Déjà célèbre depuis les années 90 en tant que frontwoman ultra-charismatique du groupe de ska-rock NO DOUBT, Gwen STEFANI décide d’entreprendre une carrière solo en 2004 alors que le groupe se sépare. Cette décision donne naissance à Love. Angel. Music. Baby. ou L.A.M.B. qui n’est pas seulement le nom de son album mais aussi de sa marque de vêtements. Il faut dire que c’est la grande époque où les artistes se mettent à sortir des lignes de fringues comme un boulanger avec ses petits pains (P. DIDDY bien sûr avec Sean John, mais aussi BEYONCE et House Of Deréon ou Avril LAVIGNE et Abbey Dawn).

Gwen se pointe donc en solo, en fashionista avant-gardiste, pour nous faire découvrir un univers musical exubérant et éclectique, à l’image de sa marque. Mais la chanteuse n’est pas seule puisqu’elle est accompagnée de ses Dolls japonaises qui ajoutent à l’esthétique, mais sont parfois perçues comme un instrument d’appropriation culturelle, alors concentrons-nous un peu sur la musique : L.A.M.B. sera électropop ou ne sera pas, tout simplement. La moitié des douze titres sortent en singles, le premier "What You Waiting For?", dont l’intro au piano tout doux ne laisse pas vraiment présager la frénésie de tic-toc du beat ultra énergique mais qui annonce cependant bien la couleur du projet avec cette question existentielle que la chanteuse se pose (Your moment will run out ‘cause of your sex chromosome/I know it’s so messed up how our society all thinks/Life is short, you’re capable).

La blonde fait appel à sa copine rappeuse EVE avec qui elle avait collaboré quelques années auparavant sur le titre "Let Me Blow Ya Mind". Les deux chanteuses nous invitent à rêver en grand sur "Rich Girl", une chanson aux sonorités ragga produite par Dr. DRE, qui donne l’occasion parfaite à EVE de faire la pub de sa marque Fetish. Après tout, les affaires sont les affaires, non ? Enfin, dans la trilogie des singles entrés dans la culture pop, je demande "Hollaback Girl" et son beat hip-hop produit par The NEPTUNES, avec un Pharrell WILLIAMS en pleine apogée. La section de cuivres entraînants en mode marching band fonctionne bien pour rythmer cet hymne anti-haters, même si certains diront que la chanson est un brin too much, ils pourront toujours l’utiliser comme une piqûre de rappel quant à l’orthographe anglaise du mot banane.

Gwen nous emmène sur une synth-pop aux inspirations très 80’s avec quelques chansons d’amour qui bougent plutôt bien : "Serious", le single "Crash" ou l’audacieuse "Bubble Pop Electric" produite et chantée avec André 3000 de OUTKAST sous le pseudonyme de Johnny Vulture. Aussi chaotique que les premiers instants amoureux, l’instru électronique fait des étincelles et crée un ensemble futuriste, sensuel, peut-être un peu étrange pour l’époque, mais c’est une véritable bouffée d’air frais dans un monde musical qui se prend parfois un peu trop au sérieux.

Le tempo ralentit lors des ballades "The Real Thing", "Luxurious" au sample des ISLEY BROTHERS, ou encore du single "Cool" bourré de synthés qui franchement me donnent mal au crâne, alors que ça se veut une petite pause dans l’effervescence des autres chansons, dommage. Le buzz reprend cependant au moment des titres plus rythmés comme "Danger Zone", "Long Way To Go", interprété avec André 3000, pour dénoncer le racisme subi par les couples bi-raciaux (Beauty is beauty, whether it’s black or white/Yellow or green, baby, you know what I mean/What if Picasso only used one color?) sur un très joli piano ou sur "Harajuku Girls", une célébration très fun du melting-pot de la mode kawaii japonaise (Your look is so distinctive, like DNA/Like nothing I’ve ever seen in the USA/Your underground culture, visual grammar/The language of your clothing is something to encounter).

Vous l’avez compris, Gwen STEFANI ne fait pas dans la demi-mesure pour cette entrée en matière solo. "Hollaback Girl" est même devenu un phénomène culturel, atteignant la première place du Billboard Hot 100. L.A.M.B. est excentrique, comme la personnalité vibrante de la chanteuse, mémorable grâce à son style unique et à une véritable explosion de pop qui donne envie de danser tout simplement. Le pari est tenu.