Georges GRÜNBLATT n’est autre qu’un ancien membre de SCHIZO et HELDON, ayant collaboré avec Richard PINHAS jusqu’à Agnetha Nilsson (1976). Les deux hommes réalisèrent même Allez Téïa (1975) quasiment en duo, un album imprégné de romantisme, influencé par In The Court Of The Crimson King (1969) et Islands (1971) de KING CRIMSON.

Quelques années plus tard, Georges GRÜNBLATT publie un album solo. Publié en 1980 sur la sous-série Ramsès de Polydor mais enregistré fin 1977, K-Priss est un grand oublié des vagues de rééditions du catalogue de fond de HELDON (hormis une réédition vinyle par Gonzaï Records en 2017), et pourtant se trouve être un objet des plus intéressants. La formation réunit tout de même celle de 77-79 au grand complet ainsi que l’ancien guitariste Michel Ettori : c’est un supergroupe qui ne dit pas son nom! Il serait tentant d’en faire un album de HELDON manqué, mais ce serait oblitérer les disparités stylistiques de K-Priss.

L’ouverture "Variana", portée par de larges et superbes arpèges de piano mélancoliques, évoquant les ballades de Brian ENO, la marche "Wobberlie Walk" aux accords brumeux et l’hymne "Far Out" sont trois pièces mélodiques, aux répétitions de thèmes et soli typiques de HELDON, mais à l’éloquence inhabituelle, exacerbée par l’opulence de l’instrumentation. Dans un tout autre registre, le plat de résistance "Vent D’Éther" expose un puissant thème martial, cette fois se rattachant bel et bien à HELDON, via cette longue montée en intensité une nouvelle fois magnifiée par Patrick GAUTHIER au Moog solo. Ce titre impressionnant vaut à lui seul l’écoute de l’album.

K-Priss est une réussite, s’écoutant sans ennui malgré les thèmes uniques et l’absence de transposition, grâce à la richesse des arrangements. Seul "Loopie De Loop", funk daté et pas particulièrement convaincant, me laisse sur ma faim. Pour le reste, tout amateur de HELDON devrait y trouver son compte.