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2024 It's Soul That Counts

PRINCIPLES OF JOY - It's Soul That Counts (2024)
Par LE KINGBEE le 15 Mars 2024          Consultée 835 fois

Encore un groupe qui a résisté à la pandémie liée au Covid qui aura mis fin à l’existence de nombreux groupes. Si le nom de cette formation ne vous dit rien, n’y voyez rien de rédhibitoire, PRINCIPLES OF JOY vient du Neuf Trois comme certains goguenards se plaisent à nommer le département, peut-être dans un souci de rabaisser intellectuellement et socialement ses habitants.

Le groupe s’est formé en 2017 par l’entremise de Ludovic Bors, claviériste et fondateur du label Q-Sounds Recording, petite maison de disque basée à Montreuil qui fêtera bientôt son 15ème anniversaire. Rejoint par le bassiste Jérôme Makles, les guitaristes Harysson Jean Baptiste et Loïc "Butcher" Betems, le batteur Cédric Dolanc et la chanteuse Sarah Ibrahim. Après deux albums édités en 2019 et 2021 (Strong Ain’t Wrong et 9-3) voici leur troisième galette publiée sous la forme d’un double vinyle.

La formation a subi quelques changements de line-up, avec les arrivées du Schaël Michonal et Rachel Yarabou, déjà présente dans le second opus, remplaçant Sarah partie pour des aventures théâtrales. Issus d’horizons musicaux variés, le sextet nous propose ici un subtil mélange de Soul Retro, de Northern Soul, de Funk et de Soul Psyché, trois registres dans lesquels viennent s’emboiter de furtifs zestes de House et de New Jack. Si l’orchestration et les arrangements s’avèrent cohérents dès la première écoute, la qualité et la trame des textes dus à la plume de Christelle Amoussou, parolière attitrée du label, apportent un plus incontestable. Si les chansons parlent d’amour, du quotidien ou de justice sociale, on n’est bien loin des niaiseries et des textes polémiques chantés par certaines stars du Hip Hop ou de R/n/B. Les textes de par leur propos nous emmènent bien au-delà du registre Revival pour s’inscrire dans un domaine socio-politique plus contemporain.

La pochette illustrée par le visage en gros plan de Rachel Yarabou (photo de Bruno Veyrier) avec ses deux mains bien en évidence sur lesquelles est inscrit le nom du disque évoque certaines couvrantes de chanteuses Soul (Candi STATON, Michelle DAVID, Mary Wilson, Gloria Scott, Margie Joseph ou Tamiya Lynn) mais aussi une ébauche de contestation comme aux grandes heures des Soul Sisters.

En ouverture "I Was Wrong" nous renvoie vers une douce ambiance digne de Tracy CHAPMAN ou Joan Armatrading. La voix superbement posée devant une guitare pleine d’attention et de douceur étonne par sa maturité. Une chose est sure, malgré son titre le label ne s’est pas trompé avec une ouverture tissant un tel relâchement. Changement de cap avec "Girls Be Like" titre dansant qui n’est pas sans rappeler certaines productions Casablanca ou Motown sans surenchère de cordes et de boites à rythme. Sentiment identique avec "What Did You Mean" titre festif qu’on croirait sorti d’un single sixties en droite ligne avec un girl group.
Oscillant entre ballade et une Soul mid tempo imprégné d’un délicat nappage de cordes au fumet Psyché, "Soulmate" pourrait s’inscrire d’un disque d’Alice Russell. De la douceur, on en retrouve encore tout un plein avec "Ablaze", les instruments bénéficient d’une excellente mise en place agrémentée par la présence d’une sobre section cuivre, Rachel Yarabou n’ayant plus qu’à poser sa voix. Un titre qui rappelle la simplicité naturelle de DES’REE. Les texte et la mélodie prennent une coloration plus dure avec "True Life", une chanson entre Jill SCOTT et Baby Charles.

La face A du second disque ne propose qu’une seule piste longue de plus de dix minutes, "No Justice No Peace Pt.1 & Pt.2" subdivisée en deux parties. Le titre, plus grave, évoque un triste évènement récent mettant en lumière l’injustice sociale, une main mise policière poussée par des décisions gouvernementales. Si le morceau débute sous la forme d’arrangements et d’une mélodie proches de certains films issus de la Blaxploitation, on pense à "Pusherman" tiré de la bande son de Super Fly, la seconde partie avec ses envolées de cuivres nous renvoient vers une atmosphère plus Psyché, dans la lignée d’"Aragon" de Roy Ayers, titre au générique du film Coffy, la panthère noire de Harlem avec Pam Grier.

La face D s’ouvre avec l’unique reprise. Il faudra quelques secondes pour reconnaitre "Your Thing Is A Drag" de Sharon JONES & The DAP-KINGS pioché dans l’album Naturally. Si le timbre de Rachel se montre moins vindicatif, la basse se révèle plus ronde et pour tout dire plus goûteuse que celle de Gabriel Roth aka Bosco Mann, rien que ça ! On se laisse facilement aller, emporter par la vague Funky de la guitare par ce pamphlet féministe : Your Thing Is A Drag - About what time I'm coming home - And ain't no need to ask me, baby - About when and where I roam. Un bien bel hommage à Sharon Jones qui nous a quitté en 2016.
"Tale From The Ghetto" nous rappelle à la réalité du quotidien, celui du béton et des cités dortoirs dans lesquelles s’entassent travailleurs et laissés pour compte. Dernier titre, "All That Counts", basé sur un jeu de mots anglais et rythmé en diable évoque à la fois Nicole WILLIS et Michelle DAVID.

Si "No Justice No Peace" ne passera certainement pas à la radio, trop long et trop venimeux pour certains, certains titres devraient en toute logique animer les programmes de certaines ondes dédiées à la Soul. Musicalement, le sextet n’a rien à envier à certaines formations anglophones. Les arrangements et la production évitent toute poudre au yeux inutile alors que le chant de Rachel Yarabou n’est jamais poussé contrairement à certaines jeunes chanteuses qui pensent qu’il faut en rajouter pour se démarquer et impressionner l’auditeur lambda. Un album sincère, crédible et musicalement sans faille en droite ligne avec les productions du label italien Record Kick. Souhaitons que la formation puisse grossir son agenda, Principles Of Joy aurait plus de reconnaissance en Allemagne et Hollande. Avec ce troisième opus, le groupe de Rachel Yarabou devient la figure de proue du label Q-Sounds Recording. Un album à ranger entre The TIBBS, Sharon JONES, Nicole WILLIS et Alice Russell.

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- Rachel Yarabou (chant)
- Harryson Jean-baptiste (guitare)
- Loic 'butcher' Betems (guitare, basse)
- Jérôme Makles (basse, guitare)
- Schaël Michonal (batterie)
- Ludovic Bors (orgue, piano, clavinet, flûte, percussions)
- Antoine Madet (saxophone)
- Dan Amozig (trompette)
- Sébastian Quesada (congas)
- Jamila Soyah (violon)
- Estelle Schlegelmich (violon)
- Marianne Au Pluriel (violoncelle)
- Christelle Amoussou (chœurs)
- Laura Llorens (chœurs)


1. I Was Wrong
2. Girls Be Like
3. Soulmate
4. Ablaze
5. What Did You Mean
6. True Life
7. No Justice No Peace
8. Your Thing Is A Drag
9. Tale Of The Ghetto
10. All That Counts



             



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