Pour Alecia Beth Moore, plus connue sous son pseudo PINK, une petite pause s’impose depuis la sortie de son dernier disque en 2019. Cette pause, elle veut la consacrer à sa famille et ça tombe plutôt bien vu la pandémie mondiale, pourtant ça n’empêche pas la chanteuse de rester active : le superbe morceau "Cover Me In Sunshine" en 2021 qu’elle chante avec sa fille Willow âgée de 10 ans, un duo avec l’anglais Rag’n’Bone MAN, un documentaire sur sa vie et Trusfall, son neuvième album annoncé pour début 2023… c’est à se demander quand PINK a trouvé le temps de se reposer.

Il faut dire que l’énergie n’a jamais semblé manquer à PINK, même si on s’éloigne carrément de la R&B-pop de ses débuts pour amorcer un virage plus dance bien sûr ! On est en 2023 ou bien ? On est en plein dedans sur les singles de l’album comme par exemple le morceau éponyme "Trustfall" tellement plein de synthés et de batterie limite europop, voire EDM qu’on en oublie le fond de la chanson.

"Runaway" et son côté disco-dance à la Flashdance (difficile de ne pas penser à "Maniac" avec cette batterie frénétique), mais aussi "Never Gonna Not Dance Again", single produit par Max Martin, évidemment que la vibe est enjouée, upbeat, too much tout simplement… C’est la folie niveau orchestration, less is more ce sera pour un autre titre peut-être. C’est vibrant, bien sûr, mais il y a un truc qui ne croche définitivement pas pour moi, pourtant je suis loin de dire que PINK chante mal.

Au contraire, justement, PINK a des capacités vocales tellement puissantes qu’elle est forcément bonne partout, à l’image d’une Gwen STEFANI par exemple qui a le pouvoir de devenir rapidement casse-bonbon à force de s’époumoner en vocalises. Il faut le style qui va avec la voix même si c’est forcément commercialement bon de surfer sur les tendances du moment… D’après moi, la voix rauque et voilée de PINK promettait de plus beaux résultats sur les productions groovy de ses débuts qui mélangeaient subtilement le R&B, la pop et un petit côté rock.

Cela donne sur cet opus pas mal de chansons plutôt moyennes : la ballade au piano "Our Song", "Turbulence" et "Feel Something" plus atmosphériques, "Last Call", "Kids In Love", "Hate Me"… C’est pas totalement mauvais, mais il manque ce petit je-ne-sais-quoi, alors que pour le moment j’ai simplement envie de passer à quelque chose de mieux tellement ça me paraît lambda, trop lambda pour la talentueuse PINK.

Heureusement, il y a quand même des bonnes chansons, comme les deux ballades pleines d’émotions "Long Way To Go" et "Just Say I’m Sorry" où la chanteuse nous montre l’étendue de ses vocalises, la sublime "Lost Cause" sur laquelle sa voix est plus feutrée et le single "When I Get There" dédié à son père décédé d’un cancer. Même si elles ne révolutionnent pas la discographie de PINK, c’est irrévocablement quand elle chante avec ses tripes qu’elle excelle du début à la fin.

Evidemment, Trustfall va trouver sa part de fans mais de mon côté c’est plutôt mitigé. C’est PINK à 100% mais le résultat de tous ces sons aseptisés est une musique qui manque un peu d’âme, celle d’une chanteuse un peu rebelle qui n’a jamais craint d’être en marge… Dommage, ce sera un tout petit, mini 3.