Christian CHEVALLIER, né le 12 juillet 1930 à Angers et décédé le 14 septembre 2008, était un pianiste de jazz et arrangeur très actif dans la variété française. Vers les années 1950, il a composé et orchestré deux albums sons son nom, ainsi que quelques musiques de film. Christian CHEVALLIER apparut également sur quelques albums de Library Music au début des années 1970. Un sacré CV.
En 1979, Christian CHEVALLIER opère un virage à 270° en s'attelant aux synthétiseurs avec l’album Atmosphère, premier de la collection Flash Resonance, la section d’illustration musicale du label Charles Talar Records, que rejoindront Alain POINSOT, Michel GONET et Pierre DUTOUR, transfuges de Tele Music et Mondiophone. Autant d’albums partagés entre influence jazz et ambiances douces et belles.

Atmosphère est un nouveau souffle artistique pour Christian CHEVALLIER. Et quel souffle ! Le voilà qui livre en quelques albums une approche singulière de la musique électronique. Dès le titre d’ouverture, "Sea Bird Fly", le ton est donné : mélodies et son limpides comme l’eau claire, et surtout une musicalité de dingue. Cette suite d’accords, cette séquence pentatonique, cette mélodie, c’est d’une douceur et d’une justesse musicale qui vont droit au cœur, de ces rares mélopées qui m’arrachent une larme.
Quelques morceaux du genre, tout aussi splendides, parsèment l’album. "Eagle Race" oppose une mélodie lâche et un canevas ternaire complexe. Les deux mélodies qui se répondent et les larmes de piano électrique de "Royal Place In Brussels" sont un enchantement. L’album est conclu par l’étonnant "Sea Cathedral", fait de nappes d’orgue électronique sur fond de bruits de vague.

Christian CHEVALLIER se révèle tout aussi habile sur les plages (hahaha) non mélodiques. Des pistes d’ambiance assez statiques, mais d’une belle profondeur sonore. "Neptune Grot" semble figurer des chants de baleine et un sonar. "Comet In The Sky" nous donne à entendre le chant des sirènes ou les oiseaux marins, c’est selon. "Depth Flower" ("Fleur des profondeurs") est une plongée en apnée vers le plancher océanique. Sa suite directe "Wreckage" ("épave") est inquiétante, presque sinistre, les sons abyssaux s’y font grinçants. Il y a bien de temps à autres quelques leads, mais lâches, ténus, sans vraie ligne mélodique.

Trois morceaux empêchent toutefois cet album d’atteindre la canopée de la musique électronique. "Ondine" recycle les nappes et la séquence cristalline d’"Eagle Race" pour leur appliquer une mélodie différente, également improvisée. Ce morceau, pourtant de qualité, fait tache de par cet effet doublon. Enfin, deux ballades romantiques ternaires ponctuent la face B. La mélodie introductive au piano de "Some Sweet Whispering" fait peur. Cela ressemble fort à de la variétoche (cette transposition fonale du refrain), même si Christian CHEVALLIER n’oublie pas de rester original. "December" est une sorte de valse en apesanteur, là encore commençant fort mal, ressemblant à du mauvais Joël FAJERMAN, mais sauvé par le développement.

Atmosphère n’en reste pas moins un très bon album qui ne fait qu’en appeler d’autres encore meilleurs. Des titres comme "Sea Bird Fly" et "Royal Place In Brussels" sont des musts absolus de la Library Music. Ite Missa Est.