Fondateur en 1975 du label Disques Ibach (en fait une scission du Catalogue Ibach du label Carrère), spécialisé en musique de variété à petit budget, le producteur Humbert Petruci a voulu tenter sa chance dans le mouvement Disco alors à son apogée, en convoquant des musiciens de studio, parmi lesquels Youssif Chemouny, principal compositeur du projet. Il y eut d’abord un single, Baby Moon/Cyprus, en 1976, sous le nom de vrai-faux groupe O.K. Lem, puis l’album Cosmos N°1 l’année suivante. La pochette respire le kitsch abyssal de l’époque − le lettrage, les couleurs, cette figurine reflétée sur une plaque métallique enroulée, ça ne trompe pas. Le moins que l’on puisse dire est que la musique est à l’avenant.

La production, tout d’abord, fait peine à entendre. La base guitare-basse-batterie est d’une faiblesse tout de même gênante pour de la Disco. Les synthétiseurs sont utilisés de manière sommaire (les leads et effets sonores) ou téléphonée (une nouvelle fois, les nappes à la JARRE de "Fly In The Night" et "Cristal N°3"), et sonnent de manière parfois très laide ("Safari Rock 2", "Cyprus", "Silver Moon"). Suivant les morceaux, nous avons droit à diverses combinaisons de chœurs, cuivres ou cordes (tous les morceaux signés Mathias Camison, cf. line-up), du piano, parfois une prépondérance des guitares ("Safari Rock"); les instrumentations s’enchaînent sans aucune espèce de cohérence.
Fraise Tagada sur le gâteau Savane, plusieurs morceaux de l’album sont des recyclages de projets antérieurs, ce que trahissait la disparité des crédits et des instrumentations. Les deux versions de "Safari Rock" sont tout droit sorties du single éponyme de 1975, publié sous le nom The Rocketters (qui deviendra The ROCKETS, mais ceci est une autre histoire). En revanche, ça ne me semble pas être le cas du diptyque "It’s America". Nous retrouvons également "Baby Moon" et "Cyprus" du single de 1976, qui d’ailleurs partagent la même base rythmique poussive.

Question composition, ce n’est guère mieux. Le morceau-titre n’est qu’un plagiat du thème du générique de la série Cosmos 1999 (1975)*, ce qui bien évidemment le disqualifie d’office. "Fly In The Night", "Cristal N°3", "Baby Moon" sont des compositions électroniques correctes mais pauvrettes et ne faisant pas le poids devant n’importe quel morceau de SPACE ART ou SPACE. "Cyprus" est franchement médiocre, limite agaçant. "Safari Rock" est un rock’n’roll des plus clichesques. Seul "It’s America" mérite un tant soit peu l’attribut Disco, et encore ce n’est guère original, n’arrivant pas à la cheville de Giorgio MORODER ou VOYAGE, sans même parler des paroles totalement débilitantes.
Il reste trois morceaux. Et là, nous basculons dans l’horreur la plus totale. "Interlude" (lequel voit la participation du vieux de la vieille Pierre Sakalakis), "Daddy Music" et "Silver Moon" sont trois ballades tout simplement ignobles, donnant à notre grand dam un aperçu de ce que la variété française peut ch… pondre de pire.

Voilà tout simplement la lie de la musique Disco en France. Cosmos N°1 est un projet monté de bric et de broc, limite bâclé, très caractéristique des catalogues d’Easy Listening déversant des monceaux de disques bas de gamme dans les bacs de solde.

*https://francemusik.blogspot.com/2009/11/moon-birds-cosmos-n1-1977.html