Bruits Et Temps Analogues est le second projet musical de Patrick VIAN après son groupe RED NOISE ayant publié le fameux Sarcelles-Lochères en 1971 chez le non moins fameux label Futura Records, spécialisé en jazz. Il y eut donc un hiatus de six ans entre le split de RED NOISE et la publication de cet unique album solo chez le label Barclay et plus précisément sa filiale Egg, spécialisée dans les musiques progressives.

Bruits Et Temps Analogues est un album en grande partie électronique, plutôt rythmique et séquencé, et très peu mélodique. Il est caractérisé par des entrecroisements de nappes, de séquences et d’éléments acoustiques, partageant avec HELDON un mélange d’électronique libre, de guitares et de percussions, mais restant cependant bien plus sage, loin des flambées furieuses de Richard PINHAS. Nous trouvons de très belles tourneries hypnotiques, tantôt groovy comme "Sphère" ou "R&B Degenerit!", tantôt tribales comme "Oreknock", tantôt abstraites comme "Tunnel 4, Red Noise".

Les percussions sont joliment mises à contribution sur cet album, du vibraphone et de la ligne de batterie jazzée de l’excellent introductif "Sphère" à la rythmique plus éparse de "Barong Rouge", en passant par le leitmotiv de synthétiseur doublé au marimba de "Oreknock" qui n’est pas sans évoquer le travail de François Auger chez HELDON, justement. Les guitares ne sont guère impressionnantes, s’illustrant avant tout sur "Sphère".

Le reste de l’album est exclusivement synthétique et davantage improvisé. Si "Grosse Nacth Musik", "Old Vienna" sont sympathiques et agréables sans casser des briques, nous pouvons en revanche nous régaler de "Tunnel 4, Red Noise", très bel exemple d’utilisation des séquenceurs, dans une construction musicale des plus réussies. L’humour potache de RED NOISE plane toujours, avec le laisser-aller général qui émane de l’album, mais aussi le piano foutraque de "Bad Blue" et la conclusion bouffonne "Tricentennial Drag", véritable sketch sonore.

Curieusement, les numéros impairs s’avèrent ici tous plus marquants que les numéros pairs, qui passent alors presque comme des transitions. Bruits Et Temps Analogues est donc un tantinet anecdotique face à des groupes plus imposants (à tout hasard, HELDON), mais Patrick VIAN parvient à bien cadrer la part d’aléatoire de sa musique, tout le contraire de FLAMEN DIALIS par exemple.