout renforcé par un épissage de cuivres et des touches d’ivoires qui nous ramènent au cœur de la Crescent City.

Un album sans le moindre déchet tant au niveau du répertoire que de l’orchestration, des arrangements. Chanteur expressif et naturel, W.C. Clark nous délivre ici un album d’exception entre Blues et Soul, sentiment confirmé par la durée des morceaux qui ne s’éternisent pas tournant autour des 3 minutes 30 (hormis 2 pistes). En 2004, le guitariste enregistrera un second disque pour le label reptilien suivi de deux autoproductions. Victime d’un cancer, WC CLARK ralentira ses productions discographiques, le guitariste donnera son dernier concert au Giddy Ups, un bar concert basé à Austin le 20 février 2024. En France, certains chanceux l’ont vu en 2005 à Paris et au Salaise Festival où il avait laissé une mémorable prestation.

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- W.c. Clark (chant, guitare)
- Marcia Ball (chant 4, piano 4)
- Derek O'brien (guitare 1-3-5-6-7-8-9-12-13)
- Pat Boyack (guitare 2-4-10-11)
- Larry Fulcher (basse)
- Barry 'frosty' Smith (batterie)
- Riley Osborne (claviers 1-2-5-6-7-8-9-10-11-12)
- Gray Gregson (claviers 5-7)
- Mark 'kaz' Kazanoff (saxophone)
- Les Izmore (saxophone)
- Randy Zimmerman (trombone)
- Gary Slechta (trompette)
- Mike Cross (chœurs)


1. Snatching It Back
2. Midnight Hour Blues
3. I've Been Searching
4. Don't Mess Up A Good Thing
5. How Long Is A Heartache Supposed To Last?
6. Bitchy Men
7. Let It Rain
8. Got Me Where You Want Me
9. Got To Find A Lover
10. Get Out Of My Life, Woman
11. I'm Gonna Disappear
12. Real Live Livin' Hurtin' Man
13. I Keep Hanging On



             



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