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ABSTRACT HIP HOP INDUS  |  STUDIO

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2023 IV / III
 

- Membre : Cloup / Bouaziz / Rufie, Mendelson

BRUIT NOIR - Iv / Iii (2023)
Par K-ZEN le 16 Avril 2024          Consultée 503 fois

Enfin ! Voyons !

Un bruit blanc, oui bien entendu, encore que… Après quelques recherches, on s’aperçoit que ce n’est qu’un simple item extrait d’une liste plus conséquente de bruits dits colorés, chacun se distinguant par une densité spectrale de puissance typique, soit graphiquement un spectre prenant une forme particulière. Ainsi, le tracé de la courbe exprimant l’intensité (décibels) en fonction de la fréquence (Hertz) montre un diagramme constant pour le bruit blanc quand les rose/rouge et bleus/violets exposent respectivement décroissance et croissance régulière. Aucun hypothétique bruit noir à l’horizon cependant, le seul s’en approchant vaguement pouvant être le gris. Encore une facétie d’un Pascal BOUAZIZ qui n’en est pas à son coup d’essai.

Le musicien fut pendant vingt-cinq ans le seul membre permanent de MENDELSON, groupe cultivant la particularité d’être à la fois culte mais inconnu, et dont la mort fut mise en scène en 2022 via la publication éloquente de son Dernier Album, aigre bilan de parcours d’une aventure finalement plus frustrante qu’autre chose. Ce même vitriol irrigue les veines saillantes barrant le corps de BRUIT NOIR, nouveau projet monté en duo avec Jean-Michel PIRES, déjà membre de MENDELSON et qui s’occuperait ici exclusivement des machines quand BOUAZIZ aiguiserait plume et voix.

La formule a déjà été éprouvée via deux disques à l’esthétique atypique fusionnant hip-hop minimaliste et musique industrielle et composant des atmosphères étouffantes sur lesquelles BOUAZIZ pose ses spoken words, convoquant un casting hétéroclite déambulant dans des mondes urbains ou plus campagnards. Mais si IV/III montre déjà une certaine évolution, à commencer par ses visuels troquant le noir et blanc du panda prenant le métro pour une plage attendant l’orage et témoin de la rencontre inattendue entre un BOUAZIZ – eh bien non, c’était PIRES, merci au Vieune pour sa vigilance – vêtu d’un survêtement rouge et Wonder Woman, la recette ne change toutefois pas fondamentalement.

BOUAZIZ demeure ce franc-tireur enclin à shooter à vue, y compris sur lui-même lorsque cela s’impose. Plus qu’une manière de se mettre en scène, une véritable mise en danger, "Bruit Noir IV" fustigeant violemment deux vieilles putes quand l’énorme premier single manifeste "Coup d’état" entérine une prise de pouvoir extérieure à moins que ce ne soit un total abandon (Bruit Noir est aux fraises/Les deux bouffons ne viendront pas). Les autres congénères chanteurs ne sont pas en reste, directement interpelés (l’évident "Artistes", ce qui se rapproche le plus d’une véritable chanson, très influencée par NEW ORDER) ou plus subtilement mis devant leurs limites. L’opportuniste allant chanter pour les Enfoirés se faisant appeler "Chanteur engagé" est ainsi dézingué – tout comme STING – ainsi que les reformations pécuniaires. "Petit Prince", effrayant et sordide, s’intéresse aux derniers instants de l’auteur de "Purple Rain" dont on peut entendre l’écho lors d'un final particulièrement gênant.

Les textes savent ainsi trouver le point sensible sur lequel allègrement appuyer, oscillant entre méchanceté gratuite jouissive, qu’elle soit justifiée ou pas (l’alibi médical "Tourette" garantissant un propos 100 % sans filtre, "Béatrice" dont on pourrait allègrement rire si le malaise n’était pas si prégnant), essentialisation extrême jusqu’à l’absurde ("Animaux" assimilant l’Homme à un porc véritable dont l’extinction serait positive), huitième degré mordant, nihilisme assumé, mégalomanie aux manifestations concrètes et saillies grinçantes ne faisant rire qu’une poignée, les autres demeurant interdits.

BRUIT NOIR est donc le vilain petit canard, dont la morgue satisfait un voyeurisme glouton que nous n’osons exprimer à l’instar de ces pensées dites interdites qui parfois traversent l’esprit et que l’on tente de chasser via un coup de balai mental. Mais ce volatile est aussi capable de réflexions plus complexes.

"Le visiteur" décrit la rencontre dans un atelier d’écriture avec un migrant ayant accompli un périple depuis le Centrafrique, cette histoire suscitant admiration et relativisme du narrateur par rapport à sa propre situation. "Deux enfants", lointain écho à "Héritage", s’interroge sur la nature véritable de l’amour par rapport à la perpétuation, piège, l’astuce, le vertige qu’a trouvé l’espèce pour qu’on soit toujours là ainsi que les raisons profondes qui poussent à construire une famille. Réelle envie ou simplement la peur d’un jour se retrouver à écrire des chansons comme "Kinou", déchirante complainte signée d’un Nino FERRER ?

La question reste en suspens alors que l’acide commence à lentement ronger le bois d’un buffet réputé du XVIIIème siècle.

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- Jean-michel Pires (instruments)
- Pascal Bouaziz (voix)
- +
- Stéphane Pigneul (basse, instruments)


1. Intro
2. Bruit Noir Iv
3. Coup D’état
4. Chanteur Engagé
5. Petit Prince
6. Le Visiteur
7. Tourette
8. Artistes
9. Calme Ta Joie
10. Communiste
11. Béatrice
12. Animaux
13. Deux Enfants



             



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