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1968 Blues Connection

LINKIN' LOUISIANA PEPS - Blues Connection (1968)
Par LE KINGBEE le 5 Avril 2024          Consultée 347 fois

Derrière le nom de LINKIN’ LOUISIANA PEPS se cache l’harmoniciste et chanteur suédois Peps Persson. Originaire d’Helsingborg, il passe son enfance à Tjörnarp, un hameau perdu au cœur de la Scanie. Il se met très tôt à la guitare et à l’harmonica et monte son premier groupe Pop Penders à seize ans. En 1968, à tout juste 22 ans, il fonde Linkin’ Louisiana Peps, piochant dans la line-up de T-Bones & Slim Notini Group rejoint par les frères Guy et Bill Ôhrström, Pelle Ekman, Per "Slim" Notini, actuellement à la tête de Gospel Friend Records, Gôran Malmberg et Gôran Ramberg. Sous la houlette de Gert Palmcrantz, ingé-son spécialisé dans le Jazz également producteur, Peps Persson et ses potes décrochent un contrat avec Gazell Records l’un des premiers labels indépendants suédois toujours en activité passé dans le giron d’Universal Music Group.

Alors que chez nous, Mireille MATHIEU valse pour la dernière fois, Georgette Plana cartonne avec "Riquita" tandis que Gilles Dreu atteint une célébrité malheureusement éphémère avec "Alouette", la Suède par l’intermédiaire de nombreux petits combos ne se produisant bien souvent qu’en Scandinavie, Allemagne et Pays Bas voit fleurir une scène Blues d’un excellent niveau. Il faut dire que contrairement à nous autres, les suédois maitrisent parfaitement la langue de Shakespeare.

Si le nom du groupe brosse une connexion avec la Louisiane, celle-ci demeure des plus restreinte. Si l’album n’est constitué que par huit reprises, les liens avec Baton Rouge, la Nouvelle Orleans et les bayous sont presque aussi fins qu’une feuille de papier à cigarette. Hormis Lightnin’ SLIM brillant représentant du Swamp Blues et Little WALTER (bien que né en Louisiane, cet harmoniciste établi à Chicago n’a jamais enregistré en Louisiane), les autres bluesmen sont tous natifs du Mississippi ou du Tennessee (Brownie McGhee) et feront l’essentiel de leur carrière à Chicago. Le nom du groupe s’avère donc involontairement trompeur, ce qui ne gâte en rien la qualité du répertoire.

D’entrée Peps Perssons nous entraine dans l’univers des ghettos de la Windy City avec "Blues With A Feeling", un titre enregistré en 1953 par Little Walter en compagnie des Frères Myers. Si la reprise voit sa durée doublée, l’intensité dramatique est toujours de mise légèrement adoucit par les interventions d’un piano et d’un sax. Le chant et le jeu d’harmonica parfois légèrement stridant se complètent parfaitement. Si cette interprétation vaut largement à nos yeux celles du Paul BUTTERFIELD BLUES BAND et de FLEETWOOD MAC, nous lui préférons celles de Jimmy DAWKINS et Ronnie Earl plus orientées sur la guitare.
Boogie Blues de John Lee HOOKER, "Dimples" avait fait l’objet de versions élaborées sous forme de Blues Garage assez palpitantes ; si leurs concitoyens de TAGES et les ANIMALS d’Eric Burdon avaient changé quelque peu la structure de ce futur standard, la présente reprise s’écarte de la rudesse d’origine par le biais du piano et d’un harmo toujours aussi aigu, alors que la rythmique hyper dansante permet au sax de s’ouvrir des brèches aussi grandes que les portes du paradis. Un bel essai, plus aventureux que les versions de CANNED HEAT ou de Long John Baldry.
Enorme standard du pianiste Eddie Boyd, "Five Long Years" demeure l’un des rare titre Blues à avoir intégrer le Top 40 à l’orée des fifties. Cette histoire d’un pauvre ouvrier trimant à l’usine tout heureux de donner tous les vendredis sa paie à sa petite amie qui finira par se barrer sans un mot aura fait le bonheur de toute une pléiade de stars (Muddy WATERS, John Lee HOOKER, BB KING, Freddie KING, Buddy GUY, CLAPTON). La formation se démarque encore avec l’apport du piano alors que la basse se fait plus ronde et que Perssons met plus d’intensité dans sa locution, mais l’arrivée du sax en milieu de morceau apporte un sacré plus. Parmi tous les repreneurs précités, nous nous permettons de conseiller Lynn August, pianiste accordéoniste de la Nouvelle Orléans.
Moins connu, "Sporting Life Blues" marque les débuts de la discographie de Brownie McGhee, coéquipier de l’harmoniciste Sonny Terry avec lequel il formera le duo Blues le plus célèbre de la planète. Ce titre marque une légère rupture avec l’ensemble. Cette fois ci la guitare de Guy Ôhrstrôm impulse une orientation Folk Blues. Dave Van Ronk et JJ CALE en délivreront d’autres aperçus sonores.

