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2001 Whiskey, Money & Women

Dave RILEY - Whiskey, Money & Women (2001)
Par LE KINGBEE le 8 Mai 2024          Consultée 95 fois

Petit frère de la maison de disques HighNote, le label Fedora basé à Fresno (Californie) a contribué à faire connaître à la fin du siècle dernier plusieurs figures méconnues du Blues parmi lesquelles Bennie SMITH, Hosea Hargrove, Fillmore Slim, Hosea Leavy ou Iceman Robinson.

Avec ce CD dont le titre a tous les atouts pour devenir une maxime de référence, Dave RILEY (homonyme du bassiste de Big Black) fait ses premiers pas en studio. Originaire de Hattiesburg, l’un des fiefs du KKK, Dave voit le jour en 1949. Suite au départ de ses parents établis à Chicago pour s’occuper d’une congrégation, il est confié avec ses frères et sœurs à ses grands-parents, modestes fermiers vivant de la récolte du coton. Il se lance dans l’apprentissage de la guitare à neuf ans et rejoint ses parents à Chicago deux ans plus tard. Pendant quatre ans, sous la férule d’un père autoritaire, il fait ses gammes au sein des Riley Singers, une troupe familiale chantant les louanges au Seigneur dans laquelle figure l’un de ses oncles. Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires, Dave est appelé comme des milliers d’autres sous la bannière de l’Oncle Sam pour un fantastique voyage au Vietnam.
A sa démobilisation, Dave se marie, devient l’heureux géniteur d’un garçon et embrasse la profession de gardien de prison, métier qui recrute à tour de bras. Quand il ne surveille pas les taulards de Chicago, il chante en compagnie de sa femme Tanja au sein des Mighty Gospel Wonders, enregistrant un single pour Summit Records. Entre son séjour au bord du Mékong et deux décennies de maton, le guitariste est tombé sous le charme pervers de l’alcool et de la poudre, addictions dont il se soigne définitivement à la fin des eighties.

Après avoir œuvré pendant 25 ans dans les couloirs du pénitencier de Joliet *, Dave prend sa retraite. Suite à une visite dans sa famille à Helena, dans le Montana, un cousin lui fait rencontrer l’harmoniciste guitariste Frank FROST qui le prend sous son aile. L’ancien chanteur de Gospel incorpore l’ensemble en compagnie de Sam Carr. En 1997, Dave tout en accompagnant Frank Frost, décide de monter son propre groupe en compagnie de son rejeton Dave Jr. qu’il a formé à la basse. Suite au décès de Frost en 1999, victime d’une crise cardiaque, Dave décide d’accentuer ses productions en compagnie de son fils, du fidèle Sam Carr et de l’harmoniciste John Weston, un habitué de la scène Blues d’Helena.

A l’orée du nouveau millénaire, les auspices s’annoncent radieux pour Dave Riley. A l‘instigation de Fred James (présent à la production et à la basse), il enregistre au sein des Delta Jukes l'album Working For The Blues, en hommage à Frank Frost. Le guitariste vient en Europe pour la première fois, se produisant au Lucerne Blues Festival, enchaîne au King Biscuit Festival d’Helena.

Enregistré en deux sessions le 2 mai 2001 au Lip Studio à Oxford, la pochette est illustrée par une photo en noir et blanc de Dave Riley et de l’inoxydable batteur Sam Carr au Lip Studio, une couvrante qui fait le pont avec les anciens juke-joints d’antan. Chris Millar, récent producteur de JJ MALONE, d’Harmonica Slim et d’Arthur Williams, apporte sa science d’une sonorité à l’ancienne, bien cradingue, renforcée par la présence aux consoles de Tom Queyja, ingé-son ayant sévi auprès des groupes The Cooters, Ingram Hill ou du chanteur Josh Kelley.

