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1980 Big Twist & The Mellow Fellows

BIG TWIST & THE MELLOW FELLOWS - Big Twist & The Mellow Fellows (1980)
Par LE KINGBEE le 9 Avril 2024          Consultée 400 fois

Fondé au milieu des seventies par Bruce Kaplan, un ancien de l’écurie Rounder, le label Flying Fish s’est longtemps concentré sur le Folk et le Bluegrass avant de bifurquer vers le Blues, le Jazz et le R&B. A l’orée des années 80, le petit label indépendant qui vient de publier deux albums de Tracy NELSON et un disque des Persuasions décide de relancer le registre Soul en signant Lawrence Nolan alias Big Twist, charismatique chanteur des Mellow Fellows.

Originaire de l’Indiana, Lawrence Nolan, à l’image de nombreux jeunes afro-américains de l’époque, débute le chant dans sa paroisse de Terre Haute, à un jet de pierre de la frontière avec l’Illinois. Après avoir chanté les louanges au Seigneur, Nolan va s’établir dans les environs de Carbondale. Contre toute attente, il fait ses gammes au sein d’un trio dans le circuit truck, devenant l’un des rares noirs à se produire dans un univers généralement réservé à la Country et au Country Rock. Officiant comme chanteur et batteur, Nolan va acquérir une solide réputation. Chanteur charismatique, il peut compter sur la bénédiction des étudiants de la Southern Illinois University de Carbondale, une Fac spécialisée dans la recherche et l’enseignement et de la population noire. Le circuit truck devenant plus ou moins une impasse, Nolan est recruté à l’orée des années 70 par le guitariste Pete Special et le saxophoniste Terry Ogolini au sein de Pontiac Jones. Le charisme de Nolan, également connu sous le sobriquet de BIG TWIST, leur permet d’écumer la région. La formation change alors de nom, se transformant en BIG TWIST & The MELLOW FELLOWS en hommage à l’organiste Ronald West fondateur d’un groupe du même nom durant les fifties, ayant longtemps officié au New Orleans Club de Colp, village situé à une dizaine de bornes de Carbondale, une manière de perpétuer le nom d’un groupe phare de la région.

Si Big Twist reste très attaché à son environnement familial, hésitant à délaisser sa famille, le succès du groupe se produisant principalement dans le Sud de l’Illinois les conduit à Chicago, située au nord à plus de 500 kilomètres. C’est dans la mégapole, la troisième ville américaine en densité, que la formation connaît un succès instantané, servant de première partie à The BAND. Remarqué par Flying Fish, BIG TWIST & The MELLOW FELLOWS enregistre son premier disque à Chicago aux Curtom Studios, ancien studio d’enregistrement du label Curtom fondé par Cutis MAYFIELD et Eddie Thomas. Bruce Kaplan confie la production à Jim Tullio, ancien bassiste guitariste de Jethro Burns (ancien fer de lance du duo HOMER & JETHRO) dans le giron du label depuis quelques années. Tullio n’est pas un inconnu, il a déjà officié aux côtés des chanteuses Folk Priscilla Herdman et Rosalie Sorrels et du violoniste jazzman Joe Venutti.

Premier constat, le nombre d’originaux reste famélique avec deux compos du claviériste Bob Pina. La formation compense en reprenant un grand nombre d’inusités et de chansons spécialement composées pour l’album par différents auteurs, des titres répétés sur scène mais ayant tous reçu l’aval de Jim Trullio. Hormis "Turn Back The Hands Of Time", œuvre du tandem Johnny Moore/Jack Daniels popularisée en 70 par Tyrone Davis, l’album n’est constitué que d’obscurités ou de titres restés dans l’ombre.

