On peut voir en L’Air Lumière un aboutissement de L’Arbre Verre, suite progressive planante et en grande partie acoustique qui péchait par manque de cohésion dans sa seconde moitié. Les deux premiers tiers du second album sont occupés par cinq compositions reprenant la même base de guitares balladines et de chœurs diaphanes, le tout mieux mis en valeur par un son d’ensemble plus ample et une meilleure structure d’ensemble.

Le morceau-titre et "Écumes" sont un réenregistrement des deux premiers mouvements de L’Arbre Verre tandis que "Couleur Fièvre" développe l’un des nombreux petits thèmes de la face B de ce premier album. Malgré cette organisation en cinq morceaux distincts, le tout est habité d’un même état d’esprit, aussi apaisé et cristallin que L’Arbre Verre. L’introduction "Juin 81" met parfaitement en valeur "L’Air Lumière" et "Écumes". J’ai dit tout le bien que je pensais de ces deux morceaux dans la précédente chronique mais ils sortent revigorés de ce réenregistrement. Le meilleur relief sonore et les discrets ajouts électroniques leur donnent une autre saveur. L’interlude caverneux puis pastoral "Silences" mène tout naturellement à "Couleur Fièvre", un morceau plus émotionnellement neutre mais non moins beau que le reste.

Et il y a ce "Parti Du Pli" final, bande-son d’une création chorégraphique contemporaine de la troupe Turbulences de Dijon. Quatorze minutes de musique ambiante minérale, faite de nappes de synthétiseur, de clochettes, de saxophone. Une masse sonore insondable qui évolue lentement, et dont s’extirpe une mélodie sourde. Autant dire que ça tranche avec le reste. Si cette instrumentation diffère de celles des précédents morceaux – seuls les chœurs demeurent –, le style musical et la mélodicité ne changent pas radicalement, étant seulement plus dilués du fait d’un rythme (encore) moins soutenu.

L’Air Lumière est un beau disque dont le manque de passages dynamiques est aisément compensé par des compositions réussies et un son aux petits oignons. Suite à cette sortie, il s’écoulera un quart de siècle avant la parution du troisième album de Didier BONIN, The Planet Of Famous Apples, cette fois sous le pseudonyme DID’BO.