Si l’album débute par une reprise, c’est par sa plume que Riley étonne le plus avec pas moins de sept originaux. "There She Comes" contient tous les ingrédients convergeant du Delta aux ghettos de Chicago. La basse ultra-renforcée, l’harmonica en arrière-plan, les baguettes dans le plus pur style des formules trio tissent un écrin dramatique dans lequel la guitare s’engouffre sans coup férir.
Avec "Whiskey, Money & Women" qui donne son nom à l’album, on entre directement dans une combinaison de Boogie et de Blues, à l’image du répertoire de Frank Frost. Interprété en solo, "Tribute" distille une guitare hyper saturée, mais le guitariste prend soin de citer plusieurs guitaristes qui l’ont marqué (Elmore JAMES, Freddie KING et Wes MONTGOMERY). "Down South" reprend l’une des formules du Mississippi Blues, un harmonica plein de sobriété, une rythmique avec une basse bien lourde, une batterie qui se contente de marquer le rythme et une guitare qui navigue entre shuffle et envolées à la Elmore James. Sur "I Want To Thank You Baby", les influences de Jimmy Reed et HOWLIN’ WOLF sont clairement palpables. Derrière un tempo hypnotique, la guitare parvient à nous embrouiller l’esprit, telle une flasque de gnole de contrebande. Changement de cap avec "My Baby’s Gone", un shuffle oscillant entre un Swamp rural à la Clarence EDWARDS et du Delta Blues éléctrique entre RL Burnside et Big Jack Johnson. Les amateurs de guitares saturées sont comblés avec "Casino Blues", un Boogie brut de décoffrage qui va à l’essentiel.

Quatre reprises viennent agrémenter l’album. D’entrée, "Call My Job" s’avère nettement moins humoristique que l’original de Detroit Junior, en parallèle le groove de la version d’Albert KING disparaît quasi totalement pour laisser place à une basse menaçante manquant de subtilité mais, malgré ces imperfections, on se laisse prendre par le rythme répétitif et le jeu de guitare.
Certainement inspiré par le "Moon Going Down" de Charlie Patton et "Low Down Mississippi Bottom Man" de Freddie Spruell, "Smokestack Lightning" allait devenir un bestseller pour HOWLIN’ WOLF (alias Chester Burnett) avant de faire le bonheur de nombreux groupes anglais. Si la basse demeure toujours aussi lourde, Dave Riley parvient à nous hypnotiser avec un chant prenant. Tel un conte de fée raconté aux enfants, c’est à peine si on ne se met pas à rêver en écoutant certains passages : Whoa, smokestack lightnin' - Why don't you hear me cryin’ ? - A-whoo-hoo, a-whoo-hoo, whoo – I’m the back door man, Riley combinant la chanson avec certains passages de l’inquiétant "Back Door Man" de Willie Dixon.
La guitare prend une orientation plus cotonneuse avec "Angel Of Mercy", compo du tandem Homer Banks/ Raymond Jackson, popularisée par Albert KING. Si le jeu de guitare s’ancre résolument vers un Slow Blues comme seul le Delta en diffuse, le manque de souplesse de la basse ne fait pas oublier le groove de la version originale ni celles d’Albert COLLINS et de Little Milton.
Dernier emprunt en guise de clôture avec "Imagine" hit de John LENNON. A l’heure où notre pays vient de connaître plusieurs meurtres d’adolescents et que les sorties d’école s’apparenteraient à une traversée de la jungle, Dave Riley introduit un long monologue dans lequel il s’exprime sur la violence en milieu scolaire. Si l’intention reste louable, le morceau nous semble toutefois hors-sujet avec le ton général de l’album.

Si plus de la moitié des titres révèlent le talent d’un guitariste chanteur authentique, l’autre moitié souffre de la présence d’une basse trop stéréotypée manquant de rondeur et de souplesse, Dave Jr ayant fait ses gammes dans le Hip Hop. D’autre part, certaines plages laissent à penser que les titres n’ont guère été répétés, les séances studio étant probablement trop dispendieuses pour Fedora, ce petit bémol permet néanmoins d’entendre une résonnance brute de décoffrage bien éloignée des productions contemporaines souvent trop lisses ou pleine d’esbrouffe.


*Ce pénitencier apparaît dans les deux films des Blues Brothers et dans la série télé Prison Break.

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   LE KINGBEE

 
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- Dave Riley (chant, guitare)
- Dave Riley Jr. (basse)
- Sam Carr (batterie)
- John Weston (harmonica)


1. Call My Job
2. There She Comes
3. Whiskey, Money & Women
4. Tribute
5. Down South
6. Smokestack Lightning
7. Angel Of Mercy
8. I Want To Thank You Baby
9. My Baby's Gone



             



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