A seigneur tout honneur, commençons par les deux compos de Bob Pina : "Till The Morning Comes" combine une Soul chicagoanne, dans le genre de celles pratiquées par Tyrone Davis ou Otis Clay, et un R&B typique à la Cité des Vents. Si la rythmique est bien en place et si tous les instruments semblent se mettre au diapason, aidés par une mini section cuivre, c’est bien Big TWIST qui mène les débats, débutant la chanson sous forme d’une spoken song. "The Sweet Sound Of Rhythm & Blues" contient tous les ingrédients de cette Soul régionale avec son sens du rythme et divers zestes de Country et de Blues, un titre simple mais efficace d’autant qu’il ne se prolonge pas inutilement.
Composé spécialement pour l’album "(That's The Sound Of A) Happy Man" reprend tout le concept d’une Soul patinée de Gospel, Big Twist étant secondé par le Jessy Dixon Singers, un ensemble de quatre choristes. "Children’s Blues", titre le plus long, pourrait s’apparenter à un titre Soul Blues de Ray CHARLES, avec pour seul mot d’ordre un tempo hyper lent. "Nobody Wants To lose" se révèle une véritable pièce de Blues. Si les cuivres apportent un enrobage consistant, le jeu de guitare de Pete Special évoque pour le coup celui de Lonnie BROOKS.

Au rayon des obscurités, la formation reprend deux titres de Willie DIXON : "Here In The City" se déguste comme un véritable Blues, Corky Siegel tient les rênes de la diligence, équipé d’un harmonica plaintif qui sonne parfois comme celui de Tony Joe WHITE. Second emprunt à DIXON avec "Slave For Love" * probablement écrit pour Fats DOMINO. Si le titre débute par une vingtaine de secondes de chanson parlée, la suite combine un onctueux et curieux assemblage mêlant Blues, Soul et un soupçon de Country. Mais c’est sur deux reprises que la troupe étonne le plus, métamorphosant complètement "(It Would Be) You & Me" un titre Folk de Steve Goodman (ancien camarade d’école d’Hillary Clinton). Seconde transformation cette fois-ci dans le domaine de la Soul Blues avec "Who’s Cheatin’ Who" ** antérieurement gravé par Little Milton. La présente version avec ses montées cuivrées et l’apport des chœurs se révèle nettement plus groovy. Terminons notre tour d’horizon avec l’entraînant "Turn Back The Hands Of Time", hit imparable du regretté Tyrone Davis, capable de faire danser n’importe quel cul-de -jatte. Si certains sont toujours attachés à la version d’origine, Big TWIST et son band s’en sortent haut la main. Une version bien supérieure à celles de Mick Hucknall et des Ruffin Brothers. Un titre toujours très tendance, Marcel SMITH venant de le mettre dans sa besace.

Ce disque connaît un succès inattendu aux Etats-Unis par l’entremise de MTV qui passe plusieurs titres de la formation en boucle. Avant tout groupe de scène, la formation connaît une seconde jeunesse en signant chez Alligator, le label de Bruce Iglauer. Malheureusement, cette belle embellie ne dure qu’un temps, Big Twist étant victime de son diabète et de ses reins en 1990, remplacé alors par Martin Allbritton. Le départ de Pete Special, parti rejoindre The BAND, conjugué au décès de son chanteur conduit le groupe à changer de nom, devenant Chicago Rhythm & Blues Kings avec un dernier disque édité en 1999 sous la houlette de Gene Barge. Malgré une production parfois trop plate et le manque d’originaux, cet éponyme demeure dans le haut du panier des productions Soul du début eighties. A ranger entre Tyrone Davis, Matt 'Guitar' Murphy et Syl Johnson.


*Titre homonyme à ceux de Bryan Ferry et Ted Jarrett.
**Titre homonyme à ceux chantés par Charly McClain et Alan Jackson.

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   LE KINGBEE

 
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- Big Twist (chant)
- Pete Special (guitare)
- Tim Caron (basse)
- Melvin Crisp (batterie)
- Bob Pina (claviers)
- Terry Ogolini (saxophone)
- Mike Halgin (trombone)
- Ron Friedman (trompette)
- Rubin Alverez (percussions)
- Jessy Dixon (chœurs)
- Aldrea Lennox (chœurs)
- Elsa Harris (chœurs)
- Ethel Holloway (chœurs)


1. (it Would Be) You & Me
2. Who's Cheatin' Who
3. Till The Morning Comes
4. Slave For Love
5. (that's The Sound Of A) Happy Man
6. Turn Back The Hands Of Time
7. Nobody Wants To Love
8. The Sweet Sound Of Rhythm & Blues
9. Here In This City
10. Children's Blues



             



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