Mais c’est un autre guitariste bien éloigné de la sphère louisianaise qui apporte la plus grosse contribution en la personne d’Elmore JAMES avec pas moins de trois reprises placées consécutivement. "Shake Your Moneymaker", enregistré durant l’été 61, s’appuyait sur la grosse ligne de basse de Sammy Lee Bully, l’harmonica de Sammy Myers et la slide de James et un texte qui aujourd’hui risquerait de faire crier au loup, en effet quand James évoque le moneymaker, (traduisible par gagne-pain), il s’agit plutôt d’une invitation à ce que la dame dont il est ici question remue ses hanches pour le plus grand plaisir du guitariste spectateur. Ce grand classique sera repris à maintes occasions, George THOROGOOD, John Littlejohn, John Primer ou Ron Hacker en délivreront d’excellentes covers. Là l’apport du piano et d’un sax parfois hurleur s’écartent des sentiers battus, trop peut-être ? Trente ans après Peps Perssons reprendra cette chanson traduite en Scanien sous l’intitulé "Skaka Kassaskrinet". Mis en boite en novembre 59, "The Sky Is Crying" a lui aussi connu moult versions. Si on reste attaché à la version d’origine où la slide déployait une forte intensité dramatique, ici si la tension est toujours palpable, l’orchestration s’éloigne nettement des itinéraires habituels et finit par nous perdre un peu. Une version bien inférieure à celle de Freddie KING, George THOROGOOD ou Magic SLIM. On remonte dans le temps avec "Dust My Blues" gravé en 55 en compagnie du batteur Earl Palmer. Si l’original prend sa source avec "Dust My Broom" qui s’inspirait fortement du "I Believe I’ll Make A Change" des Sparks Brothers (de tout temps, les bluesmen se sont souvent copiés), là les grands coups de slide disparaissent au profit d’un piano et d’un sax orientant le morceau entre un shuffle bluesy et un Jazz pépère.
Terminons avec l’unique chainon avec la Louisiane avec "Rooster Blues". Cette histoire de petit coq rouge qui ferraillant avec les poules de la basse-cour a fait l’objet de plus d’une chanson. Enregistré en 59 par Lightnin’ SLIM en trio avec le batteur Kenneth Sample et Lazy LESTER, ce titre restitue toute la quintessence d’un Swamp rural sans concession. Ici toutes les connexions avec les bayous ou le label Excello s’estompent au profit d’un brassage entre Rockin’ Blues et Jazz NOLA.

Certains amateurs de Blues devraient sourciller en visualisant les huit titres de l’album, dont sept standards usés jusqu’à la corde. Mais mine de rien, si on reprend les titres un par un, on s’aperçoit que ces suédois étaient souvent parmi les premiers musiciens européens à reprendre ces différents classiques. On pourrait pousser l’argument encore plus loin en déclarant que Peps Perssons et ses potes ont été les premiers blancs à s’attaquer à certains de ces titres. Si une partie de la planète flirtait sur "Hey Jude" (The BEATLES), chez nous les midinettes se dandinaient sur "Comme un garçon" (Sylvie VARTAN) alors que d’autres allaient siffler sur la colline,alors que les gens de goût se fendaient la poire avec "Tonton Cristobal" de l’inoxydable Pierre PERRET, ce disque met en exergue notre retard par rapport à la Scandinavie mais aussi à une moitié de l'Europe. Après plus d’une décennie de Blues, Peps Perssons se lancera à cœur perdu dans le Reggae, n’hésitant pas à traduire certains textes dans son dialecte. Peps nous a quitté en 2021. Cet album a été réédité en format CD par Sonet en 1994. En 2005, s’apercevant qu’il y avait peut-être du fric à se faire, Universal a édité une compilation sous forme de double CD regroupant le présent disque et Sweet Mary Jane, album enregistré sous le nom de Peps & Blues Quality, le tout agrémenté de cinq alternates.

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- Peps Persson (chant, harmonica)
- Guy Öhrström (guitare)
- Göran Malmberg (basse)
- Pelle Ekman (batterie)
- Bill Öhrström (congas)
- Slim Notini (piano)
- Göran Ramberg (saxophone)


1. Blues With A Feeling
2. Dimples
3. Five Long Years
4. Rooster Blues
5. Shake Your Money Maker
6. The Sky Is Crying
7. Dust My Blues
8. Sporting Life Blues



             



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